Opposer la science et la philosophie, est-ce légitime ?
Publié le 02/02/2004
Extrait du document
- I) La philosophie s'oppose à la science.
- II) La science ne s'oppose pas à la philosophie.
«
• Au lieu de former des concepts trop larges pour les choses, comme le faisait la philosophie selon Bergson, l'intuition comprend les choses selon leurs véritables articulations : saprécision ne fait pas les concepts trop généraux, et entre dans les chosesmêmes pour épouser leur mouvement : de relative à celui qui connaît, laconnaissance devient connaissance absolue de ce qui est connu.
• La clarté de l'intelligence est celle de la reconnaissance du déjà connudans l'inconnu ; la clarté de l'intuition, celle de la compréhensionimmédiate d'une chose totalement inconnue.
La première découpel'inconnu en éléments, la seconde le saisit dans son unité indivisible.
B.
La vérité et les faux problèmes en philosophie.
• Ce que l'intelligence nous porte à croire n'est ni vrai ni faux, mais utile.Nos habitudes de penser sont subordonnées à l'efficacité, non à la vérité ;en les transposant indûment dans le champ de la connaissance, nousfaisons naître des problèmes théoriques.
• Ce qui est vrai ou faux en philosophie, ce n'est donc pas la réponse à unproblème, mais le problème lui-même.
L'intelligence pratique pose de fauxproblèmes : les résoudre, ce n'est pas y répondre, c'est les dissoudre. Pourtant, un faux problème de la métaphysique n'est pas un problème arbitraire, mais naturel à l'esprit humain.
• En posant les vrais problèmes, l'intuition donne par le fait même les moyens de les résoudre.
La réponsedevient possible sitôt que le problème est bien posé.
Reste à la découvrir.
2.
Collaboration de la philosophie et de la science
A.
Qu'est-ce que la métaphysique ?
• Les procédés de l'intelligence s'appliquent légitimement à la matière ; mais les faux problèmes surgissent deleur application à l'esprit.
Parce que les « données immédiates de la conscience » ne se prêtent pas à desconstructions géométriques, chimiques ou mécaniques, les méthodes de l'intelligence ne conviennent pas àune science de l'esprit.• Parce que l'esprit doit être avant tout saisi comme durée, son étude doit se faire par l'intuition, seule àmême de retrouver la durée sous les constructions spatialisantes du langage.
L'intuition est la méthode d'unescience de l'esprit.
• La métaphysique, débarrassée des faux problèmes et pourvue d'une méthode propre, devient scientifique.Au lieu de se consumer en débats stériles sur la liberté ou l'immortalité de l'âme, elle devient capable derésoudre ces questions en en posant correctement les problèmes.
B.
La métaphysique et la science
• La science positive de la matière est le prolongement de l'intelligence.
Son but est de nous en rendremaîtres.
Par son progrès indéfini, la science atteint le savoir absolu de la matière.
• La connaissance de l'esprit est réservée à la métaphysique.
Parce que sa méthode n'est pas l'analyse, maisl'intuition, simple, claire et précise, la métaphysique peut atteindre d'emblée un savoir absolu et définitif.Restera à en préciser les données ; comme la science, la métaphysique progresse, mais différemment.
• Science de la matière et science de l'esprit collaborent donc en se partageant les domaines, et se prêtentune assistance mutuelle sur des questions limitrophes.
Ainsi, dans Matière et Mémoire, la question de larelation de l'âme et du corps est résolue par Bergson avec l'aide conjointe de la métaphysique et de laphysiologie.
BERGSON
" Notre intelligence, telle que l'évolution de la vie l'a modelée, a pour fonction essentielle d'éclairer notreconduite, de préparer notre action sur les choses, de prévoir, pour une situation donnée, les événementsfavorables ou défavorables qui pourront s'ensuivre.
Elle isole donc instinctivement, dans une situation, ce quiressemble au déjà connu : elle cherche le même, afin de pouvoir appliquer son principe que "le même produit lemême".
En cela consiste la prévision de l'avenir par le sens commun.
La science porte cette opération au plushaut degré possible d'exactitude et de précision, mais elle n'en altère pas le caractère essentiel.
Comme laconnaissance usuelle, la science ne retient des choses que l'aspect répétition.
Si le tout est original, elles'arrange pour l'analyser en éléments ou en aspects qui soient à peu près la reproduction du passé.
Elle nepeut opérer que sur ce qui est censé se répéter, c'est-à-dire sur ce qui est soustrait, par hypothèse, à.
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