Pascal :"guerre intestine de l'homme entre la raison et les passions ". ?
Publié le 04/12/2005
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ranger dans les dogmatistes), et selon laquelle la raison doit prendre le dessus sur les passions,Pascal considère qu'une telle supériorité de la raison est impossible. - Si la raison dispose bien de nombreuses nécessités qu'elle peut parcourir, remontant et redescendant avec aisance les chaînes de causalité, elle reste cependant impuissante face àl'essentiel qui est l'existence humaine.
Dans ce domaine, elle est formelle et vide, comme le sontles mathématiques.
Même la physique ne parvient qu'à prédire les choses « en gros », et endernière analyse, il lui faut toujours s'en remettre à l'expérience.
La prétention cartésienne dusavoir monolithique est ainsi insoutenable et Descartes se révèle « inutile et incertain » (pensée887). - Comment en effet faire confiance à la raison ? Celle-ci ne peut même pas se fournir ses propres principes.
En effet, ces principes lui viennent du « coeur » (de l'intuition) et l'on sait que« le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point » (pensée 423).
De sorte, « tout notreraisonnement se réduit à céder au sentiment.
(...) La raison s'offre mais elle est ployable à toussens.
Et ainsi il n'y en a point.
» (pensée 530) - D'un autre côté, il n'est pas question non plus d'abandonner la recherche de la vérité car, ainsi qu'on l'a déjà remarqué plus haut, « nous avons une idée de la vérité, invincible à tout lepyrrhonisme » (pensée 406).
De la sorte, l'homme doit éviter de tomber dans ces deux excès :« exclure la raison », ou bien « n'admettre que la raison » (pensée 183). - L'homme est donc dans une situation ambiguë, il ne peut pas choisir entre la raison et la passion, il doit jouer sur les deux tableaux.
Coincé entre les deux, l'homme est un « monstreincompréhensible » (pensée 130) voué à la contradiction. - Mais la force de Pascal consiste justement en cela qu'il décide de ne pas trancher : il ne faut pas choisir, il faut s'intéresser à cette nature humaine qui se fait jour dans la contradiction.
Cette« guerre intestine de l'homme entre la raison et les passions» constitue la nature même del'homme. Grandeur et misère de l'homme : Pascal prend au sérieux cette contradiction.. 2.
- On sait que les philosophes ont jusqu'alors tiré de cette opposition entre la raison et les passions l'occasion de démontrer soit la grandeur del'homme, soit sa misère.
Il s'agira de grandeur pour ceux quis'efforceront de montrer la force de la raison, comme leferont les dogmatistes, et il y aura lieu de mettre en avantla misère de l'homme pour ceux qui s'intéresseront à lafaiblesse de la raison et au primat des passions, comme leferont les pyrrhoniens. - Pascal dépasse ce choix binaire en proposant une nouvelle alternative : la grandeur et la misère de l'homme neconstituent pas deux options opposées, mais elles seconvertissent l'une dans l'autre.
La pensée 122 intituléeGrandeur et misère en expose le mouvement : « La misère se concluant de la grandeur, et la grandeur de la misère, lesuns ont conclu la misère d'autant plus qu'ils en ont pris pourpreuve la grandeur, et les autres concluant la grandeur avecd'autant plus de force qu'ils l'ont conclue de la misère même,tout ce que les uns ont pu dire pour montrer la grandeur n'aservi que d'un argument aux autres pour conclure la misère,puisque c'est être d'autant plus misérable qu'on est tombéde plus haut ; et les autres, au contraire.
Ils se sont portésles uns sur les autres par un cercle sans fin : étant certainqu'à mesure que les hommes ont de lumières, ils trouvent et grandeur et misère en l'homme.
En unmot, l'homme connaît qu'il est misérable : il est donc misérable, puisqu'il l'est ; mais il est biengrand, puisqu'il le connaît.
» (pensée 122) Ainsi donc la grandeur se conclut-elle de la misère et lamisère de la grandeur.
Se sentir misérable dans notre situation, c'est faire preuve de grandeur, carles bêtes, qui sont dans des situations semblables, ne se sentent pas misérables. - Si, par ailleurs, l'homme se sent misérable, c'est parce qu'il éprouve un manque : il lui manque quelque chose qu'il n'a plus.
L'homme se sent misérable parce qu'il a le souvenir d'une grandeurperdue.
« Qui se trouve malheureux de n'être pas roi, sinon un roi dépossédé ? (...) Qui se trouvemalheureux de n'avoir qu'une bouche ? et qui ne se trouvera malheureux de n'avoir qu'un oeil ? Onne s'est peut-être jamais avisé de s'affliger de n'avoir pas trois yeux ; mais on est inconsolable den'en point avoir » écrit Pascal (pensée 117). - La cause de cette grandeur perdue, Pascal la trouve dans la doctrine chrétienne du péché originel.
Le péché originel serait le crime commis par Adam et par lequel ce dernier a voulu goûterle fruit de l'arbre de la connaissance.
C'est un péché d'orgueil, et c'est la raison pour laquelle Dieule chassa du Jardin d'Eden.
Ce péché souille l'ensemble de l'espèce humaine car il est héréditaire etAdam est le premier des hommes.
« Pour moi, j'avoue qu'aussitôt que la religion chrétiennedécouvre ce principe, que la nature des hommes est corrompue et déchue de Dieu, cela ouvre lesyeux à voir partout le caractère de cette vérité ; car la nature est telle, qu'elle marque partout un.
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