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Nicéphore Niepce

Publié le 22/02/2012

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"Niepce-Daguerre" : Raison commerciale d'une association établie pour "coopérer au développement d'une découverte inventée par Monsieur Niepce et perfectionnée par Monsieur Daguerre, découverte qui consiste dans la reproduction spontanée des images reçues dans la chambre noire." Ce sont là les termes d'un contrat signé à Chalon-sur-Saône le 14 décembre 1829 et qui lie ces deux hommes pour une durée minimum de dix années. En fait, c'est pour toujours que ces deux noms vont se trouver jumelés par la découverte de la photographie que, dix ans plus tard, la France, dans un geste de libéralité magnanime, donnera au monde entier. Association de deux inventeurs de type diamétralement opposé ! Le premier, Nicéphore Niepce, est alors âgé de soixante-quatre ans. Issu d'une vieille et riche famille bourgeoise, très érudit, il se trouve, au déclin de sa vie, complètement ruiné par ses inventions et celles de son frère Claude : la réalisation du premier moteur à explosion et de la première photographie ! Il meurt quatre ans plus tard, pauvre et n'ayant pas connu la gloire. Le second, Daguerre, d'origine modeste et d'instruction négligée est, à quarante-deux ans, dans la force de l'âge. Par ses qualités d'artiste, son génie créateur et son génie des affaires, il a acquis gloire et fortune. Sa gloire augmentera encore en 1839 avec la divulgation de la photographie ; mais un coup brutal du sort le ruinera complètement en quelques heures cette même année. Il finira ses jours en 1851, n'ayant pour vivre que la rente viagère qui lui a été accordée par le gouvernement français ainsi qu'à Isidore, fils de Niepce, comme récompense nationale pour l'invention de la photographie.
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« qui eussent pus espérait-il, lui apporter la fortune, demeura vaine. Pour s'épargner le soin de copier les dessins, qu'il réussissait mal, Niepce eut l'idée de faire agir la lumière sur lesvernis, qui protégeaient la pierre lors de l'attaque par les acides.

La gravure ou le dessin à copier étaient rendustransparents par immersion dans l'huile et appliqués sur la pierre, puis exposés au soleil qui devait reproduire l'imagesur le vernis.

De là, à l'idée d'enregistrer directement les images fournies par la chambre obscure des dessinateurs, iln'y avait qu'un pas qui fut vite franchi. Les Niepce se mirent à la recherche des "substances que la lumière colore, décolore ou décompose" etrassemblèrent tous les documents possibles sur ces corps.

C'est ainsi qu'ils trouvèrent dans le dictionnaire de Chimiede Klaproth, à l'article "Lumière", que le muriate d'argent noircit à la lumière, et à l'article "Muriate" que le muriated'argent noircit à l'air.

Mais ils se tinrent aussi constamment au courant des plus récents travaux des chimistes deleur temps. Dès 1816, Nicéphore envoyait à Claude qui venait d'arriver à Londres des "Rétines" obtenues sur papier enduit dechlorure d'argent, rétines qui représentaient ce qui était visible de la mansarde qui lui servait d'atelier : la volière, letoit de la grange et le poirier de bourré blanc.

Comme Claude l'avait prévu, l'ordre des teintes était interverti(négatif) et tous deux eurent la même idée de les "transposer" par copie.

Restait à donner plus de netteté à lareprésentation des objets et à "fixer" les images : "Ce qui ne sera pas le plus aisé", disait Nicéphore dans une lettreà Claude.

La netteté fut obtenue en diaphragmant l'objectif de la chambre obscure ; Niepce réalisa même le premierdiaphragme à iris. Dans ses recherches pour l'obtention et la fixation des images, Niepce essaya de nombreux corps : le muriate de fer,l'oxyde noir de manganèse, la résine de gaïac, le phosphore qui se montra rebelle et lui brûla fortement la main, etc.Il utilisa de nombreux supports : papier, verre, métal et pierre.

En 1822, il employa le bitume de Judée dont unecouche mince et séchée blanchissait à la lumière et, fait plus important, se dissolvait plus difficilement.

Il copia decette façon des gravures sur des planches d'étain et enregistra sur verre les images de la chambre obscure.

Pouraugmenter les contrastes, Niepce soumettait ces images aux vapeurs de l'iode qui teintaient le vernis.

Plus tard, ensuivant les indications du graveur Lemaître, il remplaça ses planches d'étain par des plaques de cuivre argenté. En 1826, l'opticien Charles Chevalier donna à Daguerre l'adresse de Niepce, et une correspondance s'établit entreces deux chercheurs, qui se rencontrèrent à Paris en 1827, alors que Niepce se rendait en Angleterre avec safemme au chevet de son frère mourant. A Londres, il montra ses planches héliogravées, sollicita une audience du roi et une présentation à la Société Royale; mais comme il ne voulait pas dévoiler le secret de son procédé, les deux lui furent refusées.

Parmi ceux qui virentces épreuves et le mémoire qui les accompagnait figure Fox Talbot, l'inventeur du Calotype, photographie sur papiertransparent. Fin 1829, Niepce, endetté, peu au courant des affaires, offre à Daguerre de "coopérer avec lui au développementdes procédés héliographiques et de l'associer aux avantages qui résulteraient d'une complète réussite".

Après lasignature du contrat, le 11 décembre 1829, les deux associés poursuivirent leurs travaux sans jamais se revoir. Nicéphore Niepce tomba, frappé d'apoplexie, dans la chambre même où il avait fait toutes ses expériences, le 3juillet 1833 et décéda le 5.

Il repose dans le cimetière de Saint-Loup-de-Varenne, à côté de sa femme.

En trenteans, toute la fortune des deux frères avait été dissipée par leurs travaux, et il fallut vendre le domaine du Gras ettoutes les autres propriétés !. »

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