Nul n’est méchant volontairement. Platon
Publié le 19/03/2020
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Aussi datées que paraissent ces thèses de prime abord, en quoi la dénonciation de l’hypocrisie sociale est-elle passée de mode ou hors de saison ? Les publicités qui nous entourent et nous incitent à satisfaire nos plaisirs immédiats, qui font de l’agréable le critère de toutes choses ne sont-elles pas des incitations à l’aliénation, à devenir des « tonneaux percés » ?
Céder aux passions, au désir, rêver d’être tyran est donc en fait rêver d’être impuissant, confondre ce qui est agréable avec ce qui est bon. Nul ne peut être véritablement maître des autres sans être d’abord maître de soi. Le projet d’hommes comme Calliclès est contradictoire : on ne peut à la fois être soumis à ses propres désirs et libre, être maître et serviteur.
«
Mal/ 111
justice, l'impunité, pour pouvoir accomplir n'importe
quelle injustice.
Le nerf de l'argumentation consiste à montrer que, en
réalité,
« Commettre l'injustice est pire que la subir».
C'est par une ignorance du bien réel que les hommes
souhaitent pouvoir être injustes.
Parce que nous confon
dons
le bien apparent (le plaisir, la satisfaction immé
diate des désirs
les plus déréglés) avec le bien réel, la santé
de l'âme.
Nous croyons vouloir commettre l'injustice,
alors que c'est impossible, que
« nul n'est méchant
volontairement»,
parce que nous confondons faire ce
qui nous plaît avec faire ce que nous voulons.
Etre injuste
est faire son malheur en croyant
se faire plaisir.
L'antagonisme entre
le point de vue habituel et la posi
tion de Socrate est magnifiquement exposé
par le débat
entre Calliclès (qui ne s'embarrasse pas d'hypocrisie) et
Socrate, dans
le Gorgias.
Calliclès prétend: « Voici, si
l'on veut vivre comme
il faut, on doit laisser aller ses
propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les
réprimer.»
Socrate pense, lui, que l'accès au bonheur,
au Bien,
« cela veut dire être raisonnable, se dominer,
commander aux plaisirs et aux passions qui résident en
soi-même».
Pour tenter de réfuter Calliclès, Socrate lui montrera
que son idéal de mode de vie ressemble bien
à une« pas
soire».
L'intempérance consiste
à accumuler des plai
sirs qui
n'ont aucune consistance, à ne pas savoir se
mesurer, se satisfaire, mais au contraire à être habité
par des désirs tels que pour les combler il faut« s'infli
ger les plus dures peines».
L'erreur fondamentale de
Calliclès est de confondre l;agréable et
le bon, de con
fondre la démesure des désirs déréglés et irrationnels
avec l'équilibre de la satisfaction véritable.
C'est que l'injustice est une maladie de l'âme, et plus
précisément encore la subversion
d'un ordre.
Le.
»
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