Opposer la science et la philosophie est-ce légitime ?
Publié le 28/03/2009
Extrait du document
Son caractère «général«, délibéré chez elle, lui est reproché par les scientistes, peu fidèles en cela au positivisme authentique d'Auguste Comte qui, au contraire, portait ce caractère au crédit de la philosophie. Les sciences particulières semblent alors se tenir en face de la philosophie comme autant de disciplines qui lui seraient extérieures, alors même qu'elles prennent naissance dans ce qui fonde sa raison d'être. Quel statut faut-il donc donner à la distinction des sciences et de la philosophie, si l'on écarte les malentendus évoqués ? Ceux-ci ont pu d'ailleurs se renforcer au fur et à mesure que s'accentuait la « spécialisation dispersive « des sciences déjà observée par Auguste Comte. A tel point que l'idée même d'une communauté d'origine et de finalité ultime de la science et de la philosophie s'oublie aujourd'hui dans le discours scientiste qui prétend opposer science et philosophie, rejetant la seconde dans la sphère des survivances anachroniques. Nombre de savants cependant récusent une telle opposition. On se souvient d'Einstein écrivant «L'évolution des idées en physique« (Éditions Payot) et rappelant le caractère essentiel, pour la pensée scientifique elle-même, de la philosophie. Mais surtout, la réactivation de la réflexion éthique sur la science et à partir d'elle vient préciser utilement que le problème des fins et des utilisations de la connaissance scientifique ne peut lui demeurer plus longtemps étranger. Les savants ont « besoin « de philosophie, mais non pas à la façon dont on requiert un supplément d'âme. Réfléchissant sur les fondements de leur activité, mais aussi sur son sens et ses enjeux, ils sont d'emblée mus par une «inquiétude philosophique«.
• Expliquez les termes mis en jeu :
— opposer : littéralement, mettre face à face pour le combat : mettre en contraste, comme deux réalités aussi différentes que possible, incompatibles, inconciliables. — science : au sens large : savoir rationnel, conforme aux exigences de la raison souveraine ; au sens moderne et strict : système de connaissances discursives, établissant des relations nécessaires entre les phénomènes étudiés. — philosophie : sens premier : tout le savoir rationnel, quel que soit son objet. De nos jours : activité réflexive et critique ; conception générale de l'existence, etc. — légitime : fondé en droit, justifié par la raison, le bon sens, etc.
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Conseils pratiques
• Un intitulé de sujet riche et intéressant, qui questionne le philosophe et le penseur au plus profond de leursinterrogations.
Science et philosophie : peut-on les séparer, les opposer ? N'est-ce pas ensemble, dans leur unitéprofonde, qu'il est légitime de les penser ? Un beau sujet pour les élèves de terminales C, D, E (et les autres ...), quidoivent réfléchir sérieusement sur ces questions, au cœur même de notre culture.Mais affirmer la richesse du sujet n'est pas dire qu'il est facile.
Que faire, pour bien la maîtriser ?
• Expliquez les termes mis en jeu :— opposer : littéralement, mettre face à face pour le combat : mettre en contraste, comme deux réalités aussidifférentes que possible, incompatibles, inconciliables.— science : au sens large : savoir rationnel, conforme aux exigences de la raison souveraine ; au sens moderne etstrict : système de connaissances discursives, établissant des relations nécessaires entre les phénomènes étudiés.— philosophie : sens premier : tout le savoir rationnel, quel que soit son objet.
De nos jours : activité réflexive etcritique ; conception générale de l'existence, etc.— légitime : fondé en droit, justifié par la raison, le bon sens, etc.• Quelle est la signification de l'intitulé? Mettre en contraste -comme deux réalités ou disciplines conçues commeaussi différentes que possible — le système de connaissances discursives énonçant des lois (la science) et l'activitéréflexive (la philosophie), est-ce fondé en droit et justifié par la raison ?• Le problème soulevé par le sujet est celui de savoir s'il existe une unité de l'esprit humain, à travers sesréalisations, productions et modes divers.
La volonté de savoir est-elle une ou plurielle ?• Le plan dialectique semble ici tout à fait adapté à l'intitulé.A) Thèse : il n'est pas légitime d'opposer science et philosophie.
Analyse de la longue symbiose historique de lascience et de la philosophie, de Thaïes jusqu'au siècle des Lumières (xvnf siècle).B) Antithèse : la rupture et l'opposition moderne.
Opposition des deux disciplines ayant des caractères et desfinalités propres et divergeant complètement, en contraste l'une avec l'autre.C) Synthèse : unité de la philosophie et de la science.La vraie fin de la science n'est-elle pas d'ordre métaphysique ? Science et philosophie expriment l'unité de l'esprithumain, en quête d'identité et de rationalité.• La réponse au problème soulevé sera la suivante : l'esprit est un, en ses plus hautes productions (science, art,religion, philosophie, etc.).
Introduction
• Nous sommes ici interrogés sur le caractère «légitime» - c'est-à-dire fondé en droit et justifié en raison - d'une«opposition», d'une mise en contraste, comme disciplines aussi différentes que possible et inconciliables - de lascience et de la philosophie.
Au sens moderne du texte, la première désigne un ensemble de connaissancesdiscursives, établissant des lois.
Quant à la seconde, elle ne fait qu'un avec le savoir réflexif et rationnel.
Est-illégitime de les «mettre face à face, pour le combat» et de les estimer incompatibles ? Ces deux registres de lapensée doivent-ils ou non être jugés dans leur opposition et leur contraste ?• Opposer science et philosophie, n'est-ce pas en venir à l'idée que nous sommes condamnés à la séparation, voireà l'émiettement des connaissances ? Si, en effet, la science s'oppose totalement à la philosophie, on ne peutréunifier les diverses disciplines scientifiques, puisque la science ne relève évidemment pas de l'approche unitaire ettotalisante qui caractérise la philosophie.
Mais alors, nous serions renvoyés à une volonté de savoir en quelque sorteéclatée en de multiples fragments.
D'où le problème soulevé par le sujet : la volonté de savoir est-elle une ouplurielle et y a-t-il ou non une unité de l'esprit humain, unité perceptible sous des modes divers ?
A) Thèse : unité de la science et de la philosophie.
Toute opposition est illégitime.
Comment serait-il légitime d'opposer science et philosophie, alors que leur unité s'est, pendant tant de siècles,affirmée sans la moindre équivoque ni ambiguïté ? Reprenons, en effet, les définitions de ces deux disciplines,envisagées maintenant d'un point de vue historique et diachronique, en quelque sorte.
La science désigne, au senslarge, un savoir rationnel, conforme aux exigences de la raison souveraine, une connaissance certaine et rationnelle.La science représente une connaissance ayant une valeur et Line portée universelle, portant sur la cause deschoses, un savoir nécessaire et universel.
C'est bien ce que nous affirme Aristote au début des Seconds Analytiques(pp.7-8, Vrin) : «Nous estimons posséder la science d'une chose d'une manière absolue, et non pas, à la façon desSophistes, d'une manière purement accidentelle, quand nous croyons que nous connaissons la cause par laquelle lachose est, que nous savons que cette cause est celle de la chose, et qu'en outre, il n'est pas possible que la chosesoit autre qu'elle n'est [...] l'objet de la science au sens propre est quelque chose qui ne peut pas être autre qu'il.
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