Pense-t-on bien quand on veut avoir raison à tout prix?

« notre désir de ne pas nous tromper, car sinon on enfreint la méthode qui mène à la vérité.

Ici le prix à payer pourêtre certain d'avoir raison est le sacrifice de la vérité elle-même.

On peut toutefois se demander si l'on peut faireune confiance aveugle dans le pouvoir de notre raison.

La raison n'est-elle pas elle-même à incriminer dans ce désird'avoir raison à tout prix. En se sens on pourrait examiner si celui qui raisonne le mieux n'est pas celui qui connaît et reconnaît les limites dupouvoir du raisonnement en matière de vérité.

En ce sens, ce ne serait pas que les opinions, les préjugés, et notredésir de pouvoir qui seraient à l'origine de ce désir irrationnel de rendre raison de tout et toujours.

La raison n'est-elle pas en partie la cause de ce désir irrationnel de raison.

N'est-ce pas elle qui veut tout expliquer, en voulantédifier un savoir absolu.

La raison doit opérer une forme de critique vis-à-vis d'elle-même en regardant de prèsl'étendue de ses pouvoirs et de ses forces.

Car, en effet, la raison a elle même ses faiblesses, en ce que parexemple elle est incapable de démontrer les règles qu'elle utilise dans ses démonstrations.

Ces connaissances luidonnent alors quand elle y réfléchit un goût d'inachevé qui la rend insatisfaite.

Celui qui pense que la raison atoujours raison peut-il bien raisonner ? Il y aurait alors un risque à faire une confiance aveugle à la raison en ladéifiant.

Substituer nos opinions, nos croyances en la croyance à la toute puissance de raison n'est pas trèsraisonnable.

N'y à t'il pas un risque de démesure consistant à croire que l'homme pourrait à tout prix avoir raison, enrendant raison de tout? N'y a-t-il pas une forme d'orgueil de la raison lorsque l'on pense qu'elle pourrait venir à boutde toutes les questions me que 'homme se pose.

Il est des questions sur lesquelles elle n'a pas plus de légitimité quecertaines opinions, en ce qui concerne la mort, Dieu, ou l'immortalite de l'âme.

Donc, on peut se demander si le vraiconcept de raison n'implique pas l'idée que la raison n'est pas tout et qu'elle doit laisser la place à ce qu'elle ne peutpas connaître.

En se sens, bien raisonner consisterait à utiliser sa raison de manière critique, en acceptant qu'ellene puisse pas tout connaître.

Ainsi, ce désir, consistant à vouloir avoir raison à tout prix y compris au prix d'unusage irrationnel de la raison ne serait absolument pas un gage de bon raisonnement.

Pour bien raisonner il faudraitplutôt faire un usage raisonnable de la raison.

Et c'est par sa capacité d'autolimitation que la raison est capable demieux d'accéder au vrai, en mettant entre parenthèse son désir infini savoir, c'est-à-dire sa libido-sciendi. Donc pour bien raisonner il ne faut donc pas commencer par chercher à avoir raison, c'est-à-dire qu'il fautsuspendre à la fois ses préjugés et son désir immodéré de savoir.

La passion du savoir bien que pouvant être unmoteur dans notre recherche de la vérité peut s'avérer être un obstacle tout aussi redoutable que nos opinions,désirs ou préjugés.

Ce n'est donc pas à n'importe quel .prix que nous pouvons bien raisonner.

Le coût de cetteexigence se trouve tant du côté subjectif sur le plan de notre amour propre individuel, que du côté de la raison elle-même qui à tendance à survaloriser ses propres pouvoirs.. »