On parle souvent de la relativité de la connaissance scientifique. Que pensez-vous de cette expression ?
Publié le 11/01/2004
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est bien banal, mais la science contemporaine en fournit de nombreux autres.
Ainsi la théorie de la Relativité,conçue par Einstein vers 1905, faisait prévoir la déviation des rayons lumineux au voisinage du soleil, ce qui futvérifié lors de l'éclipse totale de 1919.
De même, alors que le phénomène de diffraction paraissait propre aurayonnement, la théorie de la mécanique ondulatoire construite par Louis de Broglie impliquait la possibilité d'unediffraction des électrons, expérience qui fut réalisée par les physiciens américains Davisson et Germer en 1935.Ensuite, faut-il accepter l'affirmation péremptoire de Duhem : une théorie « ne nous apprend absolument rien et neprétend rien nous apprendre [...] sur la nature même des choses, touchant les réalités qui se cachent sous lesphénomènes»? Ou faut-il soutenir avec Émile Meyerson que la science exige le concept de chose? En faveur deDuhem, il serait trop facile d'invoquer la fameuse déclaration de Newton sur la nature de l'attraction : « Hypothesesnon fingo, je ne forge pas d'hypothèses.
» Mais si Newton se refusait à se faire une idée de ce qui dépassel'observation, à savoir la nature d'une action à distance, il ne s'est pas fait faute, en optique, de recourir à unehypothèse sur la nature corpusculaire de la lumière, car il estimait qu'en ce cas elle conduirait à des calculscontrôlables par l'expérience.
La question subsiste donc : quelle est la valeur représentative des théories, c'est-à-dire que nous font-elles connaître du réel? Il n'est pas douteux que la représentation de la réalité a souvent servi aumoins d'hypothèse féconde de travail.
En voici un autre exemple : « La thermodynamique n'a trouvé sa véritableinterprétation, écrit L.
de Broglie, que le jour où Boltzmann et Gibbs, adoptant l'hypothèse atomique, ont pu rendrecompte des lois thermodynamiques en appliquant aux éléments innombrables dont est fait tout corps matérielpondérable les lois de la Mécanique statistique.» Ainsi les représentations concrètes aident les chercheurs àdévelopper leurs théories et il faut sans doute passer par l'intermédiaire des images pour s'élever à l'abstraction.Mais il est bien vrai que ces images s'épurent et se détachent progressivement de toute intuition sensible, si bienqu'à la limite, comme dit le physicien anglais Goudsmit « l'atome n'est plus qu'un système d'équations ».On objectera peut-être que c'est revenir au nominalisme, qui ne reconnaît que la valeur pragmatique de la théorie.Mais Henri Poincaré fournit la réponse qui paraît bien sans réplique : « Il n'y a pas moyen d'échapper à ce dilemme :ou bien la science ne permet pas de prévoir, et alors elle n'a pas de valeur comme règle d'action, ou bien elle permetde prévoir d'une façon plus ou moins parfaite, et alors elle n'est pas sans valeur comme moyen de connaissance.» A.Comte a dit : « savoir, c'est prévoir et pouvoir » ; on peut dire inversement : « prévoir et pouvoir, c'est savoir ».
Etce que démontre H.
Poincaré, c'est qu'il reste quelque chose de chaque théorie, à savoir les rapports qu'elle établit.On oppose que les théories ne sont pas vraies, parce qu'il peut y en avoir plusieurs qui expliquent également bien lemême ordre de phénomènes.
Mais, au contraire, si elles sont équivalentes, c'est parce qu'elles traduisent sous desformes différentes le même ordre objectif.
En ce sens, la théorie de Fresnel reste vraie, même après avoir étédétrônée par celle de Maxwell, puisqu'elle permet encore de prévoir les phénomènes optiques et qu'elle conduit auxmêmes équations différentielles.
« Les équations expriment des rapports, et si les équations restent vraies, c'estque ces rapports conservent leur réalité.» Donc, en règle générale, les théories ne se détruisent pas, la dernière endate englobe la précédente et celle-ci garde, pour une certaine approximation, sa valeur.
Comme la loi de Boyle-Mariotte par rapport à celle de Van der Waals, la mécanique classique garde la sienne par rapport à la théorieeinsteinienne de la Relativité.
Képler se donnait à juste titre pour un disciple de Copernic.
Newton continue Képler.Ce qui est essentiel pour tous, c'est la réfutation du géocentrisme.
La théorie de la Relativité restreinte établit quele temps de chaque observateur n'est pas universel et absolu.
La théorie de la Relativité généralisée maintient cerésultat, Weyl et Eddington aussi, bien qu'ils prétendent dépasser les théories d'Einstein..
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