Nécessité et liberté chez SPINOZA
Publié le 01/08/2011
Extrait du document
C'est principalement le reproche d'athéisme et ensuite celui de panthéisme que l'on a coutume de diriger contre le système spinoziste, et cela pâme que Dieu a été appréhendé par lui comme la substance et seulement comme la substance... Dieu est bien en vérité assurément la nécessité ou, comme on peut dire aussi, la Chose absolue, mais aussi en même temps la personne absolue et c'est là le point auquel Spinoza n'est pas parvenu et eu égard auquel il faut accorder que la philosophie spinoziste est restée en arrière du vrai concept de Dieu, qui forme le contenu de la conscience religieuse chrétienne «. Le reproche d'athéisme n'est pas fondé « dans la mesure où suivant cette philosophie, Dieu non seulement n'est pas nié, mais est bien plutôt reconnu comme le seul étant véritable... Le reproche d'athéisme fait à la philosophie de Spinoza se réduit, considéré de plus près, à ce qu'en elle le principe de la différence ou de la finité n'accède pas à son droit, et par conséquent, comme selon elle il n'y a à proprement parler absolument pas de monde, au sens de quelque chose qui est un étant positif, ce système serait à désigner non pas comme athéisme, mais bien plutôt à l'inverse comme acosmisme «. Elle n'est donc pas panthéiste « puisque selon elle, aux choses finies ou au monde en général n'appartient absolument aucune vérité ; par contre cette philosophie est assurément panthéistique, précisément du fait de son acosmisme.
«
Ignorance et Qu'est-ce donc que la connaissance
fanatisme rationnelle
? Distinguons d'abord la
connaissance par les sens, ou imagina-
tion, et la raison.
Par exemple nous voyons de nos yeux le
soleil à deux cents pas mais nous savons par la raison sa
vraie distance.
La connaissance sensible est donc inadé-
quate, nos sens ne nous instruisent pas sur ce que sont les choses, mais leur témoignage résulte de la manière dont les
choses affectent notre corps.
Ainsi la connaissance sensible
n'est pas fausse (les sens ne sont pas trompeurs), mais ce
n'est pas une vraie connaissance : elle est tronquée ou mutilée et ne prend sens que par la connaissance ration-
nelle.
Elle est illusion si nous ignorons sa vraie nature.
Au contraire, la connaissance rationnelle n'est pas partielle ou partiale, elle n'est pas relative à l'homme, partie de la
nature : elle est divine et non humaine en l'homme même.
Quand nous voyons le soleil à deux cents pas, nous le
connaissons en tant que nous sommes une partie de la
nature, déterminée par l'agencement de ses propres parties
et disposée d'une certaine manière par rapport au reste de
la nature.
Quand nous connaissons les choses par la raison, nous les connaissons telles qu'elles sont; nous ne les connaissons plus en tant que nous sommes des hommes,
parties de la nature, mais en tant que Dieu ou comme Dieu
les comprend.
Et nous connaissons ainsi en tant que Dieu et non en tant qu'hommes la nécessité des idées inadéquates de l'imagination : quand nous comprenons qu'elle est due
au rapport de la structure de notre corps et de la structure de l'univers, nous avons de notre propre vision du soleil
l'idée que Dieu lui-même en a.
Ainsi l'homme parvient par la raison à une certitude absolue.
Prisonnier de son imagination et de ses passions, il
ne peut être certain de rien, car la certitude suppose qu'il se sache libre de toute détermination subjective et disparaît
s'il sait que ses pensées viennent seulement d'une passion,
d'un événement, de sa situation et de sa complexion
particulières.
Une pensée de circonstance n'est jamais sûre et constante : si nous nous surprenons sous le charme de
l'orateur, nous cessons de le subir et de croire.
Ainsi, la certitude n'est pas un fait psychologique et ne résulte pas
en nous de causes extérieures.
Les hommes ignorants ou
dans l'erreur ne doutent certes pas de ce qu'ils croient;
mais ils ne sont pas réellement certains : ils changent d'avis avec le temps, quand les événements extérieurs les
font pencher de l'autre côté
; et la meilleure preuve de leur
incertitude est leur fanatisme, la violence avec laquelle ils
veulent contraindre les autres à les croire, comme si une
vraie certitude pouvait être issue d'une cause extérieure..
»
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