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Notes de cours: L'irrationnel et le sens. ?

Publié le 24/10/2009

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La rationalité caractérise un mode de connaissance du monde régi par l'ordre construit d'un discours. Le discours est rationnel dans la mesure seulement où il est logiquement ordonné comme un "modèle" formel susceptible d'une cohérence définie et constante, permettant la déduction et le calcul.

Mais, si la simple cohérence interne soumise aux exigences logiques de la raison suffit à assurer la rationalité formelle du discours, il semble que ce que décrit un tel discours soit, dans la mesure où il lui correspond adéquatement, sommé par la raison d'être en soi "rationnel". Illusion où prend son origine le problème de savoir si le réel est en soi rationnel ou irrationnel.

La formulation correcte du problème consisterait seulement à se demander si le réel peut être correctement décrit par un discours "rationnel", ce qui revient à se demander si tout ce qui arrive peut être inscrit dans le cadre d'une nature où les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets, et qui, par là même, exclurait toute dimension "surnaturelle".

Or, si la rationalité caractérise seulement une connaissance construite selon certaines règles d'enchaînement logique des phénomènes observés dans la nature et soumis au principe de causalité, et non pas selon les lois inaperçues d'une "logique" de l'inconscient ou de l'imaginaire, dès lors, il semble bien que le monde des phénomènes qui se présentent à nous antérieurement à ce travail second d'ordonnancement de l'expérience aux principes de l'entendement et de la raison, nous soit originairement donné comme monde "pré-rationnel".

« mais irrépressible du "vouloir-vivre" et de la "volonté de puissance" ...? Sans doute, face à l'expansion ambitieuse de la connaissance rationnelle, n'y a-t-il d' "irrationnel" qu'existentiel et relatif à la conscience humaine.

Mais l'existence est le mode d'être essentiel de la réalité humaine.

Et les structuresconstitutives de ce "monde de la vie" où se définissent les tonalités fondamentales de l'existence humaine, même si elles sont l'objet d'une rationalisation progressive, n'en conservent pas moins en profondeur leur réalité efficiente,enracinées qu'elles sont dans l'inconscient ou dans les configurations sous-jacentes d'un espace culturel. Même "dénoncés" comme "effets de signification" , le sacré, le divin, l'imaginaire, l'affectif, l'instinctif et l'irrationnel demeurent, dimensions fondamentales plus ou moins reconnues du vécu, orientations existentielles profondes del'homme vivant et comprenant parmi les signes et les symboles, avec ses dieux et ses valeurs, avec ses rituels etses mythes, ses pulsions et ses croyances. B) Le sens: L'"être-conscience-de" quelque chose, la dimension d' "existence" de la conscience, semble bien être, dans l'écart entre soi et soi qu'elle instaure, la condition sine qua non de la possibilité que quelque chose puisse "signifier quelque chose" .

Le signe n'est "signe" , il n'a de sens, que parce qu'il est signe de quelque chose d'autre à quoi il réfère; et cette possibilité que quelque chose réfère à autre chose n'est justement possible que dans le champ deconscience ouvert par l'existant, pour lequel seul parmi tous les "étants" , une chose ne saurait être simplement "ce qu'elle est" , mais renvoie à tout ce qu'elle n' "est" pas, sur fond de monde. Il n'y a donc, non pas seulement de sens, mais de possibilité de sens, que pour le "projet" qu'est essentiellement la conscience humaine dans l'élément de sa "temporalité" fondamentale.

Il n'y a donc de signe qui "soit signe" d'un "sens" , que pour une conscience.

La phénoménologie descriptive de l'expérience vécue de la conscience semble donner ainsi accès à une interprétation du sens existentiellement expérimenté comme "de l'intérieur" ; on nomme cette interprétation immanente de la signification vécue, une herméneutique existentielle. Mais la question de l'essence ou de la nature du sens nous pousse à nous demander si le sens expérimenté estvéritablement une donnée première irréductible, ou s'il n'est pas plutôt une sorte d' "effet de surface" dont il pourrait nous être donné d'entrevoir scientifiquement les modes de "production" .

Dès le XIXième siècle, la dénonciation du statut illusoire et aliénant de l' "idéologie" par Marx , de la "conscience" et de la "morale" par Nietzsche , inaugurait une "ère du soupçon" quant à l'origine et à la "généalogie" du sens.

L'idée d'une explication du sens par une investigation extrinsèque sur ses modes de "production" s'oppose à l'idée d'une herméneutique de la conscience; elle serait plutôt une archéologie du sens. La découverte par Freud d'un "inconscient psychique" semble bien de nature à mettre en évidence l'existence en quelque sorte "opérationnelle" de "significations inconscientes" .

Freud nous a appris qu'il y a, sous le sens que nous donnons à nos pensées, à nos représentations, à nos actes, un autre "sens" qui se dit au détour du premier, en quelque sorte "entre les lignes" du premier.

Et, les anthropologues modernes nous montrent l'homme porté par des réseaux de signification régnant parmi les choses, les us et coutumes, déterminant les rapports de l'homme aumonde, aux autres et à lui-même, sans que l'homme lui-même en ait conscience explicite; car le déchiffrement desmythes, des rites et des gestes quotidiens manifeste la prolifération latente d'un sens à l'oeuvre à même les choses,dans la seule instance du signifiant, dans la substance même des signes, en dehors même du sens immédiatement"signifié" à la conscience. Et le langage humain lui-même "fonctionne ", dans l'articulation des signifiés, sur le même principe d'opposition différentielle qui régit l'articulation sémantique et syntaxique des signifiants, ainsi que sur l'articulation des"phonèmes" qui signifient "sémiotiquement" (sans avoir eux-mêmes de "sens" sémantiquement distinct).

Sur ce modèle, l'étude des faits de langage par la linguistique structurale implique la constitution des fondements d'unesémiologie générale, c'est-à-dire une théorie générale des "faits de signification" et des mécanismes purement "sémiotiques" sur lesquels ces "faits" ou ces "effets" de sens se fondent. Selon cette théorie "structuraliste" de la signification, tout fait de sens n'est, justement, "significatif" qu' à l'intérieur d'un système d'oppositions différentielles, et par le simple jeu de ces "différences" significatives.

Il n'y aurait donc en quelque sorte pas de "plein" du sens, pas de plénitude intuitive au fondement de la signification; toute signification ne serait "significative" que relativement à un réseau d'interférences et d'oppositions formelles, par elles-mêmes dépourvues de signification intuitive: toute signification serait produite "en creux" , ne faisant "effet" de sens que pour une conscience, mais n'étant produite que par le jeu d'un mécanisme par lui-même dépourvu de sens... De même que l'objet logique n'a de sens légitime qu'au sein du réseau de relations qui lui donne sens pour ainsi dire"contextuellement ", ainsi, le sens est relatif, quel que soit son registre, au seul système où il prend sens; et pourtant, en ce qui concerne les significations intérieures au système, le recours à une "méta-langue" est toujours nécessaire, marquant l'insuffisance à soi de tout système de signes, en même temps que la régression à l'infini del'élucidation de tout sens qui se présente comme le dernier. Il n'y a pas de sens "ultime" ; l'homme "moderne" vit l'époque où pourrait le mieux se révéler à lui la relativité de tout sens par rapport aux systèmes sémiotiques qui le sous-tendent.

Et l'homme peut affronter, par cettedécouverte de la genèse du sens à la conscience qu'il se contente (et doit nécessairement se contenter). »

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