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Nos connaissances viennent-elles entièrement de l'expérience ?

Publié le 04/03/2004

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«Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes.« Kant, Critique de la raison pure (1789). La «révolution copernicienne« opérée par Kant est la suivante: le réel connaissable n'est pas indépendant de l'esprit, c'est l'esprit qui lui donne sa forme. Nous ne sommes pas passifs face au monde: c'est nous qui lui donnons les formes sous lesquelles nous le connaissons. Dans la Critique de la Raison Pure, Kant compare sa méthode à celle de Copernic. Le savant polonais mit enfin l'astronomie sur la voie de la science moderne lorsqu'il plaça le soleil au centre de son astronomie et en délogea la Terre (héliocentrisme). Kant compare le décentrement opéré par Copernic au sien propre: jusqu'alors, on a cherché à résoudre le problème de la connaissance en faisant tourner le sujet autour de l'objet. Décentrons l'objet, replaçons au centre le sujet qui connaît et mettons l'objet connu à la périphérie. Ainsi, affirme Kant, nous pourrons savoir en quoi la connaissance consiste au juste et quelles en sont les limites. Dans cette perspective, Kant distingue la raison de l'entendement: l'entendement est l'ensemble des catégories qui façonnent le réel. Tant que la raison se borne à connaître le réel selon les catégories de l'entendement, elle reste dans les limites dans lesquelles la connaissance est possible. Mais la raison peut aussi s'aventurer à spéculer en-dehors de ces catégories. Elle sort alors des limites de la connaissance et construit des raisonnements qui ne peuvent pas être vérifiés (par exemple sur l'existence de Dieu...). D'où le désordre et les débats sans fin entre les philosophes. Le but de Kant dans la Critique de la raison pure est d'examiner les limites de la raison et de mettre fin à ces débats.
La source première et principale de nos savoirs et connaissances provient de nos sensations, de l'expérience sensible que nous avons des choses matérielles, ainsi que des modes de fonctionnement de notre esprit. Mais, l'expérience est insuffisante à expliquer comment l'esprit est capable de saisir et de comprendre le réel. Expérience et sensations sont trompeuses. Seule l'intelligence humaine peut les corriger et les orienter.


« Cette énigme de l'induction rend problématique la constitution d'une science empirique : comment nosgénéralisations empiriques, obtenues à partir de nos connaissances d'expérience, pourraient-elles être justifiées?Mais, en réalité, ce que révèle l'énigme de l'induction, c'est peut-être moins le caractère injustifié ou paradoxal detoute connaissance empirique, que l'existence, au sein même des sciences empiriques, de connaissances qui neproviennent pas de l'expérience.

En effet, nous pouvons passer de la perception répétée de la chute des corps dansle vide à une généralisation sur le mouvement en chute libre des corps, parce que nous savons qu'il existe unprincipe de causalité : tout effet est déterminé nécessairement par une cause.

Si tel est le cas, le mouvement despierres en chute libre doit, comme tout effet dans la nature, être le résultat nécessaire d'une cause.

Cela seuljustifie l'énoncé de généralisations empiriques.

Mais ce principe de causalité ne peut lui-même, sous peine decircularité, être dérivé de l'expérience : comment pourrions-nous induire le principe qui est censé rendre possiblel'induction ? C'est donc un principe qui est connu a priori.Les sciences empiriques reposent ainsi sur des connaissances a priori, donc indépendantes de l'expérience.

Commele dit Kant dans l'introduction de la Critique de la raison pure, « bien que toute notre connaissance commence avec l'expérience, elle ne résulte pas pour autant toute de l'expérience ».

Il n'y apas de connaissance empirique sans l'expérience, mais les généralisations dessciences empiriques supposent l'existence de connaissances qui neproviennent pas de l'expérience. La raison peut atteindre, dans le réel, ce à quoi elle donne elle–même saforme. «Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes.» Kant, Critique de la raison pure (1789). • La «révolution copernicienne» opérée par Kant est la suivante: le réelconnaissable n'est pas indépendant de l'esprit, c'est l'esprit qui lui donne saforme.

Nous ne sommes pas passifs face au monde: c'est nous qui lui donnonsles formes sous lesquelles nous le connaissons. Dans la Critique de la Raison Pure, Kant compare sa méthode à celle deCopernic.

Le savant polonais mit enfin l'astronomie sur la voie de la sciencemoderne lorsqu'il plaça le soleil au centre de son astronomie et en délogea laTerre (héliocentrisme).

Kant compare le décentrement opéré par Copernic ausien propre: jusqu'alors, on a cherché à résoudre le problème de laconnaissance en faisant tourner le sujet autour de l'objet.

Décentrons l'objet,replaçons au centre le sujet qui connaît et mettons l'objet connu à la périphérie.

Ainsi, affirme Kant, nous pourronssavoir en quoi la connaissance consiste au juste et quelles en sont les limites. • Dans cette perspective, Kant distingue la raison de l'entendement: l'entendement est l'ensemble des catégoriesqui façonnent le réel.

Tant que la raison se borne à connaître le réel selon les catégories de l'entendement, ellereste dans les limites dans lesquelles la connaissance est possible.

Mais la raison peut aussi s'aventurer à spéculeren-dehors de ces catégories.

Elle sort alors des limites de la connaissance et construit des raisonnements qui nepeuvent pas être vérifiés (par exemple sur l'existence de Dieu...).

D'où le désordre et les débats sans fin entre lesphilosophes.

Le but de Kant dans la Critique de la raison pure est d'examiner les limites de la raison et de mettre finà ces débats. Pourtant, doit-on nécessairement supposer de telles connaissances?La supposition de ces connaissances non empiriques comme fondements des généralisations inductives repose surl'idée que l'expérience est la source de nos connaissances empiriques.

En effet, si cela est le cas, si la scienceempirique repose sur des généralisations obtenues par l'induction à partir de connaissances d'expérience, la scienceempirique n'est justifiée que si nous avons une connaissance de principes a priori, comme le principe de causalité.Nous voudrionscontester l'idée que l'expérience doit être la source de la connaissance empirique.

Autrement dit, pas plus que pourles connaissances a priori, comme les mathématiques et la logique, les connaissances empiriques n'ont pour sourceet origine l'expérience : le rapport de la connaissance empirique et de l'expérience doit être pensé autrement.Les connaissances empiriques consistent en des généralisations qui prennent la forme de lois : autrement dit, ellesdéterminent de manière générale, c'est-à-dire non pas pour un individu singulier, mais pour une classe d'individusappartenant tous à un même type, par exemple les objets en chute libre pour la loi de la chute des corps dans lamécanique classique, ou les cellules accomplissant le cycle de la photosynthèse pour la biologie chimique, lecomportement de l'objet sur lequel elles portent dans des circonstances déterminées.

Ces lois portent bien surl'expérience, et ce, en deux sens : tout d'abord, leurs objets appartiennent au monde, à la différence desmathématiques et de la logique; ensuite et surtout, elles ne valent que dans la mesure où elles ne sont pascontredites par l'expérience.

En quel sens peuvent-elles être contredites par l'expérience? Même quand elles neportent pas sur des objets immédiatement perceptibles, comme les quarks de la physique nucléaire, toutes les loisdes sciences empiriques peuvent produire des prédictions qui peuvent être l'objet d'une vérification expérimentale.Si l'expérience est en désaccord avec la prédiction empirique, alors la loi doit être rejetée, à moins que le désaccordpuisse être expliqué d'une certaine manière.

Mais le succès de la prédiction ne valide pas la loi générale ayantpermis la prédiction expérimentale : celle-ci reste simplement non réfutée, jusqu'à la prochaine expérience.Dès lors, l'expérience n'est pas la source positive de nos connaissances empiriques, mais le lieu où les lois générales. »

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