Otto von Guericke

Accompagnant le duc de Chevreuse dans ses voyages, M. de Monconys, conseiller du roi et lieutenant criminel au siège présidial de Lyon, parcourut de nombreux pays dont les Pays-Bas et l'Allemagne. Passant par Magdebourg, il rendit visite le 22 octobre 1663 à Otto von Guericke. Cette visite est à elle seule une illustration de la vie intellectuelle au XVIIe siècle. Autour des grands savants à qui nous devons les découvertes d'une époque particulièrement brillante, une société d'ecclésiastiques, de bourgeois aisés, de hauts fonctionnaires et de professeurs constituait alors l'Europe savante. C'est à ce public que s'adressaient mathématiciens, astronomes et philosophes ; par les lettres échangées, le récit des voyages, les conversations, se propageait la nouvelle d'une expérience ou de la publication d'un nouveau traité. Ce public discutait de la construction des lunettes et des télescopes, des opinions exprimées sur la nature du vide ou sur le système du monde ; c'est lui qui faisait les réputations. Depuis quelques années, Otto von Guericke avait pris devant lui rang de célébrité européenne et tout homme lettré (les intelligents et les doctes comme disait le père Chérubin), passant par l'Allemagne, s'arrêtait à Magdebourg pour converser avec lui ; de même en Angleterre on visitait Boyle, aux Pays-Bas Vossius, en Toscane Torricelli.