NIETZSCHE ET LA CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE
Publié le 03/02/2012
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Dans la science, les convictions n'ont pas droit de cité, voilà ce que l'on dit à juste titre : ce n'est que lorsqu'elles se décident à s'abaisser modestement au niveau d'une hypothèse, à adopter le point de vue provisoire d'un essai expérimental, que l'on peut leur accorder l'accès et même une certaine valeur à l'intérieur du domaine de la connaissance - avec cette restriction toutefois, de rester sous la surveillance policière de la méfiance. Mais si l'on y regarde de plus près, cela ne signifie-t-il pas que la conviction n'est admissible daus la science que lorsqu'elle cesse d'être conviction? La discipline de l'esprit scientifique ne débuterait-elle pas par le fait de s'Interdire dorénavant toutes convictions?... Il en est probablement ainsi : reste à savoir s'Il ne faudrait pas, pour que pareille discipline pût s'instaurer, qu'il y eût déjà conviction, conviction si impérative et inconditionnelle qu'elle sacrifiât pour son compte toutes autres convictions. On le voit, la science elle aussi se fonde sur une croyance, il n'est point de science « sans présupposition«. La question de savoir si la vérité est nécessaire ne doit pas seulement au préalable avoir trouvé sa réponse affirmative, cette réponse doit encore l'affirmer de telle sorte qu'elle exprime le principe, la croyance, la conviction que "rien n'est aussi nécessaire que la vérité et que par rapport à elle tout le reste n'est que d'importance secondaire." NIETZSCHE
Une lecture rapide du texte peut laisser apparaître qu'il est question ici de « la science «, de « la vérité «, de « la conviction«, de «la connaissance « et la tentation peut être grande de lire ce texte en y reconnaissant la problématique bien connue de la connaissance scientifique comme rupture avec les convictions, les opinions et d'y projeter, par exemple, la problématique de certains textes de Bachelard.

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grande de lire ce texte en y reconnaissant la problématique
bien connue de
« la connaissance scientifique }} comme
rupture avec les convictions, les opinions et d'y projeter,
·par exemple, la problématique de certains textes de Bachelard.
Toutefois une lecture quelque peu attentive permet de
repérer des éléments un tant soit peu surprenants s'ils ne sont
pas gratuits :
on découvre des expressions telles que « sur veillance policière }}, « droit de cité >>, « pareille discipline »; on peut mettre en évidence une articulation progressive
(quelque peu ·étrange pour qui a une certaine familiarité des
textes de Nietzsche, textes qui se caractérisent le plus souvent par leur aspect «fragmenté»), c'est ainsi que l'on peut relever
les expressions suivantes : « Mais si l'on y regarde de plus
près ...
Il en est probablement ainsi ...
reste à savoir si...
}>
Cela nous amène à penser qu'il convient de mener -dans
un premier temps -· une lecture très attentive et suivie du
texte de Nietzsche en nous demandant la raison d'être des
termes employés, de
« la progression » mise en œuvre afin
de saisir véritablement ce qui est dit (et non de le méconnaître)
pour que -dans un deuxième temps -nous puissions
énoncer quel est l'enjeu du texte, sa portée effective et son
intérêt philosophique.
Il convient sans doute de remarquer en premier lieu que
Nietzsche ne part pas d'une définition de la science, qu'il
ne dit pas ce qu'elle est mais qu'il dit ce
qu'on en dit.
Il part
de l'opinion.
Mieux même, il consacre cette opinion (Cf.
« à
juste titre ») avant (est-ce contradictoire?) de la mettre ulté
rieurement en doute (Cf.
« il en est probablement ainsi,
reste à savoir si ...
»).
C'est peut-être que pour Nietzsche une
opinion a toujours de bonnes et de mauvaises raisons?
Quoi qu'il en soit,
il est intéressant de saisir qu'avant de
mettre cette opinion en doute, Nietzsche abonde dans son
sens : en effet,
il s'agit de clarifier, de fixer cette opinion car
elle apparaît comme un peu « flottante ».
En effet elle dit à la fois que « les convictions n'ont pas
droit de cité » (déclaration de principe) et qu'à certaines
conditions, elles peuvent être admises « à l'intérieur du.
»
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