Nicolas Jolliet et Jacques Marquette
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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Arrivés à ce village, Jolliet et Marquette décidèrent de revenir : ils craignaient pour la vie de leurs compagnons sices derniers tombaient entre les mains des Espagnols de Floride, et, s'ils étaient eux-mêmes capturés, leurs travauxeussent été vains, car il ne leur eût pas été permis de faire connaître les résultats de leur voyage.
Du point de vue géographique, le résultat principal de l'expédition est exprimé par le Père Dablon dans saconversation avec Jolliet : "Le Père [Marquette] et le sieur Jolliet ne doutent point que le terme de cettedécouverte ne soit vers le golfe du Mexique, qui est la Floride, parce que du côté du Levant ce ne peut pas être laVirginie, dont le bord de la mer est au plus au 34e degré, et eux ont marché jusqu'au 33e, et cependant n'ontapproché de la mer que de cinquante lieues.
Du côté du couchant, ce ne peut pas aussi être la mer Vermeille, parceque leur route, ayant presque toujours été vers le sud, les en détournait.
Il reste donc que ce soit la Floride, qui estau milieu de l'un et de l'autre."
Au cours de la même conversation, Dablon exprime la déception qu'il éprouva en apprenant que le Mississipi se jetaitdans le golfe du Mexique, au lieu du golfe de Californie, ce qui eût sensiblement abrégé la route de l'Extrême-Orient.Mais, poursuit-il, "on ne doit pas désespérer devenir à bout de cette autre découverte de la mer du Couchant par lemoyen du Mississipi", c'est-à-dire en remontant un de ses affluents occidentaux ; Jolliet pensait aussi que le golfede Californie pourrait être atteint par le moyen du Missouri.
Les explorations ultérieures prouvèrent que cettesupposition était juste, car la source de la Platte River — un affluent du Missouri — se confond presque avec lessources du Colorado qui lui-même se jette dans le golfe de Californie.
Lorsque les explorateurs commencèrent leur voyage de retour, ils s'étaient beaucoup plus éloignés de la mer qu'ilsne le pensaient, car jamais personne n'avait imaginé l'étrange cours du Mississipi en aval de l'Arkansas.
Ils setrouvaient non pas à cinquante lieues, mais à plus de sept cents milles du golfe, et, à l'allure où ils avaient voyagédepuis qu'ils avaient abordé le fleuve, il leur aurait fallu trois semaines pour atteindre son embouchure.
Aucun événement ne marqua le voyage de retour.
Près de l'actuelle Memphis, dans le Tennessee, ils rencontrèrentles Indiens Mosopolea auxquels Marquette remit une lettre qui finalement parvint au colonel Bird en Virginie.
Unecopie en fut découverte vingt-cinq ans plus tard.
Au lieu de suivre, pour revenir, la même route qu'à l'aller, ilsquittèrent le Mississipi à l'embouchure de l'Illinois et remontèrent ce fleuve jusqu'au village de Kaskaskia, où ilss'arrêtèrent quelque temps.
Ils continuèrent leur voyage en suivant l'Illinois, la rivière des Plaines et abordèrent àChicago à la fin de septembre 1673.
De Chicago, ils longèrent la côte ouest du lac Michigan jusqu'à la Sturgeon Bay,d'où ils gagnèrent la baie Verte (Green Bay) et, par la côte orientale de celle-ci, la Mission de Saint-François-Xavier.La distance parcourue depuis qu'ils avaient quitté Michilimackinac en mai de l'année précédente était de plus dedeux mille sept cents milles.
Arrivé à la Mission de Saint-François-Xavier, Jolliet se sépara de Marquette et se rendit au Sault Sainte-Marie où ilavait son centre principal d'opérations.
Le 25 octobre 1674, Marquette, en compagnie de Pierre Porteret et deJacques Largilier, partit pour le pays des Illinois en vue de fonder une mission dans le village de Kaskaskia où ils'était arrêté en septembre 1673.
Le mauvais temps et la maladie du missionnaire forcèrent les trois hommes àpasser l'hiver à Chicago ; aussi sont-ils considérés comme les premiers habitants blancs de la future métropole.
Ilsquittèrent leurs quartiers d'hiver à la fin de mars 1675 et passèrent la semaine sainte à Kaskaskia.
Peu de tempsaprès Pâques, la maladie de Marquette ayant tourné au pire, les trois Français partirent pour Michilimackinac.
Nousne savons pas d'une façon certaine s'ils allèrent par Chicago, puis par la rive sud du lac Michigan jusqu'à la rivièreSaint-Joseph, ou s'ils atteignirent celle-ci par le port de Kankakee à South Bend dans l'Indiana.
De l'embouchure duSaint-Joseph, ils se dirigèrent vers le nord, longeant la côte orientale du lac Michigan.
Le 18 mai 1675, Marquettemourut près de l'actuelle ville de Ludington.
Vers la fin de mai 1674, Jolliet quitta le Sault Sainte-Marie pour Québec.
Comme nous l'avons déjà indiqué, soncanot sombra "en vue des premières habitations françaises, au-dessus du Sault Saint-Louis, proche de Montréal".En 1675, il épousa Claire-Françoise Bissot, et, l'année suivante, il demanda à Colbert l'autorisation de fonder unecolonie dans l'Illinois.
Le ministre ayant refusé, Jolliet se consacra à l'exploitation des ressources du Saint-Laurentinférieur.
Le 10 mars 1679, Jolliet obtint la seigneurie des Sept Isles Mingan et, deux mois après, accompagné dehuit hommes, il quitta Québec pour la baie d'Hudson.
Pour ce voyage, la documentation nous est fournie par unabrégé de son rapport et par une carte originale de la route suivie.
Nous savons qu'il remonta la Saguenay depuisTadoussac jusqu'au lac Saint-Jean, mais nous ne savons pas exactement s'il atteignit le lac Mistassini par la rivièreAshwapmuchuan ou par la rivière Washimeska.
De même, nous ne sommes pas certains qu'après avoir traversé le lacMistassini il descendit le cours de la rivière Marten jusqu'à son confluent avec la rivière Rupert, à quelque quinzemilles à l'est du lac Nemiskau.
Nous ne pouvons pas non plus déterminer exactement si le voyage de retour se fit parle même chemin qu'à l'aller, car il a peut-être descendu le Peribonka jusqu'au lac Saint-Jean.
Le voyage completdura plus de cinq mois ; il était à Québec le 25 octobre 1679.
En récompense des renseignements qu'il avait recueillis pendant son voyage, Jolliet reçut en fief l'île d'Anticosti àl'embouchure du Saint-Laurent.
Pendant ses fréquents voyages de Québec à ses concessions, "toujours le compas ou la boussole à la main", commeil l'écrivit au marquis de Seignelay en 1685, Jolliet explora le cours du Saint-Laurent de Québec à Newfoundland eten dressa la carte, notant "tous les caps, et toutes les pointes, et les rumbs de vent qu'il faut tenir pour aller del'un à l'autre"..
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