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PASCAL: Raison humaine et instinct animal

Publié le 27/02/2008

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N'est-ce pas indignement traiter la raison de l'homme que de la mettre en parallèle avec l'instinct des animaux, puisqu'on en ôte la principale différence, qui consiste en ce que les effets du raisonnement augmentent sans cesse au lieu que l'instinct demeure toujours dans un état égal ? Les ruches des abeilles étaient aussi bien mesurées il y a mille ans qu'aujourd'hui, et chacune d'elles forme cet hexagone aussi exactement la première fois que la dernière. Il en est de même de tout ce que les animaux produisent par ce mouvement occulte!. La nature les instruit à mesure que la nécessité les presse ; mais cette science fragile se perd avec les besoins qu'ils en ont : comme ils la reçoivent sans étude, ils n'ont pas le bonheur de la conserver, et toutes les fois qu'elle leur est donnée, elle leur est nouvelle, puisque, la nature n'ayant pour objet que de maintenir les animaux dans un ordre de perfection bornée, elle leur inspire cette science nécessaire, toujours égale, de peur qu'ils ne tombent dans le dépérissement, et ne permet pas qu'ils y ajoutent, de peur qu'ils ne passent les limites qu'elle leur a prescrites. Il n'en est pas de même de l'homme, qui n'est produit que pour l'infinité. Il est dans l'ignorance au premier âge de sa vie, mais il s'instruit sans cesse dans son progrès : car il tire avantage non seulement de sa propre expérience, mais encore de celle de ses prédécesseurs, parce qu'il garde toujours dans sa mémoire les connaissances qu'il s'est une fois acquises, et que celles des anciens lui sont toujours présentes dans les livres qu'ils en ont laissés. Et comme il conserve ces connaissances, il peut aussi les augmenter facilement. Blaise PASCAL.

 Analyse du sujet : Un texte justement célèbre et très clair opposant avec force l'animal, entièrement soumis aux nécessités immuables de la Nature par l'instinct, et l'homme qui, au-delà de son animalité est aussi créature destinée à l'histoire et au progrès, donc être de culture, celle-ci ayant un caractère cumulatif.    Conseils pratiques : Analysez avec soin les différentes étapes du raisonnement de Pascal. Pour la 3e question, interrogez-vous sur le sens du mot rompre. Est-ce vraiment à une rupture que Pascal invite ? Utilisez vos connaissances sur la double nature de l'homme.    Bibliographie :  La Mettrie, L'homme-machine, Garnier-Flammarion.  Leibniz, Nouveaux Essais, Garnier-Flammarion.  K. LorEnz, Le Comportement animal et humain.  Pascal, Pensées, Gallimard.  

Ce texte de Pascal traite de la raison de l'homme et il la met en valeur, il en détermine les caractéristiques, en la comparant avec l'instinct des animaux.

Selon Pascal, l'homme peut facilement augmenter ses connaissances, et une différence essentielle entre la raison humaine et l'instinct animal est que "les effets du raisonnement augmentent sans cesse", alors que "l'instinct demeure toujours dans un état égal" .....

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« Ce texte de Pascal constitue une critique argumentée du parallèle que l'on pose parfois entre la raison humaineet l'instinct animal.

Mais l'objet essentiel du texte n'est pas là : il se trouve plutôt dans une affirmation du faitque l'homme est « produit pour l'infinité » ; cette idée est en effet l'idée marquante du texte, et la critiquequ'opère Pascal apparaît comme un prétexte pour pouvoir affirmer cette idée, qui est fondamentale pourl'ensemble de sa philosophie. Le texte se découpe donc en deux moments : le premier, qui va du début à « les limites qu'elle leur aprescrites », constitue un examen critique de la comparaison courante entre raison humaine et instinct animal.Le second moment, qui va de « Il n'en est pas de même de l'homme » à la fin du texte, apporte l'innovationnotionnelle du texte en dégageant le caractère d'infinité propre à l'humanité, en lien avec une analyse de laraison et de la connaissance. Il faudra expliquer le texte en portant un souci particulier aux questions centrales qu'il soulève et à laparticularité de certaines thèses qu'il défend, notamment celle qui défend l'idée d'un homme « produit pourl'infinité » : la raison humaine et l'instinct animal sont-ils de même nature ? Quelles sont les conditions duprogrès, et en quoi l'homme est-il le seul être capable, à proprement parler, de produire du progrès ? Qu'est-cequ'être responsable de la construction de notre connaissance ? Il faudra dégager avec un soin tout particulierle rapport de production active que l'homme entretient, grâce à sa raison et à sa faculté de mémoire, avec sesconnaissances.

Cela permettra en effet de reconstituer le processus qui permet à Pascal d'en arriver à lierl'idée d'infinité à la thématique de la connaissance par la raison, et à proposer donc une caractérisation trèsparticulière de l'existence humaine. La partie « intérêt philosophique » du commentaire devra prendre du recul par rapport à la position de Pascal,par exemple en lui apportant des nuances nouvelles : on pourra se référer à Bergson – L'évolution créatrice. Il s'agira, si l'on choisit cette voie, d'apporter à la position pascalienne le point de vue d'avancées scientifiquesplus récentes, qui permettent de poser le problème d'une manière plus complexe. PASCAL (Biaise). Né à Clermont-Ferrand en 1623, mort à Paris en 1662. Enfant précoce, il écrivit à onze ans un traité des sons, et retrouva tout seul, à douze ans, la trente-deuxièmeproposition du premier livre d'Euclide.

A dix-neuf ans, il inventa une machine arithmétique.

En 1646, il entre enrelations avec Port-Royal et fait sa première expérience sur le vide.

A partir de 1652, commence ce que l'on aappelé la « vie mondaine » de Pascal.

Ami du duc de Roannez, il fréquente les salons et les femmes, s'adonne aujeu, mais poursuit cependant la réalisation de ses travaux mathématiques : il se révèle le promoteur de l'analyseinfinitésimale et du calcul des probabilités.

Insatisfait de la vie qu'il mène, las du monde, le cœur vide, il éprouve lanostalgie de Dieu.

Pascal a une illumination dans la nuit du 23 novembre 1654, et trace quelques lignes sur unmorceau de papier, qu'il conservera cousu à l'intérieur de son vêtement.

Il se retire à Port-Royal-des-Champs, etparticipe avec ardeur à la polémique qui oppose les Jansénistes et les Jésuites, prenant la défense de Port-Royal(1656-1657).

La guérison de sa nièce, à la suite de l'attouchement d'une épine de la couronne de Jésus, le rendencore plus convaincu dans sa foi chrétienne.

Il abandonne ses recherches de mathématiques et de géométrie, etvit désormais dans l'humilité et la souffrance.

Il imagine la création de carrosses à cinq sols pour le déplacement despauvres, voitures qui sont à l'origine des transports publics en commun.

Il meurt le 17 août 1662.

— Bien entendu, iln'y a pas de système philosophique de Pascal, que Bayle a appelé « un individu paradoxe de l'espèce humaine ».Malade et las, Pascal a cherché en souffrant.

Il s'est approché de l'univers invisible, à tâtons.

Dieu est pour lui « ladernière fin, comme lui seul est le vrai principe ».

Polémiste, géomètre, physicien, Pascal est l'un des plus grandsécrivains français.

Sa distinction entre l'esprit de géométrie et l'esprit de finesse est célèbre.

L'esprit de géométrie,c'est celui qui procède par définitions et déductions rigoureusement logiques et qui s'étend jusqu'aux plus extrêmesconséquences.

L'esprit de finesse, c'est la « souplesse de pensée » qui permet, face à la complexité des choses,l'adaptation aux circonstances concrètes.

— Rappelons ici l'argument du pari, dans le problème de l'existence deDieu.

Ou bien Dieu est, ou bien il n'est pas.

Or, « il faut parier, cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué.Lequel prendrez-vous donc?...

Votre raison n'est pas plus blessée en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il fautnécessairement choisir.

Voilà un point vidé ; mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix queDieu est.

Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien.

Gagezdonc qu'il est, sans hésiter...

Tout joueur hasarde avec certitude pour gagner avec incertitude : et néanmoins ilhasarde certainement le fini pour gagner incertainement le fini, sans pécher contre la raison...

Et ainsi, notreproposition est dans une force infinie, quand il y a le fini à hasarder à un jeu où il n'y a pareils hasards de gain que. »

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