Obéir, est-ce renoncer à être libre ?
Publié le 03/05/2013
Extrait du document
«
voulant enterrer Polynice, alors jugé coupable de haute trahison.
Elle finira par se pendre dans
la grotte où elle a été emmurée.
Antigone pourtant, si elle désobéit à la loi (illégalité), elle ne
désobéit pas à la légitimité.
Il y a donc deux niveaux d’obéissance, ce qui est légal et ce qui
est légitime.
On peut donc obéir à des principes légitimes divins et éternels comme enterrer
son frère tout en désobéissant à la loi écrite.
Désobéir pour être libre doit donc être en vue d’une recherche de justice car obéir à
l’injustice c’est renier sa liberté.
Il nous faut dont repenser la liberté comme un fait de faire
légitimement ce que l’on doit mais pas tout ce que l’on veut.
D’autres théories, notamment stoïciennes, consistent à dire que l’Homme doit obéir à ce qui
doit être.
La liberté n’est pas un égoïsme sans règle car pour toute vie en société politique soit
viable, il faut un modèle démocratique avec des lois pour justement éviter la loi du plus fort.
Ainsi chacun est obligé d’obéir à des règles mais peut toujours avoir une certaine forme de
liberté.
Car dans le cadre de la loi du plus fort, les plus faibles verraient la liberté leur
échapper.
L’ordre auquel nous devons obéir est légitime.
Comme par exemple l’explique
Cicéron dans De Republica , le légitime est la loi ayant raison.
Quelqu’un qui n’obéirait pas
montre alors des signes de méconnaissance de la nature humaine.
Montesquieu, à travers De l’esprit des lois argumente lui aussi en faveur de la loi, prouvant
que grâce à elle la liberté existe et plus précisément, la liberté est pour lui le droit de faire tout
ce que les lois permettent.
Hobbes, expliquant sa pensée à propos du contrat social dans Léviathan , pense qu’il faut
également obéir à un Etat, même si cela est en partie une perte de liberté, car donner son
consentement pour lutter contre le risque de guerre (tous contre tous) ou contre la menace de
la paix commune, les individus se doivent de passer ensemble un pacte commun où chacun
renonce au « vigilantisme » et donne procuration à l’Etat en vue d’assurer la paix, la sécurité
et l’ordre public.
Il nous faut donc concilier obéissance et liberté car liberté sans obéissance est impossible.
Mais peut-être y-a-t’il une façon de rassembler le légitime du moral, et le libre de
l’obéissance.
Nous pouvons ainsi tenter de redéfinir la liberté comme Kant l’a écrit dans la Critique de la
raison pratique , telle une autonomie.
L’autonomie se définit comme la capacité de l’Homme
de se donner à lui-même une loi morale, c’est-à-dire des principes d’action, reconnus comme
légitimes.
Cela suppose deux dimensions puisque la dimension morale définit la loi et la
dimension sensible contraint l’Homme d’y obéir.
En me donnant à moi-même les principes
qui vont conduire moralement mon existence je deviens l’auteur de ma propre existence, ainsi
la liberté ne serait pas incompatible ni avec le devoir ni avec la loi.
Comme pour Kant, Rousseau définit la liberté comme une autonomie, car si la loi limite notre
liberté elle en est également la condition.
La liberté est donc paradoxalement le pouvoir
d’obéir à la loi morale.
Dans les Lettres écrites de la montagne , il distingue indépendance et
liberté, montrant que c’est la loi qui nous libère en nous affranchissant de la dépendance à
l’égard de la volonté d’autrui.
Pour conclure, nous devons désobéir si nous sommes opposés à un régime despotique afin de
revendiquer des droits que l’on peut qualifier d’universels et légitimes, mais obéir à condition
que l’on ait un pouvoir ouvert à la reconnaissance des droits des uns et des autres.
Obéir par
obligation c’est se faire un devoir de suivre un principe moral qu’on s’est librement donné et
que l’on juge légitime.
Au contraire, obéir par contrainte c’est se soumettre par peur ou sous.
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