Nos connaissances viennent-elles entièrement de l’expérience?
Publié le 31/01/2020
Extrait du document
«
l
perceptions, et la connaissance qui dérive de l'expérience, mais qui n'est pas sin- r-
gulière : «tous les corps en chute libre ont une vitesse indépendante de leur poids>> tD
est un énoncé qui est peut-être dérivé de l'expérience, mais qui ne provient pas en
immédiatement d'une perception singulière.
Appelons la première « connaissance !l
d'expérience>> et la seconde« connaissance empirique en général >>.
0
-· Tournons-nous maintenant vers les connaissances a priori.
Peut-on vérita- "'1
blement soutenir que la logique et les mathématiques ne proviennent pas de I' expé-
rience? li est indubitable, en effet- en témoigne l'apprentissage que chacun de nous
a fait du calcul et de la géométrie -que les mathématiques recourent elles aussi à
l'expérience.
Ainsi, dans le Ménon, Socrate demande à un jeune esclave de résoudre
un problème mathématique particulier, déterminer la longueur du côté d'un carré
ayant une aire double de l'aire d'un carré donné, en s'appuyant sur une figure par
ticulière.
Autrement dit, les démonstrations du géomètre prennent appui sur ses
sens.
Cela ne revient-il pas à dire que les connaissances mathématiques prennent
appui sur l'expérience, et donc sur une connaissance d'expérience? Indéniablement.
Mais il faut distinguer« prendre appui» et« venir de>>: les mathématiques s'appuient
sur des exemples concrets, par exemple sur des schémas, mais les démonstrations
elles-mêmes ne dépendent en rien des caractères particuliers des objets perçus
dans l'expérience.
Le géomètre considère les objets mathématiques eux-mêmes: la
connaissance mathématique ne dérive donc pas de l'expérience.
De même, les règles
du raisonnement qu'établit la logique ne dépendent pas de l'expérience.
La connaissance empirique se distingue de cette connaissance : si les mathé
matiques et la logique ne dérivent pas de l'expérience, cela signifie que ce sont des
sciences a priori.
Mais, nous ne pouvons pas connaître a priori le mouvement que
va faire cette boule-ci de billard, après avoir été frappée par cette autre boule de
billard.A fortiori, nous ne pouvons pas savoir a priori, c'est-à-dire indépendamment
dè l'expérience, comment se comportent en général les boules de billard qui sont
frappées par d'autres boules de billard, ou même comment se comporte un objet
lâché dans le vide.
La seule manière de savoir comment cette boule de billard va se
mouvoir après avoir été frappée, c'est d'observer son comportement.
De même, la
seule manière de savoir comment les corps en général se meuvent quand ils sont
lâchés dans le vide, c'est d'observer le mouvement d'objets singuliers lâchés dans
le vide.
Notre connaissance empirique est donc une généralisation de notre
connaissance d'expérience: à partir d'expériences singulières, nous obtenons par
généralisation une connaissance empirique.
Ce procédé s'appelle l'induction.
li y a donc deux types de connaissance : l'une est a priori, l'autre dépend de
l'expérience.
Mais, il nous faut examiner de plus près ce second type de connais
sance : toute la connaissance empirique dérive-t-elle de l'expérience?
La connaissance empirique repose sur des généralisations obtenues à partir
de multiples expériences singulières.
Autrement dit, elle repose sur l'induction.
Or,
l'induction est un processus dont la légitimité est contestable.
En effet, admettons.
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