N'y-a-t-il aucune vérité dans le mensonge ?
Publié le 13/04/2005
Extrait du document

Le mensonge se définit comme une assertion sciemment contraire à la vérité, énoncée avec l'intention de tromper l'interlocuteur. Vérité et mensonge semblent donc antithétiques. Ils s'excluent mutuellement : s'il y a mensonge, il n'y a pas vérité ; et inversement. Cependant, le mensonge n'existe que par rapport à la vérité : il est la non-vérité. Peut-on en déduire qu'il n'y a plus aucune vérité en lui ? S'il reste quelque trace de vérité, quelle est cette vérité qui persiste dans le mensonge ? Le mensonge lui-même n' a-t-il pas sa propre vérité, notamment lorsqu'il s'agit de l'action politique ?
- vérité : conformité de l'intellect et du réel ; attribut du langage et de l'action efficace. - mensonge : assertion sciemment contraire à la vérité, faite dans l'intention de tromper; pratique de l'artifice, de la fausseté; dans le champ de l'art : la fiction. On remarquera qu'il s'agit dans l'intitulé du mensonge en général. -aucune : ici, n'importe quelle forme de vérité.
- 1. Nous pouvons nous demander : Qu'est-ce que mentir ? D'autant plus que celui qui ment connaît la vérité. Pourquoi mentir ?
- 2. Si la condamnation morale du mensonge paraît évidente, le mensonge pose non seulement le problème philosophique du rapport du langage à la vérité mais aussi celui de l'action, notamment politique.
- 3. Cependant, le mensonge, en tant qu'artifice, illusion, n'a-t-il pas une autre finalité que la tromperie ? À exiger uniquement la vérité, ne risque-t-on pas d'oublier le rôle bénéfique de l'art par exemple ?

«
Analyse du sujet
Un sujet digne d'intérêt, à plus d'un titre, car il se situe au croisement de ces champs où quelque chosed'énigmatique se donne à nous : réel et imaginaire, illusion et vérité, être et non-être, etc.
Le candidat sera doncsensible à l'évocation d'un thème gros de richesses existentielles et concrètes.
En outre, la vérité est au programmedu bacalauréat « Arts appliqués » et des connaissances sont certainement à la disposition des élèves.
Vousnoterez, par ailleurs, que l'intitulé suppose un implicite : le mensonge est désigné comme étant (probablement)porteur de vérité.
Donc un sujet « directif ».
• Conceptualisez d'abord soigneusement :
- vérité : conformité de l'intellect et du réel ; attribut du langage et de l'action efficace.- mensonge : assertion sciemment contraire à la vérité, faite dans l'intention de tromper; pratique de l'artifice, de lafausseté; dans le champ de l'art : la fiction.
On remarquera qu'il s'agit dans l'intitulé du mensonge en général.-aucune : ici, n'importe quelle forme de vérité.
•Quel est le sens du sujet ?
N'existe-t-il aucune adéquation du jugement et du réel au sein de l'assertion faite dans l'intention de tromper ?
• Quel questionnement est interne à l'intitulé ? La pratique de la fausseté et de l'artifice, l'assertion voulant tromper produisent-elles seulement du non-être et de l'illusion ? Mais la réalité et {'illusion ne se confondent-ellespas ? Ne serait-ce pas le langage qui, démiurgique et producteur d'illusions, formerait l'accès au réel ? Le problèmeest, en définitive, de savoir si le langage n'est pas aussi pouvoir.
• L'enjeu de l'intitulé ? Le sujet, en nous questionnant sur le pouvoir du langage, nous fait gagner une réflexion judicieuse concernant la magie qui peut être la nôtre ! Emparons-nous des esprits grâce au Discours...
• Ce sujet aurait pu être traité dans une autre optique.
Il soulève, en effet, le problème suivant : pourquoi mentir ?Résoudre ce problème conduit à constater que le mensonge est nécessaire à la satisfaction de nos passions : ainsi,le mensonge contient au moins une vérité, celle correspondant à sa conformité à la nature humaine.
Plan
Le plan sera dialectique, par thèse, antithèse et synthèse.
IntroductionProblématique : le langage (et ses illusions) n'est-il pas pouvoir ? DiscussionA) Il n'y a aucune vérité dans le mensonge (thèse)B) Le mensonge est le champ de l'« illusion-vérité » (antithèse)C) Le langage thaumaturgique, où s'unifient être et non-être : dire, c'est faire, c'est inventer la vérité (synthèse)ConclusionLe langage (menteur) est vérité.
Bibliographie
Austin, Quand dire, c'est faire, Seuil.Platon, Le Sophiste, collections de poche diverses.Wilde, Intentions, 10/18-UGE..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- dissertation fables de La Fontaine: Mensonge et vérité
- Fiche - Introduction théorique sur vérité et le mensonge au sens extra-moral - Nietzsche
- La part de vérité dans le mensonge
- Nietzsche, Sur la vérité et le mensonge au sens extra-moral.
- Vérité et mensonge s'excluent-ils par définition et irrémédiablement, ou peut-on trouver une trace de vérité dans le mensonge ?