Par l'analyse précise du célèbre fragment des Pensées (« L'homme n'est qu'un roseau... voilà le principe de la morale »), vous vérifierez le qualificatif de « géomètre passionné » attribué à Pascal.

I. - PLACE DU FRAGMENT DANS L'ARGUMENTATION GÉNÉRALE DE PASCAL

Par une série d'analyses impitoyables, Pascal a dénoncé la faiblesse de l'homme, incapable par ses propres moyens d'atteindre la vérité (deux infinis), le bonheur (textes sur le « divertissement «), la justice. Il est temps maintenant de le réhabiliter, en montrant en lui un être privilégié dans la nature : il est en effet seul à posséder la « pensée «, qui l'élève infiniment au dessus des réalités matérielles (cf. la théorie des trois « ordres « de réalité, chair, esprit et charité). Ainsi l'homme « naturel « appartient à la fois aux deux premiers « ordres « par son corps et par son esprit (l'homme éclairé par la Grâce appartient de plus à l'ordre de la « charité «. L'homme apparaît ainsi comme un « monstre incompréhensible « : c'est ce que Pascal veut faire reconnaître à l'incroyant, pour l'amener à chercher en Dieu la solution de cette énigme.