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nisi unum — qui réglait le schémanéoplatonicien, est désormais dépassé, superflu et aboli.

Publié le 21/10/2012

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nisi unum — qui réglait le schémanéoplatonicien, est désormais dépassé, superflu et aboli. Mais une fois abolie la notion d'âme céleste, qu'en sera-t-il du principe qui fondait l'anthropologie avicennienne: l'homologie entre Anima ccelestis et anima humana ? l'homologie entre le rapport de l'âme humaine avec l'Intelligence angélique active, et le rapport de chaque Ame céleste avec l'Intelligence vers laquelle la meut son désir? Comment serait encore possible le voyage mystique vers l'Orient en compagnie de Hayy ibn Taqzak? Il faut encore remonter aux options décisives. Averroès maintient, d'accord avec Alexandre d' Aphrodise, l'idée d'une Intelligence séparée, mais refuse contrairement à lui l'idée que l'intelligence humaine en puissance soit une simple disposition liée à la complexion organique. Averroïsme et alexandrisme vont départager les esprits en Occident, comme si le premier représentait une idée religieuse et le second l'incrédulité. Pour la première des deux thèses, Averroès sera accablé d'injures par les antiplatoniciens de la Renaissance (Georges Valla, Pomponazzi) ; mais ceux-ci ne prolongent-ils pas le refus de Duns Scot, rejetant l'idée que l'Intelligence agente soit une substance séparée, divine et immortelle, qui se peut con-joindre à nous par l'imagination? D'autre part, cette intelligence humaine en puissance, indépendante de la complexion organique, n'est pas du tout celle de l'individu. A celui-ci ne reste qu'une disposition à recevoir les intelligibles, disposition périssable avec le corps. Averroès accepte que la matière soit le principe d'individuation; dès lors l'individuel s'identifie au corruptible, l'immortalité ne peut être que générique. Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il y a de l'éternité dans l'individu, mais ce qu'il y a d' éternisable en lui appartient totalement à la seule Intelligence agente. Nous sommes bien ici à l'antipode de l'avicennisme, pour qui chaque individualité définie par la conscience de soi, est inaliénable. Tandis que l'avicennisme, en Occident comme en Iran, tendait à fructifier en vie mystique, l'averroïsme latin aboutissait à un averroïsme politique (Jean de Jandun, Marsile de Padoue, mye siècle). De ce point de vue, les noms d'Avicenne et d' Averroès pourraient être pris comme les symboles des destinées spirituelles de l' Orient et de l'Occident. Mais la divergence n'est point imputable au seul averroïsme. Lorsque saint Thomas accorde à chaque individu un intellect agent mais non séparé, du même coup est interrompue la relation que l'individu en tant que tel entretenait par l'ange de la Révélation avec le plérôme céleste. L'autorité de l'Eglise se substitue à la norme personnelle de Hayy ibn Taqzéin. Au lieu que la norme religieuse, parce qu'initiation individuelle, signifiât liberté, c'est désormais contre elle, parce que socialisée, que se dresseront les insurrections de l'esprit et de l'âme. Cette norme socialisée pourra cesser d'être religieuse, virer du monothéisme au monisme; ici surtout, il faut se garder d'homologies infondées. La religion islamique est dépourvue des organes d'un magistère dogmatique, dont elle pourrait léguer l'idée à la société qui en serait la laïcisation, et par lesquels celle-ci se prémunirait contre les « déviationnismes «. En chrétienté, la lutte contre ce magistère fut menée par la philosophie, qu'il ...

« suprême est celui de l'impassibilité, « mort de l'âme et de l'intelligence qui précède celle du corps » : par la médi­ tation incessante de la mort, l'ascète veut prévenir celle-ci, qui risque de le surprendre et de le séparer de Dieu.

Doit-on dire davantage : que l'ascète, qui rejoint Dieu à travers l'ascèse elle­ mime, ne peut admettre le paradoxe de la mort -retour et séparation à la fois -qu'en le choisissant pour séjour? GONDISSAL VI Dominique (?-1151) (H.D.) archidiacre de Ségovie, est un des pre­ miers compilateurs d'Aristote et des Néoplatoniciens arabes et juifs.

Dans le De Divisione philosophia:, il rem­ place l'ordre du trivium et du quadri­ vium traditionnels par les classifications aristotéliques; dans le mime esprit il réfute les preuves platoniciennes de l immortalité de l'âme comme trop générales dans le De immortalitate anima:.

Citons encore parmi ses ouvrages le De invita te et le De anima.

GROSSETESTE Robert (1175-1253) est né à Steadbroke ( Suifolk).

Chance­ lier d'Oxford, encyclopédiste érudit, il fut nommé évêque de Lincoln en 1235.

Il est l'auteur de 29 traités (surtout scientifiques, en particulier d'optique) et de son école est sortie une Summa philosophia: en 19 traités, défavorable au thomisme dans les questions méta­ physiques.

Il fut le maître de Bacon, qui professa pour lui la plus fidèle admi­ ration.

GUILLAUME D'AUVERGNE (n80-1249) né à Aurillac, professait la théologie à Paris; nommé en 1228 évêque de cette ville, il présida en 1230 à la déchéance de Pierre, comte de Bretagne, à l'Assem­ blée d'Ancenis.

Il représente par ses ouvrages l'école réaliste dans son De Uni verso.

SAINT BONAVENTURE (1221-1274) Franciscain, ministre général de son Ordre, Jean de Fidenza, surnommé Bonaventure, est un de ces spéculatifs fameux dans l'Ecole qu'au Moyen Age on trouve paradoxalement parmi les fils spirituels de saint François.

« Simple et ignorant », le Pauvre d'Assise ne voulait connaître, selon la formule paulinienne, que le Christ et le Christ crucifié.

Malgré tout son savoir, saint Bonaventure garde ce sentiment : la philosophie telle qu'il la conçoit ne vaut que si on ne s y arrête point, comme voie vers la théologie, une théologie qui s'achève en mystique.

Ce n'est pas au terme seulement de cet itinéraire d'âme qu'il faut situer la MICHEL PSELLOS (1o18-rog6) ne prétendit pas Jaire œuvre originale, mais seulement réveiller parmi ses élèves de l'université de Byzance l'intérêt pour la philosophie grecque - pour Platon surtout, père des théologiens - les amener à comprendre le Christia­ nisme comme l'achèvement de celle-ci.

Entreprise qui lui valut l'hostilité de nombreux chrétiens mais aussi des occul­ tistes qu'il critiquait sans ménagements (De l'Opération des Démons).

Mais Psellos traça lui-même les limites d'un LE MOYEN AGE considération du Christ, mais au centre de la réflexion de saint Bonaventure.

De ce point de vue, on comprend par exemple la manière dont le Docteur franciscain a repris le thème augustinien de l'illumination, qui devient à son époque une théorie techniquement éla­ borée.

Toute connaissance, divine ou humaine, infinie et finie, se retrouve dans le Verbe incarné.

Comme Dieu, celui-ci connaît toutes choses, y compris l'infinité des possibles, par les Idées dont il est le lieu ou plutôt la source.

A l'opposé d'Aristote, maître de la « philosophie naturelle », qui s'est détourné des intelligibles platoniciens, le métaphysicien authentique se place au point de vue des Idées; mais il ne peut concevoir ces dernières qu'au sein de l' Etre divin, ce dernier exprimant en lui-mime toutes choses, mime sim­ plement possibles, en vertu de cette fé­ condité primordiale que manifeste la génération éternelle du Verbe.

Cette lumière intelligible qui fonde la connaissance de Dieu n'intervient-elle pas dans la connaissance de l'homme? A la question de l'illumination, posée en ces termes, saint Bonaventure répond que, mime nourri d'expérience et doué d'activité, aucun esprit fini ne peut atteindre de vérité nécessaire si les idées divines ne lui sont présentes.

Otez cette présence, il ne reste plus d'esprit, de nature raisonnable.

L'illumination impliquée dans tout savoir, celui même de l'impie, constitue le plus bas degré de la vie de l'esprit par laquelle ce dernier retourne vers son Principe divin : au-dessus de la science, il y a en effet la sagesse qui, liée à cette influence transformante de Dieu sur l'âme que constitue la grâce, apparaît essentielle­ ment mystique ou plus précisément extatique, étant donné la tension iné­ vitable d'un entendement fini aux prises avec l'infini d'un objet.

Dans la connaissance mime du Christ, âme humaine unie au Verbe éternel, et, par lui, à l'infinité des intelligibles, saint Bonaventure aperçoit cette tension, une extase de cette âme dans ce Verbe, prototype de tout autre état mystique et degré suprême de la vie de l'esprit qui, dès le plus humble savoir, commence par une illumination.

Cette réflexion christocentrique d'un théologien médiéval rationalisme qui n'avait pour lui de sens qu'en tant qu'il introduisait à la philosophie première, et son œuvre est d'abord un commentaire sur le passage de la théologie à la science : Dieu est principe, mais entre Lui et ses créatures s'impose la Nature, qui est comme son organe, « sa main », domaine ouvert à la curiosité de la raison.

L'effort scien­ tifique de Psellos Notions Communes, combiné à une critique de la philosophie d'Aristote, fait de lui, avant l'heure, un homme de la Renaissance.

( H.D.) annonce les spéculations postérieures sur le fini et l'infini, leur opposition et leur union.

PAUL VIGNAUX ALBERT LE GRAND ( 1206-1280) Albert de Bollstiidt ou Albert le Grand, qui est avec saint Thomas le représentant le plus illustre de l'Ordre des Domini­ cains au xm• siècle, se donna pour but d'introduire dans la culture chrétienne, sous les auspices du Péripatétisme, la science grecque, arabe et juive dont on découvrait alors toute la richesse.

On divise habituellement son œuvre en quatre parties: la Summa de creaturis (1245- 1250), le Commentaire des sentences, de la mime époque, un groupe de 21 traités où il expose l'ensemble du Péripatétisme (de 1250 à 1270 environ) et la Summa Theologica (1270 et suiv.).

En fait, Albert le Grand a de la philosophie péripatéticienne une idée fort large: il accueille, en effet, comme représentants de l'Ecole, après Aristote, tout à la fois, Alexandre d' Aphrodisias, Thémistius, Porphyre, Denys l'Aréopagite, les Arabes ( sazif Averroès), des Juifs comme Moïse Maimonide, etc.

C'est probablement cette soif de savoir qui a conduit Albert à transformer les rapports entre la phi­ losophie et la théologie.

Sans doute le dernier mot reste-t-il toujours à la théologie, au dogme révélé; mais les droits de l'analyse philosophique sont jalousement sauvegardés.

Par exemple à propos du problème de la création du Monde: sur le plan du dogme, Albert admet, avec saint Augustin, que le Monde a été créé par un acte volontaire de Dieu; mais dès qu'il parle en philo­ sophe, il attaque vivement l'augustinisme et accorde sa préférence à une explication « péripatéticienne », en réalité néo­ platonicienne, d'après laquelle la créa­ tion procède de Dieu selon un ordre nécessaire, sans acte créateur.

De plus commencent à se circonscrire certains domaines (physique, médecine, etc.), où prévaudra désormais une ana(yse pure­ ment conceptuelle, donc philosophique et non théologique.

Toutefois Albert le Grand n'est pas simplement un compi­ lateur ou un commentateur; les doctrines qu'il rencontre ne s'accordent pas tou­ jours avec les dogmes chrétiens, et il lui faut chercher des solutions originales.

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