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On parle des "droits de l'homme". Cette notion a-t-elle un fondement philosophique ?

Publié le 17/01/2022

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Elle se présente comme une loi transcendante qui a existé bien avant l'apparition des peuples et des sociétés civiles. Elle est née de l'esprit divin : « ... la loi n'est pas une invention de l'esprit humain ni un décret des peuples, mais quelque chose d'éternel qui gouverne le monde entier, montrant ce qu'il est sage de prescrire ou d'interdire. Cette loi [...] est l'esprit de Dieu promulguant des obligations et des défenses également rationnelles. » (« Des lois », livre II).Cette loi transcendante est la seule et unique source de légitimité. Mais si elle oblige absolument, elle ne contraint pas pour autant matériellement, ce qui signifie que les hommes peuvent aussi agir sans tenir compte de la raison et de ses prescriptions. D'où la nécessité des lois positives et de la contraintes qui en assure la validité. Pour être justes, ces lois doivent être conformes à la loi naturelle.

Ce n'est pas parce qu'il est souvent question dans l'actualité des "droits de l'homme", que nous pouvons tenir cette notion pour immédiatement claire.  La question ne porte pas du tout sur la nécessité de défendre les droits de l'homme, ou sur leur importance, mais sur la possibilité de fonder en raison cette notion. La philosophie est-elle à même de fournir à cette notion de "droits de l'homme" une base à partir de laquelle on puisse penser cette idée qui est loin d'aller de soi: que l'individu humain soit naturellement et nécessairement possesseur d'un certain nombres de droits innés, et ce quelles que soient les époques et les lieux (notion d'universalité).

« Critique relativiste - Cette critique relativiste, la plus redoutable et inexpugnable, est dirigée contre l'universalité des droits de l'homme.Ces droits renvoient à une certaine conception de l'homme qui est née en occident et qui ne vaudrait que pour ceuxqui appartiennent à cette culture. - Le relativisme est une doctrine très séduisante et fort utile, qui fonde le principe de la tolérance et du respect desautres, comme l'a si bien montré Montaigne dans Les Essais. - Le relativisme semble d'abord avoir de son côté les sciences humaines (l'ethnologie et la sociologie notamment) quinous apprennent que les cultures sont diverses et spécifiques : la culture est considérée comme l'ensemble despratiques, des croyances, des institutions qui font l'unité d'un peuple ou d'un groupe social.

Idée d'une relativité descultures : elles sont toutes spécifiques, aucun critère ne permet de décider si l'une est supérieure à l'autre; lesdroits de l'homme sont l'expression d'une culture occidentale; il est donc illégitime d'en tirer argument pourcondamner certaines pratiques qui ont un sens dans d'autres cultures.

Ainsi la soumission de la femme dans certainspays, la pratique des mutilations sexuelles ne pourrait - elles être condamnées au nom des droits de l'hommepuisque ce serait une sorte de « racisme culturel » que de dénoncer une culture différente qui possède ses valeurspropres.

Le refus de l'ethnocentrisme empêche de juger; la compréhension de l'univers culturel impose d'accepter.Définition de la tolérance comme acceptation inconditionnelle des différences. - La position relativiste est implicitement celle du positivisme juridique : la réduction du droit au fait, le refus d'unenorme du droit – le droit naturel – s'appuient généralement sur le constat de la variabilité des systèmes de droit,suivant les Etats, les traditions nationales, les religions, etc.

Vouloir ramener cette diversité à des principescommuns, c'est se comporter de manière purement extérieure et manquer la compréhension de chaque système dedroit positif. - La question que pose la critique relativiste est de taille : l'idée de liberté et d'égalité entre individus est-elleuniversalisable ? Au nom de l'égalité entre les cultures, peut-on accepter ailleurs l'inacceptable chez soi (l'excisiondes filles, la soumission des femmes, le travail des enfants, l'esclavage, etc.) ? L'attitude morale contraint-elle àrespecter les différences entre les cultures ou à dénoncer des violences qui restent immorales quand bien mêmeelles seraient le produit d'une autre culture ? La compréhension de la culture de l'autre conduit-elle à l'acceptationde tout ou y a-t-il des valeurs transcendantes aux cultures et à leur relativisme ? Les limites de ces critiques.

Défense des droits de l'homme - Nous limiterons cette partie à la mise en évidence des dangers et paradoxes du relativisme qui semble être laposition critique la plus difficile à infirmer. - Le relativisme peut conduire à une position d'acceptation de l'ordre existant.

Il peut même devenir, au nom del'exotisme, un auxiliaire du sous-développement.

Si l'on ne peut pas juger le droit, au nom de quoi va-t-on refuserdes lois manifestement inacceptables ? - Certes, la relativité des cultures est un fait.

La compréhension d'une culture est un principe de non-violence et detolérance.

Mais la tolérance et l'acceptation des différences ne sont pas les seules valeurs morales.

La liberté, lerespect de la dignité humaine sont sans doute des valeurs bien plus fondamentales.

Comprendre, connaître nesignifient pas accepter ; la connaissance ne saurait se substituer au jugement, la science ne remplace pas la morale(comprendre les causes, les circonstances d'un crime n'implique pas de l'accepter, comme le montre lefonctionnement d'un procès judiciaire).

Or, le relativisme aboutit justement à cette idée que le nazisme, l'intégrismereligieux sont compréhensibles et donc acceptables. - Cette question du relativisme nous invite à réfléchir sur la signification de la tolérance puisque, sur le plan moral,c'est au nom de la tolérance que le relativisme prétend se justifier.

Or, être tolérant, est-ce tout tolérer ? Enréalité, même pour un esprit tolérant – et surtout pour lui ! – il y a de l'intolérable, de sorte que la tolérance sanslimite paraît synonyme d'indifférence ou d'acceptation passive de tout.

Donnons un exemple. - Sur le plan politique, une mentalité tolérante, c'est-à-dire démocratique, ne risque-t-elle pas de se condamner àdisparaître si elle admet comme tolérables les opinions et les actes qui cherchent à la contester ou à la détruire(faut-il accorder la liberté aux ennemis de la liberté ?) ? L'intolérance ne peut que se fortifier si elle ne rencontre pasd'obstacles (voir, en France, le débat sur les responsabilités quant à l'émergence politique et électorale des. »

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