Pascal et le jansénisme

« péché originel mais en minimise les effets.

Après la faute, l'homme demeure inchangé dans sa nature, il estseulement privé des dons surnaturels.

Mais Dieu supplée à cette privation en donnant à chaque créature particulièrele secours de sa grâce, que l'homme est libre d'accepter ou de rejeter.

Quant à la prédestination, elle existe, nonpas parce que Dieu voudrait d'avance sauver ou damner quelqu'un, mais simplement parce que Dieu, qui a donné àl'homme la liberté d'agir, juge les actes attachés à cette liberté.

Ainsi, selon le molinisme, il suffit à l'homme de seconformer aux commandements de Dieu et de l'Église pour mériter le paradis. Jansénius et le jansénisme L'hostilité à l'égard de cette doctrine trouve son expression la plus forte dans l'Augustinus (1640), ouvrage de Jansénius (1585-1638).

Cet évêque des Pays-Bas, mort deux ans avant la publication de son livre, est le père dujansénisme. À la différence de Molina, Jansénius enseigne la corruption foncière de la nature humaine, provoquée par la fauted'Adam et transmise à toutes les générations.

L'homme est invinciblement entraîné vers le mal.

Pour qu'il deviennecapable de bien, il lui faut le secours de la grâce, une inspiration d'amour qui s'impose à sa volonté.

Si l'hommeabandonne la concupiscence (mauvais désir) pour la délectation (bon désir, de Dieu), il est en mesure d'accomplir lavolonté divine. À la vision optimiste de Molina, le jansénisme oppose donc la toute-puissance divine.

Le salut implique uneprédestination gratuite de Dieu, qui choisit qui il veut, mais exige aussi des mérites acquis par la pratique des plushautes vertus, car on ne sait pas qui Dieu a choisi. Il.

Le développement du jansénisme Port-Royal Étrangement, cette doctrine sévère connaît un succès rapide.

L'abbaye féminine de Port-Royal-des-Champs, dans lavallée de Chevreuse, réformée par la mère Angélique Arnauld qui y rétablit une règle sévère, devient le cœur du jansénisme.

En 1625,1es religieuses setransfèrent à Port-Royal de Paris.

En 1648, Angélique Arnauld s'installe à Port-Royal-des-Champs et les deuxmonastères ne forment plus qu'un. La diffusion du jansénisme s'opère grâce à l'abbé de Saint-Cyran.

Directeur de conscience des premiersjansénistes qui s'installent à Port-Royal en 1637, il est aussi l'inspirateur des Petites Écoles de Port-Royal,destinées à former la jeunesse dans le jansénisme et qui dureront jusqu'en 1669. Les habitués de Port-Royal-des-Champs se font appeler les « solitaires ».

C'est une association libre etvolontaire de laïques et d'ecclésiastiques, sans voeux de religion.

Renouant avec la tradition érémitique despremiers temps de l'Église, ils s'isolent du monde et se fixent pour objectif de vivre comme les premierschrétiens.

Ils se dépossèdent de tout bien matériel, s'adonnent aux jeûnes et aux travaux manuels, etcombattent les passions par le silence et la prière.

Il est souvent difficile de distinguer entre les solitaires etceux qui seront appelés les « messieurs » de Port-Royal, eux aussi veufs ou célibataires, mais plus présentsdans le monde.

Parmi eux, certains, sans vivre à Port-Royal, enseignent aux Petites Écoles ou publient desouvrages de théologie.

Pascal a fait partie des « messieurs » jusqu'à devenir un « solitaire ». Le conflit politique Des raisons politiques contribuent à la condamnation de l'Augustinus et du jansénisme : les chefs du mouvement avaient combattu l'entrée en guerre de Richelieu aux côtés des protestants (guerre de TrenteAns).

À partir de 1653, le pape condamne le mouvement, qui devient un foyer d'opposition politique au pouvoirroyal.

Le jansénisme rencontre le plus d'écho dans la partie supérieure du tiers état, constituée par la haute etmoyenne magistrature.

Une action déterminante est aussi exercée par plusieurs grandes familles comme cellesdes Arnauld ou des Pascal. III.

Pascal et le jansénisme Les Provinciales Le jansénisme s'impose tardivement à Pascal par rapport au reste de sa famille, mais le marque profondément.La première fois qu'il écrit un ouvrage autre que de mathématiques, c'est pour défendre le jansénisme avec Les Provinciales (1656-1657), lettres polémiques, écrites et diffusées clandestinement, où un « provincial » se fait expliquer les doctrines jansénistes et jésuites, et attaque avec ironie et humour la doctrine jésuite censée êtreun amas d'hypocrisies.

Ces lettres, déplaçant habilement la question du plan de la théologie au plan de lamorale, sont tirées à des milliers d'exemplaires malgré leur interdiction. Influence du jansénisme sur les Pensées Le jansénisme explique non seulement le projet même de l'Apologie, mais de nombreux thèmes des Pensées : corruption de l'homme déchu, moi haïssable, nécessité de la conversion.

Pascal entend défendre la religion. »