ORDRE ET BEAUTE ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
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exemple soulèvent d'enthousiasme par leur dynamisme._ Si c'est la vie qui rend une chose ou une personne belle, elle s'accompagne nécessairement du désordre puisqueson mouvement déplace les lignes de la symétrie.
Cette grâce propre à la vie présente une beauté qui se manifestele mieux dans le baroque.
Le baroque se caractérise par le mouvement, la multiplicité et une profusion de formeshétéroclites qui constitue un désordre dynamique.
Ainsi l'œuvre la plus représentative du baroque serait l'entrée de Saint Ignace au Paradis par Pozzo : une multitude d'individus, d'anges perdus dans des nuages et parés de costumes magnifiques semblent s'éloigner de plus en plus de la terre.
Par conséquent il existe une beauté propre audésordre qui ne se confond pas avec celle qui se confond avec l'ordrePourtant, lorsque le désordre est absolu et se transforme en chaos, la beauté s'absente.
Aussi la beauté dudésordre semble elle-même ne pas pouvoir se passer d'un certain ordre.
III A quelles conditions le désordre peut-il être beau ? _ Le désordre n'est pas toujours beau.
Aussi pour être beau, il lui faut un point de vue adapté, une perspectiveadéquate.
C'est ce que soutient Leibniz dans ses Essais de Théodicée au § 147 en évoquant les anamorphoses « ces beaux dessins qui ne paraissent que confusion jusqu'à ce qu'on les rapporte à leur vrai point de vue » (cf : lesambassadeurs d'Holbein) Mais si la beauté dépend du point de vue du spectateur, c'est qu'elle dépend peut-êtretoute entière du spectateur.
Ainsi la beauté serait moins une norme objective qu'un sentiment subjectif du beau.
Ilfaudrait alors moins parler de beauté que de sentiment du beau.
Or si le beau advient à titre de sentiment au seinde la subjectivité, notre problème de l'ordre et du désordre se déplace de l'extérieur à l'intérieur du sujet._ Le sujet pourra bien percevoir un désordre, ce n'est pas ce qui importe puisque le beau est subjectif.
Aussi ilconvient de savoir si le sentiment de beau s'accompagne d'un ordre intérieur au sujet.
C'est ce que soutient Kant dans sa Critique de la faculté de juger , à la conclusion de « l'analytique du beau » : le sentiment du beau advient par l'harmonie subjective, l'accordspontané de nos facultés entre elles.
Le beau résulte donc d'un ordreintérieur au sujet.
Aussi l'objet peut bien être en désordre, il suffit qu'il y aitun accord harmonieux entre les facultés pour que se produise le sentiment dubeau.
Par conséquent, là où règne le désordre, il peut avoir une beauté àcondition qu'il y ait un ordre intérieur au sujet._ On peut même aller encore plus loin et confirmer qu'il y a une beauté propreau désordre qui ne se confond avec un ordre caché.
En effet dans le § 23,Kant évoque le spectacle de l'océan déchaîné, la confusion et l'illimitation desforces naturelles.
Or le spectacle de ce désordre brise l'accord de nosfacultés : notre être sensible est alors menacé de mort sous un modesymbolique.
Et c'est ce désordre entre notre sensibilité menacée et notreraison qui nous fait mieux percevoir notre être raisonnable masqué la plupartdu temps par notre sensibilité.
Dans le désordre de la nature et de nosfacultés, nous accédons alors au sublime qui est sans doute la véritablebeauté du désordre.
Par conséquent le désordre est beau lorsqu'il suscite ennous une dimension de notre être qui serait restée inaperçue sans lui.
Pour Kant, le jugement sur le sublime nous rattache à l'infinité de la raison età la supériorité de notre destination morale.
Le jugement « cela est sublime »diffère du jugement sur le beau en ce qu'ici l'objet, par l'infinité de sagrandeur (une pyramide par exemple) ou de sa puissance (une tempête), sublime mathématique et sublimedynamique, se réfléchit dans notre faculté de juger en entraînant un sentiment quasi simultané de peine et deplaisir.
Peine parce que, à la différence de ce qui se passe dans le jugement sur le beau, l'imagination est ici forcéed'éprouver ses limites.
Plaisir parce que cette même infinité semble une présentation d'une Idée de la raison,présentation qui nous rappelle, comme une fulgurance, notre destination morale, notre appartenance simultanée aumonde nouménal de la raison théorique et de la raison pratique, qui veut saisir l'infinité de la nature comme un toutou l'absoluité du devoir, capable de dominer les intérêts et les plaisirs.
Conclusion : si la beauté est comprise comme la symétrie, c'est-à-dire les proportions des parties entre elles d'une totalité, alors il n'y a pas de beauté où règne le désordre; mais si l'on est prêt à reconnaître que la beauté, loin dese réduire à la symétrie, n'est vraiment présente que par la vie sous la forme de la grâce et de l'inachevé, alors ledésordre qui résulte du mouvement est au contraire la condition de la beauté.
Enfin là où règne le désordre, peutémerger une beauté spécifique qui a pour nom le sublime..
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