Notre désir de savoir est-il satisfait par la science ?
Publié le 12/02/2010
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Définitions préliminaires :
- La science au sens large est une connaissance universelle par concepts, distincte de l’opinion ou de la croyance en vertu d’un caractère supérieur de certitude et d’objectivité. En un sens plus moderne, la science est un discours établissant des relations et des lois nécessaires entre ses objets. Sur la base d’expérimentations cadrées par une théorie, elle consiste en l’élaboration de propositions nécessaires et remontant aux causes des événements étudiés. La science d’une chose est en effet la connaissance « de la cause par laquelle la chose est […], et qu’en outre il n’est pas possible que la chose soit autre qu’elle n’est « (Aristote, Seconds Analytiques, I, §2).
- Le désir est lui un acte et un mouvement de la conscience vers quelque chose, un manque éprouvé de cette chose (un « manque d’être «, dit Sartre dans l’Etre et le Néant, 2e partie, chap. 1, §3), qui se présente, au-delà du besoin, comme un « appétit conscient de lui-même « (Spinoza, Ethique, partie III, prop. 9).
«
La mathématisation de l'univers qu'implique la science évacuecomplètement le qualitatif : quid de l'intensité des sentiments, des émotions, du plaisir ? La science ne peut en rendre compte : elle est,comme le dit Bergson , impuissante à saisir les réalités qui durent, à commencer par la durée intensive de la conscience ( Matière et mémoire , chap.
1).
a.
La science repose sur une échelle continue de mesure et exclut toutecontradiction.
Or, ce continu mathématique, qui est transitif, diffère en nature du contenu effectif de nos sensations. Poincaré écrit que « nous ne pouvons distinguer un poids A de 10g d'un poids B de 11g, ni ce poids Bd'un poids C de 12g, mais nous distinguons le poids A du poids C autoucher.
Les expériences traduites en équations s'écrivent : A = B, B=C,mais A Le continu physique est paradoxal du strict point de vue scientifique, et le vécu du corps propre ne peut être saisi par l'ordre gradué mathématique, qui nesupporte pas la contradiction .
b.
Si, selon Aristote , « Il n'y a pas de science du particulier, il n'y a de science que du général » (Ethique à Nicomaque ), la science ne peut combler notre désir de partager une expérience singulière .
Elle ne permet pas de goûter par procuration un plaisir qui est le fait d'autrui ou de savoir ce que quelqu'un ressent exactement à la vue des mêmes choses.
La science ne peut nous mener àsavoir « ce que cela fait de » vivre quelque chose, plaisir ou douleur non quantifiables et non communicables.
c.
Se trouvent exclu du champ du savoir scientifique tout ce qui 1) ne se répète pas (le singulier), 2) ce qui n'est pas quantifiable (ce qui dure, le qualitatif ), 3) ce qui n'est pas mesurable (le continu physique ou l'évanescent, etc.).
d.
Transition : on voit que la science ne peut prétendre à combler totalement notre désir de savoir : c'est un langage qui contraint ses objets à adopter une certaine forme, or certaines connaissances (d'expérience individuellenotamment) ne se plient pas à de telles exigences.
Sa méthode même lui interdit de répondre à certaines questions que se pose l'homme.
III.
La science –surtout son modèle positiviste, fondé sur les sciences naturelles- répond seulement au « comment ? » et non au « pourquoi ? » de la nature La science est non seulement lacunaire , mais aussi confrontée à une régression à l'infini de cause en cause, de conditionné en conditionné , comme le dit Kant dans la Critique de la raison pure .
La science connaît certes les causes, mais ne peut remonter au-delà de l'enchaînementphysique de ces causes : il y a toujours un reste à la science , et il demeure un inaccessible inconditionné (pourquoi le monde est-il tel qu'il est ? pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?, etc.) –d'oùl'impossibilité d'une cosmologie rationnelle.
C'est parce que la totalité ne peut jamais faire l'objet d'une connaissance que le désir de savoir ne peut jamais être intégralement satisfait .
a.
Aussi le programme exposé par Auguste Comte dans son Cours de philosophie positive montre-t-il que la science ne peut suffire à étancher la soif de savoir de l'homme : la science doit selon lui renoncer à répondre à la question « pourquoi », càd à une recherche de sens et d'absolu.
Elle ne peut que décrire la nature par des lois defonctionnement , dans un but d'utilité sociale .
Le positivisme considère que seuls les faits expérimentés acquièrent une valeuruniverselle, il a donc seulement pour but de codifier lesconnaissances positives , càd celles qui découlent directement de l'observation et de l'expérimentation, éliminant ainsi tout ce quisubit l'influence de la métaphysique.
Le positivisme prône ainsi un renoncement préliminaire à la métaphysique, car elle appartient à un âge de l'humanité (l'âge du pourquoi justement) qui serait à dépasser vers un âge positif, celui de la maturité adulte, où seule la question du comment demeure.
b.
Mais est-il seulement possible de se débarrasser de l'interrogation métaphysique ? Une science qui prétend prendre la place d'une métaphysique est une chimère.
Le désir de science, même comblé, n'annule pas le désir de métaphysique, qui est lancinant.
L'esprit positif était guidé par l'établissement de lois sur le modèlescientifique en remplacement des croyances religieuses (appartenant à l'âge théologique) et des explications métaphysiques.
Mais en s'interdisant l'accès a priori aux impénétrables mystères, le positivisme fait de la science une agnostique –qui ne se prononce ni sur la réalité du monde extérieur ni sur l'origine première de ce monde, questions qu'elle rejette dans l'inconnaissable.
La science ne peut pas dire pourquoi les
c..
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