Pascal condamne : « Le sot projet qu'il a de se peindre! et cela non pas en passant et contre ses maximes, comme il arrive à tout le monde de faillir, mais par ses propres maximes, et par un dessein premier et principal. Car, de dire des sottises par hasard et par faiblesse, c'est un mal ordinaire; mais d'en dire par dessein, c'est ce qui n'est pas supportable... » (Pensées, section II, n° 62.)
Publié le 02/04/2011
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Les docteurs de Port-Royal renchérissent : « C'est une effronterie punissable que de découvrir ses désordres au monde, sans témoigner d'en être touché. « La défense maintenant ! Montaigne en revanche a d'ardents avocats : Mme de La Fayette s'associe à la marquise de Sévigné pour lui décerner un brevet de bonne compagnie : « Il y a plaisir d'avoir un voisin comme lui! « Au XVIIIe siècle, Montesquieu, pourtant si mesuré, le compare à Platon pour la sincérité et la vivacité de son œuvre : « Dans la plupart des auteurs, je vois l'homme qui écrit ; dans Montaigne, je vois l'homme qui pense. «
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- Pascal a écrit à propos des Essais de Montaigne : ''Le sot projet qu'il a eu de se peindre'', ce jugement vous paraît-il équitable ?
- On connaît le mot de Pascal sur Montaigne : « Le sot projet qu'il a eu de se peindre! » auquel Voltaire réplique: « Le charmant projet que Montaigne a eu de se peindre naïvement, car, en se peignant, il a peint la nature humaine.>) Comment expliquez-vous l'opposition radicale entre ces deux jugements ? Quelle est votre opinion personnelle ?
- Pascal reproche à Montaigne le « sot projet qu'il a eu de se peindre » et se plaint qu'il « parle trop de soi ». Ne sommes-nous pas disposés aujourd'hui à trouver justement dans cette peinture autant d'agrément que de profit ?
- Pascal a dit : « Ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment du coeur sont bien heureux et bien légitimement persuadés. Mais ceux qui ne l'ont pas, nous ne pouvons la leur donner que par raisonnement en attendant que Dieu la leur donne par sentiment du coeur. » Vous montrerez comment Pascal a suivi ce dessein dans les Pensées.
- Voltaire écrit dans ses Lettres philosophiques : « Il me paraît qu'en général l'esprit dans lequel Pascal écrivit ces Pensées était de montrer l'homme sous un jour odieux. Il s'acharne à nous peindre tous méchants et malheureux. Il écrit contre la nature humaine à peu près comme il écrit contre les jésuites. Il impute à l'essence de notre nature ce qui n'appartient qu'à certains hommes. Il dit éloquemment des injures au genre humain. » Expliquer et discuter ce jugement.