Parlant de son roman les Misérables, Victor Hugo écrit : « ... Tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. » On sait que les intentions de l'auteur, quand il composa les Misérables, étaient de révéler au monde la réalité de la misère et ses conséquences; vous direz, en faisant appel à votre culture personnelle, l'intérêt que présentent selon vous les oeuvres animées de semblables intentions. ?
Publié le 20/03/2009
Extrait du document
1. a) Existence et but du livre engagé, chargé de porter un témoignage, plus ou moins accepté et souhaité selon les époques. b) Victor Hugo au xixe siècle, à propos de son roman Les Misérables : « ... Tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. «
2. Annonce de plan.
I. Le rôle positif de l'œuvre engagée. II. Une mission et une efficacité cependant limitées.
«
Débarquement, les prisons turques, la guerre du Viêt-nam, la guerre au Cambodge).
II.
Une mission et une efficacité cependant limitées.
A.
Certains écrivains contestent le bien-fondé de cet engagement.
1.
Déjà au xixe siècle.
a) Vigny refusait de voir le poète entrer dans les problèmes du monde, il voit l'écrivain dans La Maison du Bergercomme un penseur solitaire, loin des foules et des désordres.b) Théophile Gautier, dans sa théorie de L'Art pour l'Art, considère que l'Art doit être désintéressé, par essence.Seule la beauté est éternelle, comme l'œuvre de l'orfèvre, et il dit : « Tout passe — l'art robuste Seul a l'éternité,Le buste Survit à la cité.
»
2.
Même des écrivains dits engagés ont refusé cette mission.
Albert Camus paraît avoir de sérieux doutes à ce sujetdans son dernier roman La Chute.
3.
Peut-on mêler art et engagement ?Peut-on mêler les deux genres? Journalisme et littérature sont-ils compatibles? Œuvre d'art et témoignage? Lemélange existe dans un certain nombre de cas, mais le point d'équilibre est difficile : ou bien l'œuvre d'art n'est plusque témoignage et n'a plus grand-chose d'artistique, ou bien le rôle du témoignage disparaît, car il était tropéphémère : qui voit encore une protestation contre la guerre dans L'Enfant grec de V.
Hugo ou Le Dormeur du valde Rimbaud ?
B.
Une efficacité limitée.1.
Une efficacité indéniable.Sans doute Les Misérables ont fait réfléchir sur la misère de l'époque, comme La Nouvelle Héloïse a fait réfléchir etpasser dans le public les thèses de Rousseau, comme les romans de Zola ont éveillé une certaine conscience socialeà propos des mineurs, des ouvriers de Paris ou des vendeurs de grands magasins.
Les peintres impressionnistes ontd'ailleurs joué aussi parfois un rôle comparable.2.
Mais les œuvres à thèse sont souvent très ennuyeuses.
Sauf dans quelques chefs-d'œuvre, qui restentintéressantsmême quand le problème a disparu :— Tartuffe contre la Compagnie du Saint Sacrement ;— Candide contre le fanatisme.3.
Séparation des deux aspects.Les grands écrivains sont souvent amenés à une solution différente : ils écrivent d'un côté des œuvres littéraires, etd'autre part des œuvres à tendance journalistique, ou des articles, où ils défendent certaines positions, quibénéficient du poids de leur célébrité littéraire : ce fut au xixe siècle la démarche de Zola dans J'accuse, plusrécemment de Mauriac, Camus et Sartre, et aujourd'hui Jean d'Ormesson ou Jean Cau, à la fois écrivains etjournalistes.
Conclusion.
L'idée de Victor Hugo est généreuse, mais lutter contre la misère par la littérature ne représente sûrement pas leressort de l'œuvre d'art.
On peut l'admettre si ce n'est pas au détriment de l'œuvre d'art, mais il est bien difficile defaire un grand reportage qui soit à la fois un grand roman ou un grand poème, de même qu'une photographie descène de guerre sera difficilement un grand tableau..
»
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