Parlant de l'émancipation des femmes, Freud écrit en 1883 : « Mais je crois que toute réforme légale ou administrative avortera du fait que, bien avant que l'être humain soit en âge d'accéder à une position dans la société, la Nature a déterminé à l'avance la destinée de la femme en termes de beauté, de charme et de douceur. » Qu'en pensez-vous ?
Publié le 13/04/2009
Extrait du document
- Introduction
La femme s'est vu longtemps dans notre société refuser le statut d'être humain à part entière. Elle n'avait pas les mêmes droits que l'homme et le Code Napoléon la classait parmi les irresponsables avec les enfants et les aliénés. Si aujourd'hui, sur le plan légal, les choses se sont améliorées, la femme continue dans certains pays d'être traitée en mineure. Deux tendances s'affrontent dans l'interprétation de cet état de fait. Il y a d'une part ceux qui pensent qu'il ne s'agit là que d'une situation historique, donc susceptible de modification. Et d'autre part ceux qui pensent qu'il s'agit, au contraire, d'une situation inhérente à la nature de la femme, donc impossible à changer. C'est en particulier l'attitude de Freud qui écrit : « Mais je crois que toute réforme légale ou administrative avortera du fait que, bien avant que l'être humain soit en âge d'accéder à une position dans la société, la Nature a déterminé à l'avance la destinée de la femme en termes de beauté, de charme et de douceur. «
- Première partie : critique de cette thèse
La femme semble avoir pour Freud un destin tout tracé : être une « femme-poupée «, les tâches sérieuses étant réservées aux hommes. Ceux qui refusent la thèse soutenue par Freud admettent l'existence d'un comportement féminin propre caractérisé par le désir de séduction et même souvent un sentiment de dépendance par rapport à l'homme. Mais la différence fondamentale est la suivante : — Pour Freud, ces comportements sont inscrits dans la nature biologique de la femme, dans son patrimoine génétique.
«
On comprend très bien que les conceptions de Freud sur 1'« éternel féminin » aient pour conséquence un certainscepticisme quant aux réformes légales et administratives.
Mais si on adopte le point de vue opposé, on est portéau contraire à accorder toute leur importance aux réformes.
A.
« On ne peut mûrir pour la liberté que dans la liberté.
» Même s'il était vrai — ce qui est faux — que la femmen'ait pas un degré de maturité suffisant pour accéder à un statut équivalent à celui de l'homme, on peut toujoursrépondre que ce n'est pas en la maintenant en tutelle qu'on changera les choses; la mise en tutelle étant justement« infériorisante ».
C'est au contraire en lui donnant une égalité de chances qu'on lui permettra d'acquérir une égalitéd'aptitudes.
Pour reprendre une formule de Kant : « On ne peut mûrir pour la liberté que dans la liberté.
»
B.
Nécessité d'une égalité — et même parfois d'une certaine inégalité — au niveau des lois.Tout en reconnaissant que la réforme légale n'est pas suffisante, et « qu'il est plus facile de changer les lois que dechanger les cœurs », il faut que soient données aux femmes les mêmes chances qu'aux hommes.A la limite on peut même soutenir la thèse (concrétisée dans les faits en Chine et dans certains pays du TiersMonde) qu'une véritable égalité dans les faits exigerait une certaine inégalité (en faveur de la femme) dans les lois.Le poids de la tradition est en effet si fort, la plupart du temps, que les réformes légales ne sont pas suivies d'effet.L'inégalité juridique aurait pour but de compenser le handicap sociologique de la femme.Exemples de lois « inégales » :Chine : Loi sur le mariage.
Article 18 ; L'homme ne peut demander le divorce pendant que sa femme est enceinte, nidans l'année qui suit l'accouchement, mais la femme enceinte ou nouvelle accouchée peut divorcer.Afrique : dans certains pays d'Afrique, le total exigé pour l'entrée en sixième est moins élevé pour les filles que pourles garçons.En France, hommes et femmes ont en théorie (sur le plan légal) les mêmes droits d'accès au travail, mais il sepratique une véritable ségrégation dans les faits : une femme docteur en sciences économiques ou en chimie auradix fois plus de peine à trouver un emploi qu'un homme ayant des diplômes équivalents.
En un certain sens, seulesdes lois inégales pourraient instaurer l'égalité.
Conclusion sur cette partie
Nécessité des réformes tout en précisant bien que l'égalité en droit ne signifie pas l'identité.
L'homme et la femmepeuvent devenir égaux en restant différents et complémentaires.
Conclusion
Freud, qui fit pourtant œuvre de pionnier en psychothérapie, soutient donc, à propos de l'émancipation de la femme,des idées apparemment rétrogrades; aucun savant n'oserait aujourd'hui — pour des raisons morales mais aussi pourdes raisons scientifiques — soutenir une position semblable à la sienne.
Beaucoup d'hommes, par contre, malgré lesdémentis apportés par les faits et la science, continuent de défendre cette thèse qui réduit la femme au rôle d'une« esclave parée ».
On constate que ce sont souvent, comme les racistes, des médiocres qui ont besoin de trouverplus médiocres qu'eux.
Plus un homme est bête, moins il trouve les femmes intelligentes *..
»
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