Nietzsche: l'oubli, condition de la vie heureuse
Publié le 18/04/2009
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L'homme, observe en effet Nietzsche, jalouse le bonheur de l'animal. Il voit dans «le troupeau au pâturage« l'image d'un bonheur perdu, celui de l'Eden, du Jardin de Paradis. Or si l'animal goûte un tel bonheur, c'est qu'il n'a pas de passé parce qu'il n'a pas de mémoire. Seul l'homme, en effet, dit «je me souviens «, et c'est parce qu'il se souvient qu'il lui est impossible de vivre heureux, de vivre pleinement.
- a) Oublier le temps
C'est par la mémoire, conscience du passé, que l'homme acquiert la conscience du temps et donc celle de la fugitivité de toute chose, notamment de sa vie. Il sait que ce qui a été n'est plus, et que ce qui est est destiné à avoir été, à n'être plus. Cette présence du passé l'empêche ainsi de goûter l'instant pur, et par conséquent le vrai bonheur. Car « l'homme qui est incapable de s'asseoir au seuil de l'instant en oubliant tous les événements passés, celui qui ne peut pas, sans vertige et sans peur, se dresser un instant debout comme une victoire ne saura jamais ce qu'est un bonheur « (Considérations intempestives, II, 1). C'est pourquoi l'homme « envie l'animal qui oublie aussitôt et qui voit vraiment mourir l'instant dès qu 'il retombe dans la brume et la nuit et s'éteint à jamais. L'animal vit d'une vie non historique, car il s'absorbe entièrement dans le moment présent « (id.).
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