Nos convictions morales sont-elles le simple reflet des opinions de notre époque ?
Publié le 28/07/2005
Extrait du document
§ La morale est ce qui permet aux individus d’agir sur le monde et de pouvoir juger si une action est bonne ou mauvaise. Il apparaît alors que la morale doit être une certaine norme.
§ Or, il apparaît que chaque société a des normes qui régissent la vie sociale, une sorte de morale sociale qui permet le bien vivre en communauté. Mais alors cela veut-il dire que la morale se réduit à la morale sociale, c’est-à-dire aux mœurs d’une communauté ?
§ Cela permettrait de justifier la diversité de ces normes morales. En effet il apparaît que les normes changent selon les individus et les communautés, venant alors de certaines coutumes voire de l’éducation individuelle.
§ Mais peut-on réellement faire de la moralité, qui apparaît comme ce qui nous est intime, l’image de simples opinions changeantes ? La morale a-t-elle alors encore une légitimité si elle ne dépend pas de moi ?La moralité ne doit-elle pas être inhérente au sujet lui-même et être une norme valant universellement ?
§ Le problème semble donc être le suivant : la morale n’est-elle qu’une copie, intrinsèquement dépendante, une image des normes sociales et changeantes, étant alors extérieure au sujet ou est-elle profondément ancrée dans le sujet, étant alors une norme raisonnable valant légitimement et universellement ?
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attentif à notre cœur.
Il ne s'adresse pas à la raison du lecteur, à sa faculté de raisonner, mais à saconscience, c'est-à-dire à ce qu'il sent en lui, aux idées de justice et de vertu qu'il connaît déjà.
Il necherche donc ni à fonder la morale, ni à dire ce que l'on doit faire pour être moraux, il essaie de nousfaire sentir que nous savons tout ce qu'il nous faut savoir pour être moraux, sans avoir à raisonner,sans avoir à réfléchir. Rousseau: "Conscience ! Conscience ! Juge infaillible du bien et du mal"
Cette formule de Rousseau, que l'on peut lire dans l'Emile,aborde la question de la conscience dans sa dimension morale.En effet, si comme nous l'avons montré dans l'analyse de lacitation de Pascal, la conscience signifie au sens premier «accompagné de savoir », elle prend également un sens moral,et les expressions que nous venons d'évoquer montrent qu'elleapparaît comme ce sentiment qui pourrait nous permettre dedistinguer le bien du mal.
Tel est le sens de la formule deRousseau puisqu'il la qualifie de « juge infaillible ».
Ainsi, la conscience morale serait ce sentiment moral inné quetout homme possèderait.
Il suffit alors d'écouter « la voix de saconscience » pour savoir qu'on a mal agi, ou, pour bien juger,de juger « en son âme et conscience ».
Si on peut alors définirl'homme par la conscience, c'est donc aussi en tant qu'êtremoral ou, en tout cas, en tant qu'être pour qui la questionmorale se pose.
Pourtant, faire reposer la morale sur unsentiment n'est pas sans poser problème.
En effet, n'est-il paspossible de faire le mal en toute bonne conscience ?
Comment dans ces conditions Rousseau peut-il soutenirl'infaillibilité de ce sentiment ? Parce qu'un sentiment anime le cœur des hommes et caractérise l'humanité : la pitié, sentiment qui le conduit à souffrir au spectaclede la souffrance de l'autre.
Pourtant, de nombreux événements dans la vie courante et dans l'histoirenous montrent que ce sentiment n'est pas toujours présent chez les hommes.
En effet, si on affirmeque l'homme est animé par ce sentiment, que sa conscience le guide, comment, une fois encore,comprendre la barbarie, la violence, la cruauté dont les hommes peuvent être capables ?L'argumentation de Rousseau est double :- si les hommes sont capables de cruauté, c'est parce que la société les a pervertis en faisant naîtrele vice, la comparaison et la rivalité ;- l'existence de ce sentiment est avérée par la réalité.
En effet, si la morale ne reposait que sur laraison, cela ferait bien longtemps que l'humanité aurait disparu. § Rousseau distingue les idées des sentiments : les idées sont acquises, elles viennent du dehors, c'est-à-dire des autres et des sens, conception empiriste de l'origine des idées, les sentiments eux sontinnés, naturels.
Un sentiment, c'est une inclination, un penchant inné pour ou contre quelque chose.Ce sont les sentiments qui sont moraux, qui nous permettent d'apprécier le bon et le mauvais.
Lesjugements moraux reposent donc sur des sentiments et non sur des principes rationnels, c'est-à-diredes idées, parce que les idées elles doivent s'apprendre. § Nous avons donc un sentiment moral en nous qui nous dit ce qui est bon ou mauvais et nous permetde juger des actions bonnes ou mauvaises.
Mais ce sentiment moral n'apparaît pas comme étantobjectif.
Peut-il alors être assez puissant contre l'intérêt, eut-il réellement être au fondement de lamorale ? Rousseau affirme ailleurs qu'il est possible dans le cadre de la vie sociale de corrompre sanature, de cesser d'entendre la voix de sa conscience et d'entendre à sa place des injonctions qui nesont pas bonnes. § Mais, dans ce cas, est-il possible de se fier à son sentiment ? Qu'est-ce qui nous permet de savoir sice que l'on ressent est naturel donc moral ou au contraire artificiel et immoral ? Le sentiment moral exerce-t-il réellement une autorité légitime sur moi ? Ne faut-il pas alors fonder la moralelégalement afin qu'elle me soumette et qu'elle soit universelle ? III) Morale et loi. § Le principe de la loi recherché doit être à la fois universellement valable et librement reconnue.
C'estalors comme loi morale que la morale apparaît comme le seul principe pouvant exercer sur moi uneautorité légitime : elle est fondée et librement reconnue.
Dans les Fondements de la métaphysique des mœurs , Kant énonce les maximes morales de l'impératif catégorique moral en disant que la morale doit être une loi de la raison pure pratique qui doit être universelle et doit soumettre la volonté..
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