On voulait démontrer à Alain que les Fables de La Fontaine ne conviennent pas aux écoliers : « Ils ne peuvent en saisir tout la beauté. » «Je l'espère bien ! » répondit-il. Comment comprenez-vous ce paradoxe ? A un âge où vous êtes capable de lire de façon plus réfléchie (et sans vous croire obligé de faire référence à La Fontaine), quel regard portez-vous sur vos regards de jeunesse ?
Publié le 03/04/2009
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Qui n'a pas connu le bonheur du premier livre, qui n'était pas le premier lu — celui-là est oublié à jamais, disparu dans les oubliettes de la mémoire —, mais celui qui, le premier, nous a fait aimer la lecture ? Et si nous n'en gardons plus qu'un souvenir diffus, un parfum de féerie, l'image de cet ailleurs merveilleux, de ces personnages inconnus auparavant et soudain amis, sera longtemps présente à nos esprits, comme ces greniers fabuleux de l'enfance où l'on s'inventait des mondes les jours de pluie. Nos premiers livres furent des livres d'images et, lorsque les images disparurent, reléguées pour toujours au pays des légendes, nous avons découvert le pouvoir visuel des mots, pouvoir magique et secret. De ces lectures de jeunesse, nous avons retenu le premier éblouissement, le plaisir de la découverte... qui longtemps en a éclipsé la portée. Le regard que nous leur jetons aujourd'hui — amusé peut-être, nostalgique sans doute — offre avant tout une leçon riche d'enseignements.
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- LA FONTAINE « On fait apprendre les fables de La Fontaine aux enfants Il n'y en a pas un seul qui les entende. Quand ils Les entendraient, ce serait encore pis, car la morale en est tellement mêlée et disproportionnée à leur âge, qu'elle les porterait au vice plus qu'à la vertu. » (Jean-Jacques Rousseau.)
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