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Parmi les modes de communication entre les consciences, étudier et comparer la sympathie et l'amitié. ?

Publié le 18/06/2009

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INTRODUCTION. -- La philosophie contemporaine a le mérite de donner un relief spécial au problème de la communication des consciences. Comme l'écrivait Emmanuel Mounier dans son Introduction aux existentialismes (p. 91) : « Le problème de l'autre est une des grandes conquêtes de la philosophie existentielle. La philosophie classique le laissait dans un étrange délaissement. « Or, quelles que soient les solutions données à ce problème, le fait de la Communication demeure, et les rapports interpersonnels sont essentiels à l'homme puisqu'ils lui permettent de s'enrichir au contact d'autrui et de se trouver en se donnant. La sympathie et l'amitié constituent déjà deux modes très intéressants de la Communication entre les consciences. Elles permettent, en effet, d'entrer en contact avec autrui et d'échanger ce qu'il y a de plus personnel entre individus : les sentiments, les idées, les jugements. Elles réalisent une harmonie qui comble la séparation, elles favorisent des échanges qui préparent l'union des âmes et des volontés. Le langage courant serait tenté de confondre la sympathie et l'amitié. Il semble plus sage de les examiner avec soin l'une et l'autre pour déceler le rôle particulier que chacune joue dans la Communication. Nous serons peut-être conduit à découvrir entre elles une hiérarchie dont l'importance n'est pas seulement théorique. Cette description éclairera, en retour, la discussion métaphysique dont nous n'avons pas à nous occuper ici directement.

« qu'ils le fussent ? Qu'ils me connaissent.

Or, la vedette de l'écran, ou le chef d'orchestre ignorent leurs spectateursou leurs auditeurs.

Mais tel jeune homme qui vit dans mon entourage immédiat me voit souvent et me parle.

Nousjouons et nous discutons ensemble : il n'est cependant pas mon ami ! Quelle sorte de connaissance est doncrequise pour qu'il y ait amitié ? Qu'exige exactement cette dernière ? Une volonté d'accord et une réciprocité active.La sympathie invitait, l'amitié répond en provoquant la volonté.

Seuls le consentement mutuel et l'échange de partet d'autre vont réaliser l'amitié.

L'attrait de la sympathie n'est pas par lui-même amitié.

De par sa nature profonde,celle-ci est vouloir, acte, engagement.

Le Moyen Age l'appelait, après ARISTOTE, « Benevolentia » : volonté debien.

Cette bienveillance porte sur l'échange des biens possédés par chacun.

Une telle attitude réalise l'union desâmes que la sympathie avait pour rôle de pressentir et de faire goûter.

Si donc la sympathie « éprouve », l'amitié «réalise »; si la sympathie est émotion, l'amitié est promotion.Bien loin de se rechercher dans l'autre, l'ami recherche le bien de l'autre.

Il est, en tant qu'aimant, désintéressé.

Sonaffection appartient plus à la catégorie du don qu'à celle du désir.

L'amitié est donc respectueuse de la personnalitéet de la liberté d'autrui.

Elle vise à la réalisation d'un nous.

Le respect y passe avant la jouissance.

La Communautéqui en résulte provoque les efforts des amis et s'ouvre vers une fin qui est essentiellement valeur.

Celle-ci estintérieure et transcendante au nous.

De sorte que l'ami ne sera pas visé comme un absolu dans lequel je voudraisme perdre.

La communion des âmes doit être centrée sur un au-delà de ces âmes : fondant leur valeur respective.Le mot de SAINT-ExupÉry est rigoureusement vérifié : « S'aimer, c'est regarder ensemble dans la même direction.

»On remarquera sans peine que cet amour d'amitié entre créatures humaines reste la condition et l'idéal de l'intimitéla plus forte, y compris celle de l'amour conjugal.Il n'y a pas à s'étonner, par conséquent, si l'étude de l'amitié conduit au mystère de l'être, qui est sa source et safin! Nous n'avons personnellement aucune difficulté à penser que l'amitié soit une loi d'existence.

Car, si lasympathie nous avertit qu'il y a des correspondances entre les âmes.

la physique et la métaphysique nousapprennent, de leur côté, que les êtres rie sont pas isolés, mais rattachés à l'ensemble de l'Univers et à Dieu pardes liens incontestables.

A tel point que la saisie de l'individuel dans toute son originalité est impossible sans lavision de l'universalité qui le rattache au tout.Si donc la sympathie nous fait sentir fortement et délicieusement qu'il faut aller dans le sens de la communion, c'està l'amitié qu'il revient de réaliser ce voeu, tant il est vrai que l'homme est doué d'intelligence et de volonté pourparticiper au mouvement de l'univers qui tend à son propre achèvement. CONCLUSION. -- La sympathie et l'amitié ne recouvrent donc pas exactement les mêmes aspects de la communication des consciences.

La première révèle un accord et un appel vers une réalisation proprement active del'homme, la seconde est cette réalisation même.

La première est signe et appel, la seconde est acte.

Il ne faut doncpas les séparer, mais les distinguer.

Concrètement, cela veut dire qu'il ne faut pas croire qu'on connaît et réalisel'amitié du seul fait qu'on éprouve de la sympathie, sans pour cela se vanter de pouvoir réaliser une amitié qui nereposerait en rien sur la sympathie.Notons que si la philosophie s'est trouvée naguère en difficulté pour expliquer la communication des consciences, lesconstatations que nous venons de faire sur la sympathie et sur l'amitié conduisent an cœur même de lamétaphysique de l'être; en sorte que l'analyse vient au secours d'une synthèse mal assurée.. »

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