PASCAL Blaise : Raison humaine et instinct animal

« d'étude.

L'instinct n'est jamais connu par effort intellectuel.

Pascal radicalise alors sa thèse sur les limites de l'instinct animal du point de vue de la connaissance.

A chaque fois que le même instinct s'exerce il est comme nouveau.

Cette idée n'est pas sans évoquer l'idée de Descartes selon laquelle à chaque instant Dieu soutient ses créations qui sans son intervention de chaque instant s'effondrerait.

La nature dans ce texte ne serait-elle pas le masque d'un tel Dieu qui aux animaux a donné l'instinct et aux hommes la vocation du progrès par le raisonnement ? Pascal évoque en effet des bornes dans lesquelles la nature a placé les animaux alors que visiblement pour l'homme ce n'est pas le cas.

Ne s'agit-il pas ici une référence à la Bible qui dans la Genèse donne à l'être humain une place au sommet de la création ? Ne retrouve-t-on pas ici l'interprétation cartésienne de passage dans le Discours de la méthode au moment où Descartes affirme que l'homme doit devenir grâce à la nouvelle révolution scientifique en cours "comme maître et possesseur de la nature" ? Pour Pascal "l'homme n'est produit que pour l'infinité".

Cette expression rend plus clair encore l'influence cartésienne de Pascal dans ce passage.

Rappelons que selon Descartes notre volonté serait infinie tandis que notre entendement serait limité mais que grâce à son bon usage et à notre mémoire il n'est pas interdit pour nous d'augmenter à l'infini nos connaissances.

Par ailleurs Dieu chez Descartes est connu grâce à l'expérience de l'idée d'infini et il nous invite à devenir de plus en plus semblable à lui par le développement des connaissances physiques de notre entendement.

L'infini chez Descartes comme ici chez Pascal est donc un modèle de perfection auquel l'homme est appelé.

Descartes et Pascal semble traduire ainsi en terme rationnel l'idée chrétienne que l'homme est appelé à être divinisé, à participer par adoption à la divinité de Dieu.

La théologie de l'histoire chrétienne contrairement aux théologies antiques païennes ne voyait pas une succession de cycle d'améliorations et de détériorations de l'histoire humaine : elle voyait une divinisation de l'humanité à l'oeuvre qui se caractériserait par la victoire sur la mort.

La science en plein essor au temps de Descartes puis de Pascal permet de rationaliser cette foi chrétienne : cette théologie de l'histoire s'incarne désormais dans l'adhésion à l'idée de progrès. Il ne s'agit pas de revenir aux Anciens dont le savoir aurait été plus spirituel que le nôtre et donc plus assuré.

Il s'agit de considérer les progrès de la raison scientifique et de ce point de vue pour Pascal il ne fait pas de doute que la science moderne en plein essor permet de trancher ce qui faisait débat chez les Anciens. »