Nietzsche philologue, physiologiste et musicien
Publié le 14/10/2019
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Mais Nietzsche n'entend pas de parler et décrire pour s'abandonner, dans le silence, à l'immédiat du corps et de la vie. Par le discours oblique de la métaphore, il vise à s'affranchir du langage conceptuel, épure dévitalisée, pour substituer à une forme décadente une force dionysiaque. D'où un texte interminable car il faudrait dire l'origine de tout texte, alors que celle-ci s'efface comme telle à
\"... Il se pourrait bien que toutes les questions qui traversent actuellement notre curiosité (Qu'est-ce que le langage ? Qu'est-ce qu'un signe ? Ce qui est muet dans le monde, dans nos gestes, dans tout le blason énigmatique de nos conduites, dans nos rêves et nos maladies - tout cela parle-t-il et quel langage tient-il, selon quelle grammaire ? Tout est-il signifiant ou quoi et pourqui et selon queUes règles ? Quel rapport y a-t-il entre le langage, celui du moins, qui parle vraiment ? Qu'est-ce donc que ce langage qui ne dit rien, ne se tait jamais, et s'appelle \"littérature\" ?) il se pourrrait bien que toutes ces questions se posent aujourd'hui dans la distance jamais comblée entre la question de Nietzsche et la réponse que lui fit Mallarmé.\"
Parmi les écrits posthumes de Nietzsche figure un texte de la plus haute
Nietzsche inaugure donc un type de philosophie usant délibérément de métaphores au risque d'être confondu avec la poésie. Confusion qui ne serait pas, pour Nietzsche, regrettable. L'opposition philosophie-poésie relève de la métaphysique : elle repose sur la séparation fictive du réel et de l'imaginaire, sur celle non moins fictive des \"facultés\". La philosophie est une forme de poésie. Parler par métaphores c'est faire retrouver à la langue son expression la plus naturelle, l'expression imagée la plus juste, la plus simple, la plus directe. Ferme de poésie seulement car il n'est pas fait ici un usage rhétorique de la métaphore mais un usage subordonné à une finalité stratégique : employer des métaphores non stéréoterypées démasquer les métaphores constitutives de tout concept.

«
imponance
datant de 1873 mais que Nietzsche n'avait pas publié.
Il s'agit de
L1ntrodJu:tion théorétique sur la vérité et le mensonge au sens extra -moral.
Vérité
et mensonge ne signifient ici nullement des comportements de l'homme volontaires
et conscients.
Nietzsche ne pose pas de problème moral.
Il traite du rôle de fintellect
dans le monde.
Dans cette perspective se révèle pour la première fois un thème
fondamental qui aura une� grande portée dans la pensée nietzschéenne; il s'agit
d'une linguistique subversive, inouie, insolente et paradoxale, mductible à toute
autre, impossible à classer dans aucune des rubriques existantes, qui invite le
philosophe à sortir de sa réserve et par laquelle Nietzsche pense avoir "dépassé de
mille lieues ce qu'on avait jusqu'alors appelé poésie" : tentation et tentative de
traduire le pathos dionysi aque en pathos philosophique.
Nietzsche met en lumière la fonction utilitaire de la con naissan ce humaine :
fintellect est au service du vouloir- vivre, mieux : il repose sur une illusion qui
conserv e la vie.
La nature de l'intellect est la contrefaçon, l'intelligence de la ruse
qui facilite la lune pour la vie.
Cette tendance atteint son apogée chez l'homme.
Généralement, nous voyons une antithèse irréconciliable entre le mauvais usage que
fon fait de l'intelligence dans la ruse et la volonté loyale de vérité.
Mais Nietzsche
tente de remonter à l'origine de cette antithèse et de prouver que l'instinct de la
vérité est né de finstinct de la contrefaçon.
Le �int de dépan est une m1se en prôë!s
du langage et de ses attribUts qu1, pour Ir être pas systématique, n'en a pas moins de
bout en bout une cohérence et une rigueur exceptionnelles et fait de Nietzsche le
philosophe du langage : non pas un auteur qu'on explique mais un penseur avec qui
on s'explique.
L'essentiel sur lequel se concentrera notre propos portera sur ce en
quoi consiste le mens onge du langage, le menso nge des concepts et des mots -
mensonge au sens extra-moral du terme.
''Tout parle, nous dit Nietzsche, mais c'est
pourquoi tout peut mentir et notamment 11déal".
Comment dans une société
moderne les mots ont tué les choses et se sont finalement constitués en système clos
dont chacun, dès fenfance, devient fesclave ? Pourquoi un narc issisme fétichiste se
montre singulièr ement dans la fascination exercée de nos jours par la linguistique ?
Comment, syst!me de signes qui se mord la queue, Je langage moderne n'est plus
signe puisqu '
il a cessé de désigner et puisqu'il est lui-même chose insignifiante ?
Pourquoi en définitive, les systèmes philosophiques ne sont que des systèmes
grammaticaux ayant pour seul contenu leurs propres formes ? Entendre les réponses
de Nietzsche à toutes ces questions, c'est du même coup manifester l'intempestivité la
plus actuelle du projet nietzschéen.
La grille du langage : premier lab
yrinthe par
lequel passent
les "vérités"
S on oeuvre, Nietzsche ne la conçoit pas sans la destruction de celle de
Socrate.
Le terrain commun entre ces deux penseurs concerne le langage :
l'un est le promoteur du dire et l'avant-garde des siècles de conce ptualisation
rationalist e; rautre, témoin de la pleine réussite de la pensée rationnelle, freine cet
élan et pense le boulever sement du dire et du voir.
Cest de la nomination faite par le
langage que part Socrate pour inverser le process us des sophistes et produire une
nomination consciente, oeuvrée par un sujet parlant.
Du même coup il accepte
'd'entrer dans ,es fdets du langage", filets dans lesquels il attire insidieusement ses
interlocuteurs qui s'y trouvent pris comme l'insecte dans la toile d'araignée.
Ce à
quoi invitait Socrate c'était le passage de la pensée indéfinie à la pensée défmie, avec.
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