NIETZSCHE: Cause et effet
Publié le 27/02/2008
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Dans ce texte, Nietzsche propose une forme de psychologie de la science et de l’esprit humain qui cherche à connaître les choses, sous la forme d’une description historique et critique du fonctionnement de l’intellect, et dans le cadre d’une définition, elle aussi critique, des concepts de cause et d’effet. Ces concepts de cause et d’effet sont le point de départ du texte, mais le texte a une portée qui les dépasse largement, puisqu’il propose une interprétation générale du phénomène de la connaissance humaine : il faudra donc insister sur cette portée du texte, qui se révèle plus importante que son objet de départ.
On peut distinguer trois moments dans le texte. Le premier, qui va du début à « personne n'a « expliqué « le choc «, est consacré à une critique de la notion d’explication par la cause et l’effet. On voit d’emblée, donc, que les notions de cause et d’effet servent au travail d’une question plus vaste, ici la question des prétentions et des insuffisances de l’explication. La notion d’explication, qui enchaîne des causes et des effets, se révèle être en réalité une simple description : il faut prendre la mesure de cette affirmation de Nietzsche du point de vue des prétentions de la science elle-même ; ici la base même de cette science se trouve totalement dévaluée.

«
Il faudra expliquer ce texte en ayant le souci à la fois d'interroger la démarche particulière de Nietzsche – il part eneffet de deux concepts limités, cause et effet, pour finalement décrire très largement la psychologie de l'homme quicherche à connaître le réel, et critiquer cette psychologie scientifique en en montrant les erreurs – et de mettre envaleur la portée critique du texte – puisque celui-ci contient les bases d'une invalidation complète de la pratiquescientifique.
Pistes pour une perspective critique
Nietzsche semble proposer une épistémologie psychologique, c'est-à-dire qu'il éclaire le fonctionnement desprocessus de la connaissance humaine par une prise en compte du fonctionnement mental de l'homme.
La conclusion à laquelle il arrive dans ce texte peut être rapprochée de l'approche bergsonienne du mouvement etde sa perception par l'homme :
Bergson
« Considérons le mouvement dans l'espace.
Je puis, tout le long de ce mouvement, me représenter des arrêtsimpossibles : c'est ce que j'appelle les positions du mobile ou les points par lesquels le mobile passe.
Mais avec lespositions, fussent-elles en nombre infini, je ne ferai pas du mouvement.
Elles ne sont pas des parties dumouvement ; elles sont autant de vues prises sur lui ; elles ne sont, pourrait-on dire, que des suppositions d'arrêt.Jamais le mobile n'est réellement en aucun des points ; tout au plus peut-on dire qu'il y passe.
Mais le passage, quiest un mouvement, n'a rien de commun avec un arrêt, qui est immobilité.
Un mouvement ne saurait se poser sur uneimmobilité, car il coïnciderait alors avec elle, ce qui serait contradictoire.
Les points ne sont pas dans le mouvement,comme des parties, ni même sous le mouvement, comme des lieux du mobile.
Ils sont simplement projetés par nousau-dessous du mouvement, comme autant de lieux où serait, s'il s'arrêtait, un mobile qui par hypothèse ne s'arrêtepas.
Ce ne sont donc pas, à proprement parler, des positions, mais des suppositions, des vues ou des points de vuede l'esprit.
»
Un rapprochement ente Nietzsche et Bergson permettrait de poser la question plus générale du rapport de l'hommeau monde, et de la validité du rapport de connaissance qu'il cherche à avoir avec lui : par ce rapport l'hommeentend en effet connaître la réalité des choses de la manière la plus fidèle possible, mais il semble en fait qu'ilprojette sur cette réalité des concepts déformants – celui de cause et d'effet par exemple – parce que son rapportau monde est faussé pour différentes raisons – la piste proposée par Bergson à ce sujet est que l'homme entretientavec le monde un rapport utilitaire, et qu'il applique donc sur le monde des concepts qui lui permettent d'utiliser aumieux ce monde, et non de le contempler..
»
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