Paul Eluard, si « les poètes parlent pour tous ».

« 33 • Inspiration / 175 Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré.

Paul Eluard ► Paul Éluard n 895-1952) semblait tenir tout particu­ lièrement à cette formule puisqu'elle apparaît en plu­ sieurs endroits de son œuvre.

Elle figure une première fois à la fin d'un petit texte en prose situé au début de Ralentir travaux(1930), ouvrage écrit en collaboration avec André Breton et René Char.

Ce texte est signé Paul Éluard.

On la retrouve dans une conférence pro­ noncée à Londres en 1936 et publiée sous le titre L 'Évi­ dence poétique (1937).

La même année, Éluard la reprend une nouvelle fois dans A venir de la poésie sous la forme d'une maxime· isolée.

Elle est explicitée ainsi dans L 'Évidence poétique:.

« Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui estinspiré.

Les poèmes ont toujours de grandes mar­ ges blanches, de grandes marges de silence où la mémoire ardente se consume pour recréer un délire sans passé.

Leur principale qualité est non pas, je le répète, d'invoquer, mais d'inspirer.

Tant de poèmes d'.amour sans objet réuniront, un beau jour, des amants.

On rêve sur un poème comme on rêve sur un être.

La compréhension, comme le désir, comme la haine, est faite de rapports entre la chose à comprendre .

et les autres, comprises ou incomprises.

» Ce commentaire del' auteur, notamment les propos sur les« marges blanches»; les« marges du silence», mon­ tre que cette belle· formule se rattache à l'idée que le lec­ teur doit participer à la création de l'œuvre.

Il n'est pas le simple consommateur d'un.

produit achevé.

Le poème reste suffisamment elliptique, ouvert, pour. »