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Pensez-vous, comme Philippe LABRO, "qu'une manière d'écrire et de lire s'imprime parfois plus profondément en vous que l'image" ?

Publié le 06/06/2009

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Plan adopté dans la discussion 1. Le temps immédiat a) Le feu de l'action b) La loi du scoop II. Le temps long a) Quantité et qualité b) Le suivi III. Orgueil et démesure a) Limites de l'information b) L'histoire immédiate n'existe pas Discussion rédigée Le règne de la télévision fait que de plus en plus de journaux écrits, aujourd'hui, ont du mal à subsister. Or, selon Philippe Labro, la presse écrite « seule peut prendre et donner du recul à l'histoire immédiate qui se fait au jour le jour «. Alors que l'image, et plus généralement les autres médias, seraient pris dans l'actualité, sans parvenir à s'en dégager, la presse permettrait d'avoir une vision plus globale des choses, et mènerait donc à une plus grande compréhension de notre présent. Nous verrons que si, en effet, la télévision ou la radio fonctionnent sur un temps court, ou immédiat, la presse a le recul d'un temps long. Pour autant, cela lui permet-il vraiment d'analyser « l'histoire immédiate « ?

« guerres, sans prendre jamais le temps de souffler, et de réfléchir.

Les images des étudiants chinois en grève ontému le monde en juin 1989 ; mais dès l'automne, l'actualité s'était déplacée vers les pays de l'Est, pour seconcentrer en décembre sur la Roumanie.

L'histoire n'avait pourtant pas cessé en Chine ! Or seule la presse a lesmoyens d'assurer un suivi de l'information, c'est-à-dire de se demander un mois après ce que sont devenus cesétudiants, de revenir sur les événements avec des informations supplémentaires, dont ni elle ni les autres médias nedisposaient initialement.

Elle permet donc de mieux comprendre les causes, en resituant dans le temps et dansl'espace, mais aussi de mieux apprécier les conséquences.

La mort du maréchal Kim-Il-Sung, le « Grand Leader » deCorée du Nord, vient de braquer les projecteurs des médias sur ce pays ; mais, depuis plusieurs mois, uncontentieux important l'opposait à l'O.N.U., qui le soupçonnait de fabriquer une bombe atomique.

Seule la pressepeut en parler vraiment.

Et seule la presse en parlera dans un ou deux mois, analysant les réactions du nouveaudirigeant, Kim-Jong Il, fils du précédent...Parce qu'elle prend donc le temps de faire son travail, la presse est mieux à même d'éclairer son lecteur que lesautres médias.

De là à lui permettre de comprendre 1'« histoire immédiate », il y a pourtant un pas difficile àfranchir. *** On sait tout d'abord que les médias n'ont pas un contrôle total de l'information.

Les secrets d'État existent, aussibien pendant la guerre du Golfe, où l'information était d'abord filtrée par les militaires, qui fournissaient d'ailleurs lesimages...

que dans des périodes moins troublées.

Saura-t-on jamais qui a assassiné le président Kennedy ? Autantd'événements sur lesquels le trouble restera sans doute, au moins jusqu'à la mort de tous les protagonistes, sinon àjamais.

L'information est donc limitée, du fait des instances de pouvoir, ou parfois du fait de la presse elle-même, quis'auto-censure.

On se souvient peut-être que la colère d'un journaliste d'une chaîne publique, pendant la guerre duGolfe, avait presque fait scandale : il avait osé dire qu'il ne savait rien, parce que les informations étaient retenuespar les militaires ! Enfin, les dangers que nous relevions à propos des médias audiovisuels, du fait de la rapidité deleur information, peuvent aussi atteindre la presse écrite : une bonne mise en scène, un charnier macabre monté detoutes pièces en Roumanie, trompent tout le monde.

La manipulation n'épargne personne, et la presse ne permetalors pas plus que les autres modes d'information de comprendre, ou d'analyser.En fait, c'est la notion même d'« histoire immédiate » qui est à remettre en cause.

Certes, la presse joue sur letemps long, quand les autres médias jouent sur la vitesse.

Mais ce temps long, c'est-à-dire de quelques jours,quelques mois, quelques années tout au plus, n'est rien en comparaison du temps historique.

L'histoire du présentest en train de se faire, mais elle ne pourra devenir historique, c'est-à-dire objet d'étude, avec un nombre suffisantde documents fiables, que tardivement.

Les archives du K.G.B.

viennent de s'ouvrir – encore ignore-t-on si lesRusses n'en ont pas conservé une part importante : les découvertes s'accumulent donc, sur un certain nombre depoints obscurs de la Deuxième Guerre mondiale, terminée il y a près de 50 ans ! On connaît seulement maintenantles raisons et le déroulement exact de l'assassinat de Trotski ! C'est dire que la mesure historique n'est pas celle dela presse écrite, puisqu'un demi-siècle est nécessaire pour que s'éclairent ces faits.

Aussi, ce qui se passeaujourd'hui ne sera-t-il sans doute vraiment connu qu'environ en 2044, si nous sommes encore là pour en prendreconnaissance. *** Si l'on compare la presse écrite et les autres médias d'information, il est certain que la première permet unecompréhension beaucoup plus globale des choses, parce qu'elle fonctionne sur un temps différé et non immédiat.

Enrevanche, lui donner un rôle historique semble assez abusif : histoire et actualité sont cousines, mais non soeurs, etsi la presse servira certainement de document aux historiens, c'est avec le même recul que celui que prennentaujourd'hui les journalistes de presse écrite avec l'événement brut.. »

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