Nietzsche - Crépuscule Des Idoles: La guerre contre les passions
Publié le 15/01/2013
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peuvent être maîtrisées de manière à s’allier à l’esprit. Il n’y a lors plus d’opposition radicale entre l’esprit
et les passions qui ne seraient que corporelles, mais alliance qui permet l’évolution et la création. La
passion devient alors l’aiguillon de l’action, sa condition nécessaire, et telle sorte qu’une morale ascétique
serait plus dangereuse qu’autre chose, puisqu’elle priverait l’homme de tout désir d’action, elle serait
mortifère. De même que le dentiste se doit de soigner la dent avant de l’arracher, l’homme doit essayer
de dompter ses passions pour en retirer tout le bénéfice possible au lieu de la rejeter radicalement. Le
véritable traitement pour ne plus souffrir des passions ne consiste pas dans leur amputation radicale,
mais dans la compréhension de ce qu’elles sont véritablement (pas seulement négatives, mais pouvant
devenir positives si elles s’allient à l’esprit) afin de les marier à l’esprit.
Ce que Nietzsche critique donc, ce ne sont pas les passions, mais leur condamnation radicale. D’ailleurs,
un tel extrémisme dans le rejet des passions apparaît lui-même comme passionnel ? Tant de violence et
d’hostilité ne semblent pas très raisonnables, mais plutôt haineux. Cette guerre contre les passions rend
les hommes aigris et frustrés. Si bien que c’est une autre forme de passion, négative celle-ci, qui se
substitue aux passions pouvant être embellies : le fanatisme, l’obsession ascétique, qui privilégie
«
Cette première période se caractérise par la stricte négativité de la passion, à ce moment là : les
passions « sont seulement néfastes », elles ne font que rabaisser
« leur victime de tout le poids de la bêtise », li.
1-2.
Les passions désignent ici les affections de l’âme.
Plus précisément, on nomme « passion », un attachement exclusif, exacerbée et durable à un objet, de
telle sorte que l’objet de la passion obsède et prive le passionné tout sens critique.
L’avare par exemple,
ne songe qu’à sa richesse, et le joueur est prêt à tout pour se sentir frémir.
L’étymologie du terme «
passion » est ici éclairante : « passion » vient du latin patior, qui signifie « subir, pâtir ».
Le passionné est
donc littéralement prisonnier de sa passion, il la subit et en souffre.
(utilisez l’étymologie lorsqu’elle
éclaire l’idée que vous voulez amener et développer).
La passion est alors considérée, à juste raison
semble-t-il, comme une maladie de l’âme par la morale traditionnelle : elle empêche l’esprit de bien
raisonner et le rend esclave du corps.
Nous saisissons dès lors, au regard de ces aspects négatifs, pourquoi la passion doit être rejetée et
combattue.
En effet, si les passions sont synonymes de servitude, d’aliénation et de souffrances, nous
comprenons aisément la haine et le déchaînement de violence que prône à leur encontre les morales
antiques et chrétiennes.
Toutefois, les passions sont-elles uniquement néfastes ? (faîtes des mini-
transitions entre les sous-parties).
B) Seconde période, période active, où les passions se spiritualisent
Certes, les passions apparaissent néfastes
dans un premier temps, mais elles connaissent une seconde période plus tardive, où « elles se marient à
l’esprit, où elles se spiritualisent », Li.
3-4.
(repérez les signes de ponctuations spécifiques, le philosophe
cherche à attirer votre attention).
En quel sens devons-nous comprendre cette spiritualisation des
passions ? S’agit -il d’une maîtrise rigoureuse du corps par l’esprit, qui parvient à dompter les passions ?
Ou faut-il penser une alliance réciproque et égalitaire où esprit et corps s’unissent ? Quoi qu’il en soit,
cette seconde période de la passion apparaît moins négative que la précédente.
Il n’est nullement
question ici de souffrance ou d’esclavage.
Devons-nous envisager que la passion puisse être réhabilitée
?
Cette analyse des passions, dans leur devenir temporel, nous permet d’en avoir une représentation plus
juste car plus complète.
En effet, Nietzsche souligne bien cette dualité dans l’histoire des passions : une
première période passive, où les passions sont strictement négatives puisque aliénantes, et une seconde
période, active, où les passions s’allient à l’esprit.
Il nous invite donc à ne pas cantonner la passion à une
seule période.
A partir de ce constat, comment comprendre l’attitude belliqueuse des morales
traditionnelles à l’encontre des passions ? Pourquoi celles-ci leur déclarent-elles la guerre ? (attention
aux transition entre les parties qui rappellent les acquis précédents et justifient
le passage à la partie suivante en posant le pb, la question à laquelle elle va répondre)
II) Avant, on faisait la guerre à la passion : raisons de la condamnation des passions par les morales
traditionnelles
A) La guerre contre la passion comme remède à sa bêtise
« Autrefois », reconnaît Nietzsche, « à cause de la bêtise de la passion, on faisait la guerre à la passion
elle-même : on jurait sa perte (…).
», lignes 4-5.
Si les morales traditionnelles ont combattu les passions,
c’est à cause de leur bêtise.
Que devons-nous entendre par là ?
Nous avons une illustration parfaite de la bêtise de la passion, dans De L’amour, où Stendhal analyse le
phénomène de cristallisation : l’amoureux passionné ne prend pas conscience des défauts de l’élu de son
cœur, l’amant est aveuglé et projette ses désirs sur la réalité.
Comment expliquer un tel phénomène ?.
»
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