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Obéir, est-ce renoncer à être libre ?

Publié le 03/05/2013

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« Obéir, est-ce renoncer à être libre ? « Obéir, verbe venant du latin oboedire, semble tout d'abord se définir comme l'acte de se conformer, de se soumettre à l'ordre d'un supérieur dont l'autorité est reconnue. Il s'opposerait donc au terme de liberté, car être libre, c'est pouvoir faire ce que l'on veut, où plutôt de ne pas être empêché de faire ce que l'on désire. Dans notre problématique nous avons également le terme renoncer, signification du fait de se démettre. Or précisément, obéir est-ce renoncer à la liberté ? Si se soumettre c'est être esclave alors désobéir c'est être libre ? Mais pourtant il nous faut bien assister à la cohabitation des deux, car il n'y a pas de liberté sans loi. Comment obéir sans renoncer à sa liberté ? Nous avons peut-être des formes de liberté particulières qui nous permettraient ainsi de conduire moralement notre propre existence, telle l'autonomie. Certaines thèses libertaires, défendent l'idée que seul la force et le cran de désobéir peuvent rendre réellement heureux, car toute forme d'obéissance se résume à l'esclavage. Nous pouvons relier ces positions à l'anarchisme, défendues notamment par Michel Bakounine dans Dieu et l'Etat. Il pose les fondements du socialisme libertaire. Pour lui la liberté est donc une attitude forte se désintéressant de toute contrainte, de toute règle et de toute norme. Paul Goodman, autre moraliste et philosophe anarchiste, pense que l'individu doit s'opposer à l'état car l'état est la forme la plus répressive des individus et des groupes. Ainsi toute forme de servitude étatique est à repousser, car illégitime. Il défend également la...

« voulant enterrer Polynice, alors jugé coupable de haute trahison.

Elle finira par se pendre dans la grotte où elle a été emmurée.

Antigone pourtant, si elle désobéit à la loi (illégalité), elle ne désobéit pas à la légitimité.

Il y a donc deux niveaux d’obéissance, ce qui est légal et ce qui est légitime.

On peut donc obéir à des principes légitimes divins et éternels comme enterrer son frère tout en désobéissant à la loi écrite.

Désobéir pour être libre doit donc être en vue d’une recherche de justice car obéir à l’injustice c’est renier sa liberté.

Il nous faut dont repenser la liberté comme un fait de faire légitimement ce que l’on doit mais pas tout ce que l’on veut.

D’autres théories, notamment stoïciennes, consistent à dire que l’Homme doit obéir à ce qui doit être.

La liberté n’est pas un égoïsme sans règle car pour toute vie en société politique soit viable, il faut un modèle démocratique avec des lois pour justement éviter la loi du plus fort.

Ainsi chacun est obligé d’obéir à des règles mais peut toujours avoir une certaine forme de liberté.

Car dans le cadre de la loi du plus fort, les plus faibles verraient la liberté leur échapper.

L’ordre auquel nous devons obéir est légitime.

Comme par exemple l’explique Cicéron dans De Republica , le légitime est la loi ayant raison.

Quelqu’un qui n’obéirait pas montre alors des signes de méconnaissance de la nature humaine.

Montesquieu, à travers De l’esprit des lois argumente lui aussi en faveur de la loi, prouvant que grâce à elle la liberté existe et plus précisément, la liberté est pour lui le droit de faire tout ce que les lois permettent. Hobbes, expliquant sa pensée à propos du contrat social dans Léviathan , pense qu’il faut également obéir à un Etat, même si cela est en partie une perte de liberté, car donner son consentement pour lutter contre le risque de guerre (tous contre tous) ou contre la menace de la paix commune, les individus se doivent de passer ensemble un pacte commun où chacun renonce au « vigilantisme » et donne procuration à l’Etat en vue d’assurer la paix, la sécurité et l’ordre public.

Il nous faut donc concilier obéissance et liberté car liberté sans obéissance est impossible.

Mais peut-être y-a-t’il une façon de rassembler le légitime du moral, et le libre de l’obéissance. Nous pouvons ainsi tenter de redéfinir la liberté comme Kant l’a écrit dans la Critique de la raison pratique , telle une autonomie.

L’autonomie se définit comme la capacité de l’Homme de se donner à lui-même une loi morale, c’est-à-dire des principes d’action, reconnus comme légitimes.

Cela suppose deux dimensions puisque la dimension morale définit la loi et la dimension sensible contraint l’Homme d’y obéir.

En me donnant à moi-même les principes qui vont conduire moralement mon existence je deviens l’auteur de ma propre existence, ainsi la liberté ne serait pas incompatible ni avec le devoir ni avec la loi.

Comme pour Kant, Rousseau définit la liberté comme une autonomie, car si la loi limite notre liberté elle en est également la condition.

La liberté est donc paradoxalement le pouvoir d’obéir à la loi morale.

Dans les Lettres écrites de la montagne , il distingue indépendance et liberté, montrant que c’est la loi qui nous libère en nous affranchissant de la dépendance à l’égard de la volonté d’autrui.

Pour conclure, nous devons désobéir si nous sommes opposés à un régime despotique afin de revendiquer des droits que l’on peut qualifier d’universels et légitimes, mais obéir à condition que l’on ait un pouvoir ouvert à la reconnaissance des droits des uns et des autres.

Obéir par obligation c’est se faire un devoir de suivre un principe moral qu’on s’est librement donné et que l’on juge légitime.

Au contraire, obéir par contrainte c’est se soumettre par peur ou sous. »

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