Pascal: un hôpital de fous
Publié le 09/08/2014
Extrait du document
Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant, en procédant à son étude ordonnée:
« On ne s'imagine Platon et Aristote qu'avec de grandes robes de pédants. C'étaient des gens honnêtes et comme les autres, riant avec leurs amis : et quand ils se sont divertis à faire leurs Lois (1) et leur Politique (2), ils l'ont fait en se jouant. C'était la partie la moins philosophe et la moins sérieuse de leur vie. La plus philosophe était de vivre simplement et tranquillement.
S'ils ont écrit de politique, c'était comme pour régler un hôpital de fous. Et s'ils ont fait semblant d'en parler comme d'une grande chose, c'est qu'ils savaient que les fous à qui ils parlaient pensaient être rois et empereurs. Ils entraient dans leurs principes pour modérer leur folie au moins mal qu'il se pouvait. «
Texte que contredira totalement la philosophie des Lumières comme accès à la maturité (Kant). L'homme apparaît ici incapable de se transformer en profondeur, et les philosophes qui prétendent modifier ses conditions de vie flattent ce qu'il y a en lui de plus déréglé.
«
vivre simplement et tranquillement>>, d'être« honnête» et de« rire avec ses amis».
La philosophie (antique) privilégierait ainsi l'amitié et la dimension quotidienne
de l'existence sur les grands projets de réforme sociale (Les Lois) ou sur la réflexion
à propos des modes d'existence collective
(Le Politique).
-Dans les deux cas, la politique apparaît comme une dimension négligeable,
parce que
les hommes sont dans leur ensemble incapables d'être raisonnables.
La
réflexion politique travaille en effet dans un domaine:
• soit en défaut par rapport à la religion; • soit en excès par rapport à la petite collectivité antique dans laquelle il fait bon
vivre.
(On peut signaler, pour le premier cas, que la Cité de Dieu est toujours supérieure
à la cité terrestre -voir saint Augustin; pour
le second cas, que le sage épicurien
se refuse en effet à se mêler de politique.)
III.
PESSIMISME DU TEXTE
-Le texte de Pascal implique une vision pessimiste de l'humanité (hôpital de fous
incurables).
- Il sous-entend que la réputation des philosophes est elle-même déformée
par
l'importance que l'on croit devoir accorder à certains de leurs textes (deux
premières phrases).
Ainsi, qui
se préoccupe de politique en devient la première
victime (rappeler qu'une autre lecture de
Platon, consiste au contraire à penser que
sa réflexion politique constitue l'achèvement de sa philosophie -
le scandale
politique de la condamnation de
Socrate en ayant constitué le générateur initial).
- Les «fous» pensent être «rois et empereurs» -c'est-à-dire capables de se
diriger et de diriger
les affaires du monde.
La folie réside donc dans l'ignorance
des vraies déterminations agissant dans le monde et sur les hommes eux-mêmes.
Entrer dans les principes de la folie comme l'ont fait
Platon et Aristote, c'est
feindre de croire que
les hommes peuvent s'améliorer en modifiant les conditions
de leur existence collective.
CONCLUSION
Texte que contredira totalement la philosophie des Lumières comme accès à la
maturité (Kant).
L'homme apparaît ici incapable de se transformer en profondeur,
et les philosophes qui prétendent modifier ses conditions de
vie flattent ce qu'il
y a en lui de plus déréglé.
122.
»
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