NIETZSCHE: La conscience est la dernière et la plus tardive évolution de la vie organique
Publié le 27/02/2008
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- Nietzsche nous donne la réponse, sans les instincts, l'homme périrait.
Le philosophe prend ici à contre-pied lesdires de la philosophie classique qui voit dans l'homme aucune nature, aucun instinct inné.
Pour le philosopheallemand, ce qui importe le plus, ce sont ces instincts inconscients qui dirigent l'action de l'homme.
Bergson reprendplus tard cette idée : il affirmera que les instincts sont plus infaillibles que l'intelligence et la conscience.La conscience est cause de ses actes incompréhensibles.
C'est elle qui nous fait « croire » en Dieu, en la morale, enun autre monde.
Elle peut œuvrer pour sa propre perte.
On sait en effet que pour Nietzsche Dieu a été crée pourréprimer l'instinct de vie par des hommes faibles qui n'avait plus la force de vivre.
De même, la conscience a des« jugements pervertis ».
Ses interprétations sur le monde sont fausses et l'amènent à mal agir.
Ces égarements dela conscience sont dus à sa « jeunesse » et à son « inexpérience ».C'est pour cela que la conscience doit être contrôlée par autre chose.
Elle doit être « tyrannisée » pour l'empêcherde faire n'importe quoi.
Là où tous les philosophes voyaient un mal absolu à tout ce qui entrave l'activité de laconscience, Nietzsche y voit une bénédiction.
Heureusement que les instincts, les désirs empêchent la conscienced'être véritablement libre, sinon l'humanité aurait couru droit à sa perte.
L'homme ne se caractérise pas par sa conscience - Les philosophes tels Descartes faisait de la conscience la caractéristique principale de l'homme.
En identifiantpensée et conscience, Descartes voyait l'homme comme conscience de part en part.
Les philosophes affirmaientalors que la conscience était l'attribut essentiel de l'homme, ce qui le distinguait fondamentalement des animaux.Pourtant, Nietzsche nous dit que cela est une illusion.
Réduire l'homme à la conscience, c'est oublier la plus grandepart de son existence.
Nous pouvons bien sûr penser d'une part aux mécanismes du corps qui ne sont pas du toutconscient, je respire par automatisme, les processus de digestion ne sont pas connues de la conscience.
Laconscience est donc superflue pour l'essentiel.
Je marche, je mange, je respire sans avoir besoin d'en avoirconscience.
Mais cela n'est pas le principal.Ce qui constitue l'homme se sont plutôt ses instincts qui restent cachés à l'homme.
Ce dernier croit être cause deses actes mais pour Nietzsche, les motifs conscients de nos actions ne sont que des phénomènes de surface.
Lesréels motifs se trouvent dans nos différents pulsions.
Mais alors que devient la liberté de l'homme ? D'ailleurs,Nietzsche refusera la prétendue unité de l'homme à travers l'unité de sa conscience.
Il écrit « on la croit « unité del'organisme ».
Mais le philosophe allemand définit l'individu comme une multiplicité, comme coexistence de différentsinstincts qui luttent pour la domination.
L'homme n'a pas besoin de la conscience pour vivre.
Par contre, essayer devivre sans les instincts est une véritable folie.
C'est pour cela que Nietzsche fustige tous les moralistes qui visent àles détruire chez l'homme.
Cela revient à lutter contre la vie même et à faire décliner les forces vitales del'humanité.
La conscience n'est pas la plus « originelle », elle n'est pas le fondement de l'homme.- de même, on fait de la conscience quelque chose de stable, qui ne varie pas.
Pourtant, il suffit de regarderl'existence humaine pour remarquer qu'elle n'est pas consciente de part en part.
Pensons au sommeil, où l'activité dela conscience est considérablement diminuée voire réduite au néant.
Pour Schopenhauer, ce sommeil était unsymptôme de l'origine de la conscience.
L'homme a besoin de retourner dans l'inconscience pour exister, comme à unstade antérieur de son évolution.
L'intensité de la conscience est variable.
C'est le constat que reprendra Bergson,en voyant que dans les gestes habituels, mécaniques, la conscience est réduite alors que dans les moments decrise, de choix, elle atteint son intensité maximale.
Ce constat des mouvements et de l'intensité de la conscienceparaît normale dans la philosophie de Nietzsche.
Si la conscience est organique, alors elle suit le cours de la nature.Or, Nietzsche reprend la thèse d'Héraclite( un philosophe antique) pour qui tout est mouvement et pour qui, on nepeut se baigner deux fois dans le même fleuve.
Dès lors, la conscience est aussi mouvement et ne peut êtreimmuable et fixe.Si la conscience est intermittente, comment peut-elle constituer le « noyau » de l'être.
? Cela voudrait dire que cequi constitue l'homme n'est pas tout le temps présent.
Qu'est-ce qui alors conduirait la vie de l'homme, quand laconscience est absente.
Par ce raisonnement, Nietzsche veut montrer que toute l'absurdité du raisonnementantérieur à son œuvre.- Enfin, Nietzsche a réfuté le fameux cogito cartésien.
Pour lui, les pensées conscientes ne sont pas maîtrisées parle sujet.
Il y a bien des pensées dans l'homme.
D'ailleurs l'homme pense tout le temps.
Mais il faut remarquer qu'« une pensée ne vient pas quand je veux », elle vient quand elle veut.
Dès lors, la conscience n'est absolumentsynonyme d'existence du sujet et elle n'est constituée que par des bribes de pensées qui deviennent conscientes.L'activité psychique du sujet est principalement inconsciente et il est donc nécessaire de comprendre que notreconnaissance ne découle qu'en très faible partie de notre conscience.
Nietzsche écrit dans la suite du gai savoir que« la plus grande partie de notre activité intellectuelle s'effectue d'une façon inconsciente et sans que nous enayons la sensation.
» Mais alors qu'est la connaissance de l'homme ? Il faut travailler la conscience et le savoir - Nietzsche reproche à cette illusion sur la conscience d'avoir conduit l'homme à se satisfaire de sa consciencedéfaillante.
Pensant que cette faculté était tout ce qu'elle pouvait être, l'homme n'a jamais chercher à travailler surelle pour la développer.
De fait, elle n'a jamais véritablement évolué.
Cette faculté ne mûrit pas parce que l'hommene fait aucun effort.
La tentative nietzschéenne est alors de détruire cette fausse croyance pour faire advenir denouvelles forces et de nouvelles pratiques.
C'est aussi cette méconnaissance de la nature de la conscience qui aconduit à ne pas s'interroger sur elle et à ne pas essayer d'en fixer le fonctionnement.
Dès lors, sans connaissance.
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