On nous conteste de tous côtés le droit d'admettre un psychique inconscient
Publié le 19/03/2014
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« On nous conteste de tous côtés le droit d'admettre un psy¬chique inconscient et de travailler scientifiquement avec cette hypothèse. Nous pouvons répondre à cela que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire et légitime, et que nous possédons de multiples preuves de l'existence de l'inconscient. Elle est nécessaire, parce que les données de la conscience sont extrê¬mement lacunaires ; aussi bien chez l'homme sain que chez le malade, il se produit fréquemment des actes psychiques qui, pour être expliqués, présupposent d'autres actes qui, eux, ne bénéficient pas du témoignage de la conscience. Ces actes ne sont pas seulement les actes manqués et les rêves, chez l'homme sain, et tout ce qu'on appelle symptômes psychiques et phéno¬mènes compulsionnels chez le malade ; notre expérience quoti¬dienne la plus personnelle nous met en présence d'idées qui nous viennent sans que nous en connaissions l'origine, et de résultats de pensée dont l'élaboration nous est demeurée cachée. Tous ces actes conscients demeurent incohérents et incompréhensibles si nous nous obstinons à prétendre qu'il faut bien percevoir par la conscience tout ce qui se passe en nous en fait d'actes psychiques : mais ils s'ordonnent dans un ensemble dont on peut montrer la cohérence, si nous interpolons les actes inconscients inférés. Or, nous trouvons dans ce gain de sens et de cohérence une raison pleinement justifiée, d'aller au-delà de l'expérience immédiate. Et s'il s'avère de plus que nous pouvons fonder sur l'hypothèse de l'inconscient une pratique couronnée de succès, par laquelle nous influençons, conformément à un but donné, le cours des processus conscients, nous aurons acquis, avec ce succès, une preuve incontestable de l'existence de ce dont nous avons fait l'hypothèse. «
Freud, Métapsychologie (1915), traduit par j Laplanche et J.-B. Pontes, Éd. Gallimard, coll. Idées, 1968, p. 66 sq.
Il n'y a pas d'identité
entre le psychisme et le conscient
En réponse à des critiques nombreuses, Freud affirme que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire et légitime. Il y a des actes psychologiques conscients qui ne peuvent être expliqués que par des actes psychiques qui, eux, échap¬pent «
«
conscience, mais par un autre acte psychique : d'où l'idée
d'enchaînement continu (et sous-jacen t) des actes psy
chiques.
Alors que
la conscience est un phénomène de sur
face dont les « données sont lacunaires » (et non pas conti
nues),
et même, souligne Freud, généralement lacunaires
( « extrêmement»).
Autrement dit, il n'y a pas id entité entre
conscience
et états psychiques, mais un champ plus large
des états psychiques que celui de
la conscience.
1 L'hypothèse de l'inconscient
se justifie théoriquement
On pourrait « contester » l'existence d'un inconscient
chez
l'homme sain .
Contre cette thèse, Freud argumente
sur
le principe du « aussi bien » : aussi bien l'homme bien
portant que le patient.
Avec des exemples faciles à recon
naître
pour soi-même, en ce qui concerne «l'homme sain » :
les actes manqués, les rêves.
Pour ce qui concerne le
malade, Freud simplifie le vocabulaire médical en utilisant le
terme génériq ue :
« tout ce qu,on appelle symptômes psy
chiques ».
Tout symptôme est symptôme de quelque chose
d'autre (un état psychique qui renvoie
à un autre éta t psy
chique ...
).
Quant à la compulsion, elle est cette tendance
forte
à répéter des situations névrotiques qui ne peut s'ex
pliquer que par référence
à un inconscient.
1 La cure psychanalytique comme
preuve expérimentale
Dans une seconde partie, beaucoup plus brève, Freud
argumente sur
la légitimité de l'hypothèse de l'inconscient
en faisant référence
à la pratique de la psychanalyse.
Cette
thérapeutique, fondée sur l'hypothèse de l'inconscient,
réussit .
C'est une
«preuve » expérimentale « incontestable »
qui donne consistance de fait
à ce qui, jusqu'alors, n'était
qu'hypothèse intellectuelle.
D'autant que cette influence
n'est pas limitée au coup par coup, mais qu'elle s'organise
selon
un programme où le but est préétabli (selon « un but
donné » ).
Ainsi Freud a-t-il couvert l'ensemble de la
démarche scientifique : passage de l'hypothèse à la théorie,
de
la théorie à la pratique expérimentale (observation des
faits, expérimentation).
Ce qui permet de transformer
ce
qui, un moment, n'a été qu'une simple hypothèse en une
thèse centrale
d'une nouvelle conception de l'h omme •.
»
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