Nietzsche et l'oubli
Publié le 26/01/2020
Extrait du document
A partir d’une étude ordonnée, dégagez l’intérêt philosophique du texte suivant :
« Cet animal nécessairement oublieux, pour qui l’oubli est une force et la manifestation d’une santé robuste, s’est créé une faculté contraire, la mémoire, par quoi, dans certains cas, il tiendra l’oubli en échec, - à savoir dans les cas où il s’agit de promettre : il ne s’agit donc nullement de l’impossibilité purement passive de se soustraire à l’impression une fois reçue, ou du malaise que cause une parole une fois engagée et dont on n’arrive pas à se débarrasser, mais bien de la volonté active de garder une impression, d’une continuité dans le vouloir, d’une véritable mémoire de la volonté: de sorte que, entre le primitif « je ferai » et la décharge de volonté proprement dite, l’accomplissement de l’acte, tout un monde de choses nouvelles et étrangères, de circonstances et mêmes d’actes de volonté, peut se placer sans inconvénient et sans qu’on doive craindre de voir céder sous l’effort cette longue chaîne de volonté. »
Nietzsche
Appréciations d'ensemble et remarques
Cette copie témoigne chez son auteur de réelles aptitudes à penser une multiplicité de problèmes philosophiques. Le candidat a choisi d’expliquer le texte de Nietzsche, en suivant le développement de ses idées-maîtresses, alors qu’il eût peut-être été plus opportun de le commenter en l’organisant autour de ses principales idées-force reliées entre elles à l’intérieur d’une problématique, qui aurait pu être par exemple celle des rapports du passif et de l’actif dans les opérations de la conscience (ici, singulièrement, d’une mémoire passive et d’une mémoire active ou volontaire); ou encore celle du passage intrasubjectif de la nature (règne de l’oubli « vital » qui assure la quiétude de l’animal humain) à la culture (règne de la mémoire volontairement mobilisée dans l’acte social du pacte, c’est-à-dire de la promesse par laquelle on s’oblige).
Dans le texte de Nietzsche, cette évocation de la « promesse » renvoie à une tradition philosophique qui est celle du pacte social et du contrat par lequel les hommes s’engagent à respecter certaines lois consenties par eux lors de la formation de la société politique. On pourra lire sur cette question Le Corps politique de Hobbes (édité par l’université de Saint-Étienne), Physique de VÉtat (examen du Corps politique de Hobbes), de Patrick Tort (éditions Vrin, 1978). On lira également Le Contrat social de Rousseau.
Les références philosophiques sont utilisées judicieusement, et montrent l’effectivité d’un certain nombre de lectures relativement diverses et, en tout cas, heureusement harmonisées au niveau de ce travail.
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Conscience et Volonté: L'OUBLI ET LA MÉMOIRE -Nietzsche
- Pensez-vous que l'on puisse dire avec Nietzsche que: Nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle jouissance de l'instant présent ne pourraient exister sans faculté d'oubli ?
- NIETZSCHE: Cet animal nécessairement oublieux, pour qui l'oubli est une force et la manifestation d'une santé robuste s'est créé une faculté contraire, la mémoire
- Nietzsche: l'oubli, condition de la vie heureuse
- NIETZSCHE : la nécessité de l'oubli