Nietzsche et le libre-arbitre
Publié le 08/11/2019
Extrait du document
«
choses divines pour faire que Dieu ne soit pas responsable du mal produit pas sa créature, ce qui
contredisait et sa perfection et la légitimité de son pouvoir moral de punir qu'il est censé exercer sur
les hommes pour les sauver du mal dont ils sont la cause première.
mais, selon Nietzsche, ce dieu
créateur ainsi que l'idée même de libre-arbitre sont des inventions des prêtres et des théologiens qui
utilisent la croyance en lui qu'ils produisent et entretiennent pour exercer ce pouvoir divin dont ils
prétendent être les dépositaires pour punir et se soumettre les hommes au nom même de leur
prétendue liberté.
Cette ruse perverse, ce mensonge, est pour N à l'origine du triomphe de la morale
au service des faibles dont les prêtres ne sont que l'expression concentrée, pour faire que les forts
soient dominés par les faibles.
Morale négative et contre nature, morale de l'affaiblissement des
forces vitales, symptôme de leur décadence nihiliste.
Mais cette thèse vient heurter de front l'ensemble du droit, à la fois libéral et pénal fondé une l'idée
même du libre-arbitre, elle renverse tout ce qui semble avoir été au cœur du progrès de la
civilisation: le renoncement à la violence pour établir le bien vivre ensemble, la justice, l'ordre
pacifique, la solidarité entre les individus.
N'est-elle pas à son tour une menace pour le
développement de l'humanité en l'homme et un retour à la barbarie pré humaine, animale, sous le
couvert de la revalorisation des forces vitales et immorales des instincts primitifs? Si le libre-arbitre
est une croyance n'est-elle pas nécessaire à l'intériorisation des normes éthiques et des valeurs
communes indispensables à la vie sociale pacifiée? Ne faut-il pas moraliser l'animal humain pour le
rendre social, dès lors que l'instinct n'y suffit pas? La force peut-elle faire droit? Et sinon, le droit
n'exige t il pas que les hommes soient considérés comme libres et responsables? Tel est l'enjeu de ce
texte, dont on voit qu'il nous oblige remettre en question nos croyances morales et sociales les plus
fondamentales, ne serait ce une pour en mesurer la précarité et nous mettre à la recherche de
fondements mieux assurés de l'éthique..
L'étude de ce texte, dont le style et le contenu provocant doit nous être une incitation à la réflexion
la plus radicale, est donc indispensable pour penser la morale et non la laisser aux aléas de l'opinion
conformiste ; d’autant que dans notre société politiquement et culturellement largement
déchristianisée, les valeurs éthiques traditionnelles ne vont plus de soi, quand elles ne sont pas
ouvertement contestées au nom d'une conception de la liberté individuelle sans limites clairement et
consensuellement déterminables.
Analyse commentée du texte
1-1 Analyse globale
1-1-1 Ce texte se présente comme une révocation radicale de l’idée du libre-arbitre présentée
comme une invention mensongère, un subterfuge magique (« tour de passe-passe »e) produit par
des illusionnistes conscient, les théologiens, au service d’une volonté de domination, la leur,
exercée sur les individus naïvement croyants et abusés, le nous désigne ici Nietzsche lui-même et
ceux qui se reconnaissent dans ses thèses, mais, plus largement, tous ceux qui ont plus ou moins
rompu avec les croyances judéo-chrétiennes, comme fondement transcendant (divin) de la morale.
Nietzsche se borne à réinterpréter à sa manière, en terme d’expression d’une volonté de puissance,
des croyances qu’il ne prend pas même la peine ici de critiquer au fond (critique interne), comme si
la critique externe qu’il en fait suffisait à réduire à néant toute éventuelle justification de cette
croyance dans le libre-arbitre, dont il affirme qu’elle n’a plus cours pour lui et ceux qui s’en sont
libérés.
Cette absence de critique interne est « justifiée » par le seul fait que lui, Nietzsche, ne croit.
»
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