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Passion et religion

Publié le 28/03/2015

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Son exécution sur l'ordre de Ponce Pilate, préfet romain de Judée, est par ailleurs attestée, en dehors des écritures chrétiennes, par Flavius Josèphe et Tacite notamment.

 

poussés à témoigner du message de libération qui leur avait été adressé par celui qu'ils avaient côtoyé en y étant, de son vivant, partiellement aveugles, dans un élan universaliste sans précédent, stimulé notamment par l'apôtre Paul de façon très précoce (dès 40).

 

D'une étonnante sobriété, ils ne s'apitoient pas sur les souffrances du supplicié mais se font l'écho de l'agonie (de agôn, le combat) qui débute au Jardin des Oliviers.

 

Sa crucifixion entre, en ce qui concerne la politique romaine, dans la logique de l'écrasement préventif des émeutes à travers la mise à mort de leurs chefs.

 

«Le voile du Temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas« écrit Marc (15, 38), symbole de la plénitude de la vérité dévoilée, que venait de révéler parfaitement ce «Fils de l'Homme« (8) venu de Dieu.

 

Ayant jusqu'au bout maintenu l'intensité de son royaume intérieur de nature spirituelle, il avait «vaincu le monde«, c'est-à-dire l'ordre empirique des puissances d'écrasement qu'il n'avait pas voulu fuir mais transcender par l'esprit en leur faisant face librement, ce qui revenait empiriquement à s'y livrer.

 

Pour lui, qui est dans la mouvance pharisienne (10) qui avait émancipé le culte du Temple, en prêchant dans d'innombrables synagogues, il suffit d'adorer Dieu en esprit et en vérité.

 

Matthieu lui fait aussi citer le prophète Osée (6,6) : «C'est la miséricorde que je veux et non le sacrifice«.

 

D'un côté, Jésus fréquentait le Temple et enseignait sous ses colonnades à la manière des scribes de l'époque, mais, de l'autre, il se mettait à distance des prêtres, sans jamais participer aux sacrifices sanglants d'animaux, sacrifices de louange ou d'expiation.

 

Le parallèle avec les accusations contre Socrate est frappant.

 

Les soldats auxiliaires syriens ou samaritains, stationnés à la forteresse Antonia, se livraient alors à des parodies tournant en dérision le condamné : Jésus est déguisé en roi, avec un manteau pourpre (couleur royale mais aussi couleur d'un manteau de soldat), ceint d'une couronne d'épines et flanqué d'un roseau comme sceptre.

 

Les soldats emmènent ensuite le condamné, portant sa croix (plus précisément le patibulum, traverse de bois qui sera ensuite hissée sur le piquet fiché en terre) sur le lieu d'exécution.

 

Les évangiles synoptiques mentionnent qu'un passant, Simon de Cyrène, ville de Libye, fut réquisitionné pour porter la croix, étant donné l'épuisement du condamné.

 

Les croix furent érigées au lieu-dit Golgotha (le «crâne«, calvarius en latin).

 

Le lieu se situait hors les murs, selon l'usage d'exécuter et d'enterrer en dehors de la ville.

 

Selon Cicéron, ta crucifixion est «le plus cruel et le plus horrible des supplices« (In Verrem II, 5, 168s).

 

Totalement nu, l'homme a les avant-bras cloués sur la traverse de bois (et non les mains qui se seraient déchirées sous le poids du supplicié), puis l'ensemble est hissé sur le poteau de bois fiché en terre et les deux pieds sont cloués à leur tour, avec un seul clou traversant le calcanéum.

 

Si un croc en bois placé au milieu du piquet empêchait le corps de trop s'affaisser pour faire durer te supplice, il n'y avait pas de support pour les pieds.

 

Une fois ta croix dressée, les passants injuriaient le condamné, commentaient l'événement.

 

toi qui détruis le Temple et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, en descendant de la croix!

 

Les principaux sacrificateurs aussi, avec les scribes, se moquaient entre eux et disaient : Il a sauvé les autres et il ne peut se sauver lui-même!

 

Que le Christ, le roi d'Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous croyions!

 

A l'aide d'un roseau prolongé d'une éponge, les soldats voulurent par deux fois lui donner à boire (Mc 15, 23, 36) d'abord «un vin mêlé de myrrhe« ayant des vertus stupéfiantes (cela pouvait être aussi de l'hysope, narcotique que l'on avait coutume de donner aux suppliciés pour abréger leurs souffrances), puis de la posca, la boisson vinaigrée des soldats.

 

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« La passion ticularismes culturels et religieux, imposant un autel dédié à Zeus olym­ pien sur l'autel des holocaustes (2).

Les hassidim (les hommes pieux) résistèrent jusqu'au martyre.

C'est l'excès de la contradiction entre la justice des croyants et le bonheur inexplicable des pécheurs qui fit alors naître, dès le Il" siècle av.

J.-C., la foi en la Résurrection, dont on abandonne l'usage métapho­ rique utilisé jusque-là pour décrire la guérison d'un malade ou la res­ tauration d'Israël.

Le Dieu tout puissant et juste arrachera ses martyrs au shéol (le lieu des morts) pour leur donner une récompense qui ne finira pas, survie impliquant la résurrection des corps, l'anthropologie sémitique excluant tout dualisme de l'âme et du corps.

C'est dans le courant pharisien dont Jésus de Nazareth est très proche que se per­ pétua cette croyance en la résurrection.

Le christianisme est impensable sans cet héritage dont il provient en ligne directe, invitant à en retrouver les fondements pour en opérer un renouveau nécessaire, tout en subvertissant fondamentalement l'espé­ rance eschatologique (relative aux fins dernières).

L'essentiel de sa pro­ clamation est de dire en effet, contre la littérature apocalyptique foisonnante à l'époque - dont les rédacteurs des Evangiles parsèment encore leurs écrits -, que le Règne ou le Royaume de Dieu est là, « au milieu de nous ».

Les juifs appellent schékina cette présence de Dieu au cœur de l'homme.

C'est elle qui donne la vie.

C'est elle que l'on chasse en faisant le mal.

lequel est mortifère : voilà pourquoi on prend le deuil de soi lorsqu'on est pénitent.

Ce sont ces morts-là que le Kip­ pour (pardon divin) ressuscite.

Les récits de la Passion L'arrestation de Jésus de Nazareth, son jugement et sa crucifixion sont rapportés par les quatre évangiles.

Son exécution sur l'ordre de Ponce Pilate, préfet romain de Judée, est par ailleurs attestée, en dehors des écritures chrétiennes, par Flavius Josèphe et Tacite notamment.

Très tôt mis en forme, le récit de la Passion est l'ensemble littéraire le plus ancien de la tradition évangélique.

Il fut écrit à la lumière du récit d'Esaïe sur le Serviteur souffrant.

Il occupe une place proportionnelle­ ment considérable par rapport à l'ensemble narratif de la vie et de l'enseignement qu'a dispensé le rabbi de Nazareth.

Elaborés au sein des premières communautés chrétiennes, les évangiles attribués à Mat­ thieu, Marc, Luc et Jean sont la mise en récit de cet enseignement, de cette vie, du supplice qui l'acheva précocement et du sursaut qui saisit les disciples après la mort du Maître.

Le traumatisme provoqué en eux par la mise à mort violente de celui qu'ils avaient suivi sans vraiment comprendre le fond de ce qu'il voulait leur transmettre, fit surgir de façon inopinée une intelligence rétros­ pective de ce qu'ils avaient vécu en sa compagnie.

Ils furent dès lors - 180 -. »

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