Notre pensée pour s'élaborer et s'exprimer, passe-t-elle nécessairement par le langage?

« subsiste seule comme un corps que son âme a quitté » Louis Lavelle.

La dépendance de la pensée par rapport au langage l'expose au danger important qui est de voir le langage se substituer à la pensée et finalement l'effacer. Dans l'antiquité grecque, les sophistes faisaient le pari de persuader n'importe quel auditeur par le seul pouvoir de la parole, du langage, même s'ils ne connaissaient pas grand-chose à ce dont ils parlaient.

La rhétorique cherche la forme la plus séduisante du langage, sans se soucier de l’élaboration d'une pensée, d'un contenu. La pensée nous vient grâce au travail de notre cerveau lequel nous l'amène directement de notre inconscient.

Sans ce travail de résurgence, de réminiscence, pas de pensée consciente: Cogito ergo sum » je pense donc je suis (Descartes) >L'élaboration de la pensée n'est possible qu'à la condition que nous soyons conscients qu'elle est présente en nous.

Les animaux sont inconscients d'être et ne peuvent donc pas élaborer de pensée.

Toutes nos pensées stockées dans notre inconscient ne s'élaborent ni ne s'expriment puisqu'elle n'arrivent pas à notre ici et maintenant, hic et nunc, à notre conscience d'être vivant. Nous manifestons cette pensée consciente grâce à un sentiment volontaire en particulier par le langage.

La maîtrise de notre langue est indispensable pour exprimer correctement notre pensée lorsque nous souhaitons la faire partager.

Si nous voulons faire passer un message, un ordre, un ressenti, nous devons passer, nécessairement par le langage, exposer, soumettre notre idée.

Cependant, il est des manières de penser qui passent par d'autres manières de communiquer, d'exprimer et pas nécessairement par la langue ou les mots. 3èpartie : Une partie du processus langagier n'atteint pas la conscience nous rappelle Noam CHOMSKY Elle n'est rien d'intérieur, elle n'existe pas hors du monde, hors des mots.

Ce qui nous trompe là- dessus, ce sont les pensées déjà constituées et déjà exprimées.

Cette vie intérieure est un langage intérieur (Merleau-Ponty 1945) Nous nous parlons sans cesse sans exprimer notre pensée.

Le langage est une faculté que les hommes possèdent afin d'exprimer leurs pensées et de communiquer entr'eux au moyen de signes conventionnels constituant une langue.

Néanmoins, des hommes communiquent autrement qu'avec des mots et la langue.

Les sourds-muets utilisent la langue des signes.

Ils représentent schématiquement les mots avec des gestes.

Comment s'élaborent leurs pensées : elles s'élaborent bien avec des mots et dans leur langue maternelle.

Il existe une langue internationale des signes qui permet à ces sourd-muets de comprendre n'importe quelle « langue des signes » Le langage est un ensemble de signes, c’est-à-dire de symboles.

En ce sens, le langage ne se limite pas, bien évidemment, aux mots ou aux concepts mais recouvre toute forme d’expression symbolique, comme par exemple l’expression artistique (peinture, sculpture, danse…).

Le peintre devant sa toile, le sculpteur devant son bloc de marbre élabore des pensées qui deviennent des idées de réalisation, des projets, des désirs de forme ou et de couleur, de taille, de choix du modèle.

Pour élaborer ses pensées, l'artiste utilise sa langue maternelle et un langage intérieur fait d'un dialogue entre soi et soi.

Il n'éprouve pas nécessairement le besoin d'exprimer ce qu'il ressent avec des mots.

Il va jeter sur la toile ou sur le marbre toute la fougue, tout l'amour, toute la tristesse, toute la nostalgie que lui inspire son modèle ou le paysage qu'il est en train d'observer et d'admirer.

Ici, pas de mot mais une force créatrice qui le pousse à exprimer sa pensée d'artiste.

Il aura réussi lorsque le public éventuel comprendra peu ou prou ce qu'il a voulu dire avec son art et sa création. Nous voyons donc que la pensée pour s'élaborer et s'exprimer ne passe pas toujours nécessairement par le langage. Conclusion : Notre pensée pour s'élaborer et s'exprimer passe nécessairement par le langage.

Cependant, nous. »