On a dit de la science qu'elle est une connaissance approchée. Que pensez-vous de cette opinion ?
Publié le 08/10/2013
Extrait du document
Le progrès dans la précision manifeste sa fécondité jusque dans la découverte. Parmi beaucoup d'exemples, on peut citer celui de la découverte de l'argon. Lord Rayleigh avait constaté que la densité de l'azote chimique est de 1,2505 alors que celle de l'azote extrait de l'air était de 1,2572. On chercha à expliquer de diverses façons cette légère différence. Mais lord Rayleigh eut l'idée que l'azote atmosphérique était un mélange et réussit, en 1894, à en tirer l'argon.
«
1.
Sciences exactes et sciences approchées.
Au sens courant du terme, approché s'oppose à exact.
Une connais
sance est dite exacte lorsque, portant sur des grandeurs, elle nous
donne de ces grandeurs une mesurp qui «n'est ni supérieure ni infé
rieure, de si peu que ce soit, à la grandeur mesurée n (LALANDE,
ouv.
cité, p.
315).
Au contraire, une mesure est dite approchée lorsqu'elle
est seulement l ;
les
Sciences expérimentales sont des « sciences approchées n.
Expli
quons ces deux expressions.
A.
- Les Mathématiques portent sur des notions idéales qui, si elles
ont eu quelques origines empiriques, ont été comme décantées par
l'esprit de leur gangue sensible et ont été refondues par lui sur le
plan de l'intelligible pur (Précis, Ph.
II, p.
91-92; Sc.
et M., p.
208-209).
Dès
lors, il leur est possible d'énoncer sur ces notions idéales des
propositions rigoureusement exactes, au sens qui a été défini ci-dessus.
Lorsque la Géométrie énonce que la somme des angles du triangle
vaut deux droits, que l'aire du triangle est égale au demi-produit
de sa base par sa hauteur ou le volume de la pyramide au tiers du
produit de sa base par sa hauteur, lorsque l' Algèbre nous enseigne
que la somme des termes d'une progression arithmétique est le
produit de la demi-somme des extrêmes par le nombre des termes, etc.,
ces propositions sont vraies rigoureusement, indépendamment de
toute approximation (Précis, Ph.
II, p.
109; Sc.
et M., p.
226).
Bien entendu, cette «exactitude» ne s'applique qu'aux Mathé
matiques pures, aux figures idéales de la Géométrie, aux nombres
abstraits, etc.
Dès qu'on passe aux applications empiriques, l' approxi
mation apparaît.
Si je veux évaluer l'aire d'un champ triangulaire,
la formule géométrique ne me donnera qu'une valeur approchée,
parce que le champ n'est qu' approximativement un triangle, parce
que les figures réelles ne sont jamais parfaitement régulières, parfai
tement conformes à leur modèle idéal.
Il en est de même si je veux
évaluer arithmétiquement un nombre irrationnel tel que 7t : « Le
nombre 7t est défini très exactement par le rapport de la circonfé
rence à son diamètre...
C'est dans son évaluation par les moyens
arithmétiques que cette notion est frappée d'inexactitude et rend
nécessaires des procédés d'approximation>> (BACHELARD, ouv.
cité,.
»
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