NIETZSCHE et l'idée du libre arbitre
Publié le 30/06/2015
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« Il ne nous reste aujourd'hui plus aucune espèce de compassion avec l'idée du "libre arbitre " : nous savons trop bien ce que c'est — le tour de force théologique le plus mal famé qu'il y ait, pour rendre l'humanité "responsable" à la façon des théologiens, ce qui veut dire : pour rendre l'humanité dépendante des théologiens... Je ne fais que donner ici la psychologie de cette tendance à vouloir rendre responsable. — Partout où l'on cherche des responsabilités, c'est généralement l'instinct de punir et de juger qui est à l'ceuvre. On a dégagé le devenir de son innocence lorsque l'on ramène un état de fait quelconque à la volonté, à des intentions, à des actes de responsabilité ; la doctrine de la volonté a été principalement inventée à fin de punir, c'est-à-dire avec l'intention de trouver coupable. Toute l'ancienne psychologie, la psychologie de la volonté n'existe que par le fait que ses inventeurs, les prêtres, chefs des communautés anciennes, voulurent se créer le droit d'infliger une peine — ou plutôt qu'ils voulurent créer ce droit pour Dieu... Les hommes ont été considérés comme "libres", pour pouvoir être jugés et punis —, pour pouvoir être coupables: par conséquent toute action devait être regardée comme voulue, l'origine de toute action comme se trouvant dans la conscience. «
NIETZSCHE
«
-Ainsi la conception de la liberté comme capacité interne à s'autodéterminer
s'accompagne d'un envers d'origine religieuse: je suis libre signifie alors je pourrai
être puni (par Dieu ou
les prêtres) et ce qui apparaissait dans un premier temps
comme un avantage
se transforme en preuve de soumission (renversement
caractéristique de la tactique de Nietzsche).
II.
VOLONTÉ ET CONSCIENCE
- La responsabilité et la culpabilité éventuelle (qui en est la conséquence)
impliquent la conscience de la liberté: que la conscience elle-même soit conçue
comme
ce qui singularise chaque être humain (cf.
dernière phrase).
-
On le sait, dans l'affirmation de la conscience individuelle, la religion chré
tienne a en effet joué un rôle important (pour qu'il y ait possibilité
de l'inter
pellation divine,
il faut qu'existe en chaque homme un espace intérieur où la parole
de Dieu puisse résonner).
Cf.
les travaux de M.
Mauss sur la notion de personne.
- De plus, la conscience individuelle a bien été progressivement définie comme
centre
de volonté et d'autodétermination (de Corneille à Maine de Biran): la
volonté y occupe en effet une place centrale, c'est elle qui donne à la conscience
son épaisseur et sa capacité de décision.
Dès lors
le clivage bonne
volonté/mauvaise volonté peut y être
inscrit- et Kant souligne bien que la façon
dont
le christianisme présente le mal comme résultant d'un choix volontaire est
admirable.
III.
UN DEVENIR «INNOCENT»
- Dès que conscience, volonté et liberté sont admises comme caractérisant
l'humanité, la prise de conscience et l'exercice de la volonté apparaissent comme
des devoirs: l'innocence (au sens étymologique) devient impossible.
Ainsi, la
notion
de conscience s'accompagne en permanence d'une menace de culpabili:é.
- À cette tradition, Nietzsche oppose la nostalgie et le désir ù'actes au contra,re
effectués indépendamment de la conscience.
De tels actes restent-ils concevabies
à partir du moment où l'homme a acquis sa conscience (tant morale que
psychologique)? Cela suppose que l'origine
de certaines actions soit simplement
en dehors de la conscience.
C'est
le cas des automatismes, des conduites
physiologiquement nécessaires
(respirer)- et c'est pourquoi Nietzsche considère
que, dans la plupart
des situations, la conscience est en effet.
»
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