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NIETZSCHE: La conscience est la dernière et la plus tardive évolution de la vie organique

Publié le 27/02/2008

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nietzsche
11. La conscience. La conscience est la dernière et la plus tardive évolution de la vie organique, et par conséquent ce qu'il y a de moins accompli et de plus fragile en elle. C'est de la vie consciente que procèdent d'innombrables faux pas, actes manqués qui font qu'un animal, un être humain périssent avant qu'il n'eût été nécessaire- »en dépit du destin », comme dit Homère. N'était le lien conservateur, infiniment plus fort, des instincts, n'était la vertu régulatrice qu'il exerce dans l'ensemble, l'humanité devrait périr du fait de ses jugements pervertis, de ses délires à l'état de veille, de son manque de fondement et de sa crédulité, bref de sa vie consciente même : ou bien plutôt sans tous ces phénomènes l'humanité au ! ait disparu depuis longtemps ! Avant qu'une fonction soit développée et mûre, elle constitue un danger pour l'organisme : tant mieux si pendant ce temps elle est rudement tyrannisée ! Ainsi se voit rudement tyrannisée la conscience et sans doute sa propre fierté n'est-elle pas ici la moins tyrannique ! On croit que c'est là le noyau de l'homme : ce qu'il a de permanent, d'éternel, d'ultime, de plus originel ! On tient la conscience pour une quantité stable donnée ! On nie sa croissance, ses intermittences ! On la conçoit comme « unité de l'organisme » !-Cette surestimation et cette méconnaissance ridicules de la Conscience ont eu pour heureuse conséquence d'éviter son élaboration trop rapide. Parce que les hommes croyaient déjà posséder la conscience ils se sont donné d'autant moins de mal à l'acquérir,- et aujourd'hui encore il n'en est guère autrement ! S'assimiler le savoir, se le rendre instinctif, voilà qui constitue une tâche absolument nouvelle, à peine discernable, dont le regard humain devine tout juste la lueur-une tâche qui n'est discernée que de ceux qui ont compris que seules jusqu'à présent nos erreurs s'étaient assimilées à nous et que toute notre conscience ne se rapporte qu'à des erreurs !NIETZSCHE
Nietzsche se présente au XIXème siècle comme un tourbillon qui renverse la philosophie traditionnelle. Il prévient d’ailleurs lui-même qu’il va faire de la philosophie à coup de marteau, en sous-entendant qu’il va casser les prétentions philosophiques. Pour quoi faire ? Pour Nietzsche, tous les philosophes écrivent en réalité leur mémoire, toute leur philosophie est personnelle et cependant il continue à prétendre à une objectivité encore moins atteignable qu’en science. Il s’agit pour lui de développer une méthode généalogique qui part d’une interprétation pour remonter aux causes profondes. Le philosophe allemand essaie de briser les illusions néfastes pour pouvoir inventer par la suite. Selon lui toute destruction n’est acceptable que si elle est accomplie dans le but de créer de nouvelles forces à partir du vide ainsi dégagé. Dans ce texte, Nietzsche s’attaque au concept philosophique de « conscience «. Reprenant certains dires de son éducateur, Schopenhauer, Nietzsche étudie la conscience et son rôle dans l’existence de l’homme. Beaucoup de philosophes voient en elle la dignité de l’homme. Kant y aperçoit la faculté qui élève les hommes au-dessus de tous les êtres vivants, Pascal ce qui nous rend digne, Descartes ce qui nous distingue de l’animalité. La conscience a été pendant des siècles ce qui fonde l’humain, ce qui le rattache à Dieu et lui donne la liberté. Nietzsche ici va lutter contre cette prétention et entreprendre une véritable révolution. Il tend à voir l’origine et la destination de la conscience. Comment fait-il pour détruire les illusions ? La conscience est-elle véritablement un processus naturel ? La conscience caractérise-t-elle réellement l’homme ? Si la conscience n’est plus le noyau de l’homme, qu’est-ce qui est principal chez lui ? Comment nous diriger dans le monde si la conscience n’est pas une instance privilégiée ? Que devient la connaissance ? La liberté ?
 

nietzsche

« - Nietzsche nous donne la réponse, sans les instincts, l'homme périrait.

Le philosophe prend ici à contre-pied lesdires de la philosophie classique qui voit dans l'homme aucune nature, aucun instinct inné.

Pour le philosopheallemand, ce qui importe le plus, ce sont ces instincts inconscients qui dirigent l'action de l'homme.

Bergson reprendplus tard cette idée : il affirmera que les instincts sont plus infaillibles que l'intelligence et la conscience.La conscience est cause de ses actes incompréhensibles.

C'est elle qui nous fait « croire » en Dieu, en la morale, enun autre monde.

Elle peut œuvrer pour sa propre perte.

On sait en effet que pour Nietzsche Dieu a été crée pourréprimer l'instinct de vie par des hommes faibles qui n'avait plus la force de vivre.

De même, la conscience a des« jugements pervertis ».

Ses interprétations sur le monde sont fausses et l'amènent à mal agir.

Ces égarements dela conscience sont dus à sa « jeunesse » et à son « inexpérience ».C'est pour cela que la conscience doit être contrôlée par autre chose.

Elle doit être « tyrannisée » pour l'empêcherde faire n'importe quoi.

Là où tous les philosophes voyaient un mal absolu à tout ce qui entrave l'activité de laconscience, Nietzsche y voit une bénédiction.

Heureusement que les instincts, les désirs empêchent la conscienced'être véritablement libre, sinon l'humanité aurait couru droit à sa perte.

L'homme ne se caractérise pas par sa conscience - Les philosophes tels Descartes faisait de la conscience la caractéristique principale de l'homme.

En identifiantpensée et conscience, Descartes voyait l'homme comme conscience de part en part.

Les philosophes affirmaientalors que la conscience était l'attribut essentiel de l'homme, ce qui le distinguait fondamentalement des animaux.Pourtant, Nietzsche nous dit que cela est une illusion.

Réduire l'homme à la conscience, c'est oublier la plus grandepart de son existence.

Nous pouvons bien sûr penser d'une part aux mécanismes du corps qui ne sont pas du toutconscient, je respire par automatisme, les processus de digestion ne sont pas connues de la conscience.

Laconscience est donc superflue pour l'essentiel.

Je marche, je mange, je respire sans avoir besoin d'en avoirconscience.

Mais cela n'est pas le principal.Ce qui constitue l'homme se sont plutôt ses instincts qui restent cachés à l'homme.

Ce dernier croit être cause deses actes mais pour Nietzsche, les motifs conscients de nos actions ne sont que des phénomènes de surface.

Lesréels motifs se trouvent dans nos différents pulsions.

Mais alors que devient la liberté de l'homme ? D'ailleurs,Nietzsche refusera la prétendue unité de l'homme à travers l'unité de sa conscience.

Il écrit « on la croit « unité del'organisme ».

Mais le philosophe allemand définit l'individu comme une multiplicité, comme coexistence de différentsinstincts qui luttent pour la domination.

L'homme n'a pas besoin de la conscience pour vivre.

Par contre, essayer devivre sans les instincts est une véritable folie.

C'est pour cela que Nietzsche fustige tous les moralistes qui visent àles détruire chez l'homme.

Cela revient à lutter contre la vie même et à faire décliner les forces vitales del'humanité.

La conscience n'est pas la plus « originelle », elle n'est pas le fondement de l'homme.- de même, on fait de la conscience quelque chose de stable, qui ne varie pas.

Pourtant, il suffit de regarderl'existence humaine pour remarquer qu'elle n'est pas consciente de part en part.

Pensons au sommeil, où l'activité dela conscience est considérablement diminuée voire réduite au néant.

Pour Schopenhauer, ce sommeil était unsymptôme de l'origine de la conscience.

L'homme a besoin de retourner dans l'inconscience pour exister, comme à unstade antérieur de son évolution.

L'intensité de la conscience est variable.

C'est le constat que reprendra Bergson,en voyant que dans les gestes habituels, mécaniques, la conscience est réduite alors que dans les moments decrise, de choix, elle atteint son intensité maximale.

Ce constat des mouvements et de l'intensité de la conscienceparaît normale dans la philosophie de Nietzsche.

Si la conscience est organique, alors elle suit le cours de la nature.Or, Nietzsche reprend la thèse d'Héraclite( un philosophe antique) pour qui tout est mouvement et pour qui, on nepeut se baigner deux fois dans le même fleuve.

Dès lors, la conscience est aussi mouvement et ne peut êtreimmuable et fixe.Si la conscience est intermittente, comment peut-elle constituer le « noyau » de l'être.

? Cela voudrait dire que cequi constitue l'homme n'est pas tout le temps présent.

Qu'est-ce qui alors conduirait la vie de l'homme, quand laconscience est absente.

Par ce raisonnement, Nietzsche veut montrer que toute l'absurdité du raisonnementantérieur à son œuvre.- Enfin, Nietzsche a réfuté le fameux cogito cartésien.

Pour lui, les pensées conscientes ne sont pas maîtrisées parle sujet.

Il y a bien des pensées dans l'homme.

D'ailleurs l'homme pense tout le temps.

Mais il faut remarquer qu'« une pensée ne vient pas quand je veux », elle vient quand elle veut.

Dès lors, la conscience n'est absolumentsynonyme d'existence du sujet et elle n'est constituée que par des bribes de pensées qui deviennent conscientes.L'activité psychique du sujet est principalement inconsciente et il est donc nécessaire de comprendre que notreconnaissance ne découle qu'en très faible partie de notre conscience.

Nietzsche écrit dans la suite du gai savoir que« la plus grande partie de notre activité intellectuelle s'effectue d'une façon inconsciente et sans que nous enayons la sensation.

» Mais alors qu'est la connaissance de l'homme ? Il faut travailler la conscience et le savoir - Nietzsche reproche à cette illusion sur la conscience d'avoir conduit l'homme à se satisfaire de sa consciencedéfaillante.

Pensant que cette faculté était tout ce qu'elle pouvait être, l'homme n'a jamais chercher à travailler surelle pour la développer.

De fait, elle n'a jamais véritablement évolué.

Cette faculté ne mûrit pas parce que l'hommene fait aucun effort.

La tentative nietzschéenne est alors de détruire cette fausse croyance pour faire advenir denouvelles forces et de nouvelles pratiques.

C'est aussi cette méconnaissance de la nature de la conscience qui aconduit à ne pas s'interroger sur elle et à ne pas essayer d'en fixer le fonctionnement.

Dès lors, sans connaissance. »

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