Parler d'une conscience inconsciente n'invalide-t-il pas dramatiquement notre rapport à la liberté donc à la responsabilité ?
Publié le 27/02/2008
                             
                        
Extrait du document
 
                                La conscience définit un état de lucidité et d’attention à soi et autour de soi. Dès lors la conscience nous permet d’agir et de réagir librement en tant que nous pouvons nous déterminer librement. Or être libre c’est responsable en tant que nos actions et nos choix nous sont imputables. On oppose communément le conscient et l’inconscient. Le conscient serait ce dont nous avons connaissance, ce à quoi notre prêtons attention, tandis que l’inconscient serait le domaine ce qui nous échappe comme une force ou un déterminisme venant des profondeurs de notre être ou de notre vie psychique. Etre responsable peut s’entendre dans la sphère publique principalement dans la manifestation de la liberté, donc son contraire aussi. Mais le poids de la responsabilités se marque aussi dans la sphère privée et suppose aussi une liberté intérieure, c’est-à-dire à la fois la capacité d’agir et de se reconnaître l’auteur de son action. Dans ce cas, il semble que nous soyons responsables inconditionnellement de nos actes quand nous sommes conscients ; ils sont nôtres et portent la marque de notre volonté. Mais c’est bien là que le problème se pose car à supposer l’existence de l’inconscient nous ne reconnaissons pas comme responsable. Dès lors se pose une antinomie et c’est à l’aune de ce problème que l’on peut s’interroger sur la question : « Parler d'une conscience inconsciente n'invalide-t-il pas dramatiquement notre rapport à la liberté donc à la responsabilité ? «.
Si parler d’une conscience inconscient peut nuire à la liberté et la responsabilité (1ère partie) encore faut-il définir correctement l’inconscient et ne pas l’opposer schématiquement à la conscience (2nd partie) ce qui nous permettra alors de dépasser cette antinomie et de redéfinir la responsabilité, la liberté et la place de l’homme face à son psychisme (3ème partie).
* I – La détermination * II – Valeur de cet inconscient * III – Dépassement de l’aporie
 
                                «
                                                                                                                            conscience de soi définit un  certain degré  de liberté on  peut effectivement  craindre que l'idée d'un inconscientdéfinisse un nouveau détermininsme.b) Or  comme 	Freud	 le  précise  dans le 	Moi et le ça	, à  l'opposition  entre le conscient  et l'inconscient  il faut	substituer celle  entre le moi cohérent  et les détachés du moi.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il ne faut donc pas opposer de  manière naïve laconscience et l'inconscient au risque sinon de méconnaître l'essence même de l'inconscient : c'est-à-dire la luciditéde la conscience de type cartésienne comme auto-transparence et les abysses de l'inconscient.
                                                            
                                                                                
                                                                    Notre existencepsychique est bien plus complexe et il nous est impossible de supposer un état d'absolue lucidité sans pour autantremettre en cause toute liberté.
                                                            
                                                                                
                                                                    En effet, comme il le développe dans son 	Introduction à la Psychanalyse	, le moi	comporte aussi des éléments  inconscients.
                                                            
                                                                                
                                                                     Plus précisément,  l'appareil psychique  se compose  de systèmesdistincts : le ça, le moi et le surmoi.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le Ca est l'instance des pulsions des exigences somatiques dans le psychisme.Il ne  tend qu'à  la satisfaction  des désirs.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il est régi par le principe de  plaisir et appartient  proprement à la viebiologique.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le Moi est ce que l'on appelle généralement la conscience, c'est-à-dire l'ensemble des représentationsdont nous sommes  conscients.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il  est régi par le principe de  réalité, c'est-à-dire  qu'il connaît et comprendre  lesimpératifs sociaux et vitaux.
                                                            
                                                                                
                                                                    Cependant, il n'est pas pleinement conscient dans la mesure où la censure, qui est unepartie du moi,  est inconsciente :  il s'agit  d'un mécanisme  de défense de  la vie psychique.
                                                            
                                                                                
                                                                     Enfin, le Surmoi  estl'instance où se trouvent intériorisés les interdits sociaux et les impératifs moraux.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il correspond à l'appartenancesocial du sujet.c) Bien  que n'étant  pas la fin  de la liberté  ni même  de toute  responsabilité,  comme le notre 	Freud	 dans  son	Introduction à la psychanalyse	, l'hypothèse de l'inconscient est une humiliation de plus pour l'homme et sur la place	et le piédestal sur lequel il se sentait posé.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il s'agit de voir que le moi n'est plus maître dans sa demeure.
                                                            
                                                                                
                                                                    En effet,Freud  n'a jamais  eu l'intention  de mettre  fin à la  liberté  mais bien plutôt  de comprendre  certains phénomènespsychisme afin justement de redéfinir aussi la notion de responsabilité de manière plus subtile.
                                                            
                                                                                
                                                                    Une humiliation deplus dans la mesure où elle fait suite à deux autres selon Freud : celle de Copernic, faisant que la terre n'est pas lecentre de l'univers, ni du système solaire, et celle de Darwin, faisant descendre l'homme non pas de Adam et Evemais du singe selon une théorie de l'évolution des espèces.
                                                            
                                                                                
                                                                    Etant une humiliation c'est pour cela que nous avonsune certaine réticence à l'accepter.
                                                            
                                                                                
                                                                    Transition 	:	Ainsi parler d'une conscience inconscience ne semble pas invalider notre rapport à la liberté donc à la responsabilité.Pourtant, comment comprendre alors la critique sartrienne ? Dès lors faut-il reprendre la discussion en redéfinissantla notion de liberté donc de responsabilité mais comprendre comment l'homme peut être à la fois libre et déterminé.
                                                            
                                                                                
                                                                     III – Dépassement de l'aporie a) Comme on peut le voir au sein du droit français la possibilité d'une conscience inconsciente ne remet pas encause de manière  décisive  et définitive  l'idée de responsabilité  ni celle  de liberté.
                                                            
                                                                                
                                                                     En effet,  dans le 	Code  civil	l'irresponsabilité  peut prendre  deux acceptions  : soit  subjective  et dans  ce cas  on fait  référence  à un  troublepsychique ou mental ; soit objectif : c'est-à-dire sous l'effet d'un commandement ou de la contrainte.
                                                            
                                                                        
                                                                    L'homme estirresponsable alors quand il souffre de troubles psychiques ou neuropsychologiques notamment c'est bien ce que l'onpeut observer dans le cas de la démence ou de la folie.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais surtout ce que retient le droit français c'est la notiond'intention  et de  discernement.
                                                            
                                                                                
                                                                     Ainsi l'absence  d'intention  ou de discernement  rendent l'homme  irresponsable.Cependant, cela ne signifie pas que tout soit possible et c'est notamment le problème de l'ivresse qui si elle peutprovoquer un dommage n'en demeure pas moins responsable.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est ainsi que se dessine alors la responsabilité maisnon-volontaire, c'est-à-dire sans intention de nuire : comme on peut le voir dans le cas des homicides involontaires.b) En effet,  il est nécessaire d'entrevoir  la possibilité d'une liberté  pour l'homme.
                                                            
                                                                                
                                                                     Or on peut se  représenter cedilemme de l'irresponsabilité de façon synthétique c'est-à-dire dans une antinomie de la raison pure.
                                                            
                                                                                
                                                                    Or c'est bien decette antinomie que traite 	Kant	 dans la 	Critique de la raison pure	.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il s'agit de la troisième antinomie.
                                                            
                                                                                
                                                                    Elle se situe	entre nature et liberté ; entre “tout est causé” et “quelque chose est cause pure”.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le problème est bien celui de lanécessité et de la liberté.
                                                            
                                                                                
                                                                    En effet, pour chaque acte nous pouvons remonter la chaîne causale et cela à l'infini.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ilsemblerait  alors qu'il n'y  ait aucun  commencement.
                                                            
                                                                                
                                                                     Or il faut  nécessairement  qu'il y ait eu  une première  causecausant toutes  les autres.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est-à-dire déterminant  une chaîne ou une série causale et cela  sans que la causeproduit cette série  ne soit elle-même causée  par une cause supérieure.
                                                            
                                                                                
                                                                     Et c'est bien là tout le  problème de  laresponsabilité  qui s'offre  devant  nous.
                                                            
                                                                                
                                                                    En effet,  l'inconscience  semble nous déterminer  à agir  d'une  manièremécanisée, tandis que la conscience se place du côté de la volonté du sujet, c'est-à-dire de la possibilité de sedéterminer soi-même donc être libre.
                                                            
                                                                                
                                                                    Comme le produit 	Kant	 dans la 	Critique de la raison pure	 la solution de la	troisième antinomie repose sur l'idée transcendantale de la liberté qui fonde le concept pratique que nous en avons.La disjonction est la suivante : si les phénomènes sont les choses en soi, ils sont totalement déterminés ; s'ils sontpures représentations, ils sont les effets libres d'une cause indéterminée.c) La difficulté est de concilier nature et liberté.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il faut distinguer la causalité empirique (entièrement liée) et lacausalité  intelligible  (attribuée  au sujet  intelligent  en tant  qu'il est affranchi  de toute  sensibilité  et de  toutedétermination  par les phénomènes)  : la  première  manifeste  l'enchaînement  propre à la  causalité  naturelle ; laseconde commence d'elle-même ses propres effets, librement.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais si l'homme est comme phénomène déterminé parcette causalité, il est comme objet de l'aperception autre que phénoménal : raisonnable.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il s'agit alors de faire ladistinction entre la personne et l'individu.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'individu est l'être phénoménal déterminée par les conditions extérieurestandis que la personne est justement l'être nouménal c'est-à-dire libre de suivre les décrets de sa raison donc deproduire des représentations pour sa volonté.
                                                            
                                                                                
                                                                     Or 	Kant	 dans la 	Critique de la raison pure	 nous dit bien que la raison	est elle-même causalité : elle pose les principes du devoir, qui ne sont pas empiriques et qui par conséquent font dela  raison une  condition qui elle-même  ne commence pas : qui  est libre.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ainsi  la solution repose sur l'idée  d'une.
                                                                                                                    »
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