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N'échange-t-on que des biens ?

Publié le 17/01/2022

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- Le potlatch, comme pratique sociale, montre au contraire un échange dont les objets sont voués à une consommation sans usage : ce sont sans doute des biens, mais ils sont destinés à disparaître dans la surenchère des dons et contre-dons. a) Le sociologue français Marcel Mauss s'est intéressé au don dans les sociétés primitives. Étudiant les tribus du nord-ouest de l'Amérique du Nord, il reprend le vocable chinook du « potlatch », ce qui à l'origine, signifie « nourrir » ou « consommer ». Cette pratique consiste en un don obligé, qui se caractérise à la fois par l'obligation de donner et de rendre ces dons. Mauss met en avant le caractère systématique de ces pratiques, organisées en un système de rivalité : il s'agit de surenchérir sur les dons de l'autre, ce qui explique ce que Mauss appelle l'« allure agonistique » (le combat) de cette prestation. L'enjeu du don est ici l'établissement d'une hiérarchie, d'une supériorité : « donner, c'est manifester sa supériorité », commente ainsi Mauss. On le voit, le don ici n'est aucunement désintéressé. Il se comprend comme une prestation, et l'origine économique de cette métaphore est explicite à cet égard.Mais cette dimension économique n'est pas seule présente dans le « potlatch » : on ne s'échange en effet pas que des biens d'utilité, puisqu'on s'échange aussi « des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, des danses, des fêtes » : ces constatations amènent Mauss à définir ces dons comme une prestation sociale, engagés dans un « système de prestations totales ». En effet, une dimension politique et une dimension sacrée en gouverne le principe, au même titre que la dimension économique.

Si l'homme veut bien être honnête avec lui-même, il doit reconnaître qu'il pense et agit en économiste. Tout ce qu'il échange, biens, paroles, sentiments, doit d'une façon ou d'une autre servir ses intérêts. Toutefois, la notion d'échange, avant d'avoir un sens économique, a un sens moral. Si je n'aime qu'en vu d'être aimé, je nie la notion même d'amour. Nulle sociabilité possible sans échanges désintéressés.

« [III.

Biens et dépense] - L'échange de biens implique que les objets sont destinés à un certain usage : ils seront utiles de part et d'autre,et c'est ce qui fonde la possibilité de les échanger.- Le potlatch, comme pratique sociale, montre au contraire un échange dont les objets sont voués à uneconsommation sans usage : ce sont sans doute des biens, mais ils sont destinés à disparaître dans la surenchèredes dons et contre-dons. a) Le sociologue français Marcel Mauss s'est intéressé au don dans les sociétés primitives.

Étudiant les tribus dunord-ouest de l'Amérique du Nord, il reprend le vocable chinook du « potlatch », ce qui à l'origine, signifie « nourrir »ou « consommer ».

Cette pratique consiste en un don obligé, qui se caractérise à la fois par l'obligation de donner etde rendre ces dons.

Mauss met en avant le caractère systématique de ces pratiques, organisées en un système derivalité : il s'agit de surenchérir sur les dons de l'autre, ce qui explique ce que Mauss appelle l'« allure agonistique »(le combat) de cette prestation.

L'enjeu du don est ici l'établissement d'une hiérarchie, d'une supériorité : « donner,c'est manifester sa supériorité », commente ainsi Mauss.

On le voit, le don ici n'est aucunement désintéressé.

Il secomprend comme une prestation, et l'origine économique de cette métaphore est explicite à cet égard.Mais cette dimension économique n'est pas seule présente dans le « potlatch » : on ne s'échange en effet pas quedes biens d'utilité, puisqu'on s'échange aussi « des politesses, des festins, des rites, des services militaires, desfemmes, des enfants, des danses, des fêtes » : ces constatations amènent Mauss à définir ces dons comme uneprestation sociale, engagés dans un « système de prestations totales ».

En effet, une dimension politique et unedimension sacrée en gouverne le principe, au même titre que la dimension économique.

Si le don se comprend doncbien dans le cadre de l'échange, ce n'est pas forcément au strict sens économique du terme. b) Le don paraît donc toujours déjà engagé dans la sphère de l'échange, mais pas nécessairement au seul senséconomique de l'échange.

Le don repose sur un échange social, au terme duquel l'exigence de réciprocité paraîtclaire, sans précipiter pour autant l'homme dans l'égocentrisme le plus noir, et sans que pour autant le don soittoujours engagé dans les eaux froides du calcul.S'il en est ainsi, c'est qu'il y a peut-être un état social de l'homme, état duquel il est toujours déjà partie prenante.Smith et Ricardo voulaient voir en l'homme une disposition naturelle à échanger, à commercer ; il faudrait ici élargirce postulat à l'aspect social de l'échange pour ne pas enfermer le don dans le machiavélisme.

Le don estimplicitement engagé dans la possibilité d'un échange : dire cela, ce n'est pas réduire l'homme à un homooeconomicus, mais c'est reconnaître avec Aristote son état d'animal politique et social. - L'homme, au-delà des biens et de ce qui peut être utile, échange ici du sens et de la valeur symbolique. [Conclusion] Si tout échange concernait uniquement des biens, cela signifierait qu'il n'y a dans l'homme aucune dimensiondépassant les considérations strictement utilitaires.

Or l'être humain vit dans le sens et le symbolique, et c'estpourquoi les échanges peuvent concerner d'autres aspects que les biens immédiats.. »

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