Pascal a écrit à propos des Essais de Montaigne : ''Le sot projet qu'il a eu de se peindre'', ce jugement vous paraît-il équitable ?
Publié le 18/02/2012
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Pascal a écrit dans ses Pensées à propos des Essais de Montaigne : " Le sot projet qu'il a eu de se peindre", ici on veut savoir de quel point ce jugement est vrai. Pour étudier cette citation il faut d'abord connaître ce que le Moi signifie chez Pascal et aussi chez Montaigne.
Montaigne est un écrivain qui a parlé de son Moi à l'époque ou personne n'en pouvait parler. Il est un philosophe qui a travaillé sur la faiblesse humaine. Il a laissé à part la foi pour considérer l'homme. Montaigne met toutes les choses dans un doute si universel et si général que ce doute emporte lui-même aussi. Ce doute comporte la science, la morale, la métaphysique et montre partout l'impuissance de l'homme à trouver la vérité. Cependant le doute éternel auquel Montaigne s'abandonne comporte une morale quasi païenne, une sorte d'épicurisme modéré, une éthique "naïve, familière, plaisante, enjouée et pour ainsi dire folâtre."
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tirer profit de mon expérience.
Mais comme on a déjà mentionné Pascal a
jugé l'entreprise avec sévérité dans ses Pensées, reprochant notamment à
Montaigne son manque de pitié et sa désinvolture vis-à -vis du salut.
Au-delà
d'une certaine narcissique, Pascal aura retenu chez Monta igne le souci de se
connaître lui -même.
Sans doute parce qu'il s'en sent très proche, il veut s'en
distinguer lui reprochant de "parler trop de soi".
Mais on peut dire que
Pascal cherchait lui- même en Montaigne, se projetant en quelque sorte dans
les Essai s comme en un miroir : "Ce n'est pas dans Montaigne mais dans
moi que je trouve tout ce que j'y vois." Pascal s'inspire directement des
Essais de Montaigne, à ses yeux le philosophe sceptique le plus radical et le
plus cohérent qui soit.
Le tempérament de Montaigne épris d'indépendance
ne pouvait accepter la domination d'un dogmatisme.
C'est pourtant vers les
solutions de la philosophie antique qu'il se tourne tout d'abord.
Il devient un
stoïcien, épicurien et après sceptique.
La morale stoïcienne veut en
p articulier endurcir l'homme contre la douleur.
Montaigne ne prétend pas
devenir un surhomme, il reconnaît que la douleur est un mal terrible et
cherche simplement à la supporter calmement le mieux possible.
Dans le
stoïcisme Montaigne Trouve une morale pra tique.
L'idéal de Montaigne est
de savoir rester libre.
Il faut pas hâter de l'accuser d'égoïsme : en fait il a fait
tous ses devoirs d'homme et de citoyen.
Son besoin naturel d'indépendance
est devenu un contact de la philosophie stoïcienne, un véritable art de vivre.
La passion est mauvaise conseillère; et c'est ici que la sagesse de Montaigne.
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- On connaît le mot de Pascal sur Montaigne : « Le sot projet qu'il a eu de se peindre! » auquel Voltaire réplique: « Le charmant projet que Montaigne a eu de se peindre naïvement, car, en se peignant, il a peint la nature humaine.>) Comment expliquez-vous l'opposition radicale entre ces deux jugements ? Quelle est votre opinion personnelle ?
- Pascal reproche à Montaigne le « sot projet qu'il a eu de se peindre » et se plaint qu'il « parle trop de soi ». Ne sommes-nous pas disposés aujourd'hui à trouver justement dans cette peinture autant d'agrément que de profit ?
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