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Ne doit-on attendre de l'historien qu'un récit des faits tels qu'ils se sont passés ?

Publié le 07/01/2004

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C'est pourquoi on pourrait être tenté de définir l'histoire comme le récit des événements passés. Néanmoins, suffit-il de raconter ce qui s'est passé pour faire de l'histoire ? Vous pouvez noter que la notion d'histoire renvoie à une double réalité : elle désigne aussi bien la somme des événements passés que le récit sur ces événements, mais ce récit renvoie à son tour à tout un ensemble de difficultés. L'historien est celui qui semble alors faire l'histoire en la racontant. L'histoire semble alors relever d'une discipline littéraire puisqu'elle renvoie à la constitution d'un récit et d'ailleurs de grands historiens comme Michelet ou Voltaire furent de grands écrivains. Mais une telle approche de l'histoire ne risque-t-elle pas de perdre toute objectivité ? Pensez au sens de l'expression « raconter des histoires ». En d'autres termes, l'histoire est-elle un récit ou une science ? Ici, vous devez alors faire porter votre attention sur le souci et l'effort d'objectivité de l'historien en vous demandant si cette dernière est possible. En effet, si l'histoire est une enquête sur des événements passés, il n'y a d'enquête que par rapport à un présent qui est celui de l'historien.

Il semble évident de commencer par dire que l’histoire porte sur le passé. En ce sens, on pourrait considérer que l’histoire consiste à restituer au présent des faits passés. C’est pourquoi on pourrait être tenté de définir l’histoire comme le récit des événements passés. Néanmoins, suffit-il de raconter ce qui s’est passé pour faire de l’histoire ? Vous pouvez noter que la notion d’histoire renvoie à une double réalité : elle désigne aussi bien la somme des événements passés que le récit sur ces événements, mais ce récit renvoie à son tour à tout un ensemble de difficultés. L’historien est celui qui semble alors faire l’histoire en la racontant. L’histoire semble alors relever d’une discipline littéraire puisqu’elle renvoie à la constitution d’un récit et d’ailleurs de grands historiens comme Michelet ou Voltaire furent de grands écrivains. Mais une telle approche de l’histoire ne risque-t-elle pas de perdre toute objectivité ? Pensez au sens de l’expression « raconter des histoires «. En d’autres termes, l’histoire est-elle un récit ou une science ? Ici, vous devez alors faire porter votre attention sur le souci et l’effort d’objectivité de l’historien en vous demandant si cette dernière est possible. En effet, si l’histoire est une enquête sur des événements passés, il n’y a d’enquête que par rapport à un présent qui est celui de l’historien. Si Fénelon pouvait dire que l’historien n’est d’aucun lieu ni d’aucun temps, il semble bien qu’il s’agisse ici d’un vœu qui nous éloigne de la réalité. Vous devez alors vous demander si on peut considérer l’histoire comme une science.

« L'histoire est connaissance des faits passésThomas Hobbes, dans le Léviathan, écrit: «Le registre où est consignéela connaissance du fait se nomme histoire.» Il distingue l'histoirenaturelle, qui concerne les faits qui .ne dépendent pas de la volontéhumaine, de l'histoire civile, qui est «l'histoire des actions volontairesdes hommes dans les Républiques» (ibid.).

Concernant ces deux sortesd'histoire, la raison doit appliquer les mêmes impératifs de rigueur et devigilance. L'histoire est une science descriptiveLe naturaliste classe les espèces et cherche à comprendre comment, àpartir d'un genre originel, elles se sont formées puis diversifiées.

Lascience historique doit suivre une démarche comparable.

Les migrationsexpliquent la diversification des types humains.

Les guerres expliquentla modification des frontières, etc. La matière de l'histoire doit être «nue et informe»Montaigne, dans ses Essais, critique les historiens qui ne savent pas secontenter de relater les faits.

Selon lui, l'honnête historien fournit unematière «nue et informe».

De cette matière, «chacun peut en faire son profit autant qu'il a d'entendement» (Essais).

C'est à cette condition que l'histoire peut prétendre àl'objectivité. [Les méthodes que l'on applique à la connaissance des faits naturels ne sont pas applicables à l'étude du passé humain.

L'histoire ne peut pas se contenter de relater.

Elle doit également interpréter.] L'histoire n'est pas une collection de faits brutsDéjà à l'époque de Thucydide et d'Hérodote, l'histoire apparaissait comme une démarche qui se distingue decelle du naturaliste.

Le travail de l'historien ne se limite pas à collecter des témoignages bruts.

Ceux-cidoivent être affinés, vérifiés, authentifiés.

Pour cela, il faut procéder à des recoupements.

Autrement dit,connaître le passé, c'est le recomposer à la lumière des connaissances actuelles. L'histoire fait appel à des notions proprement humainesUn fait est un fait.

Mais, en histoire, un événement donné n'obéit pas à des lois naturelles.

Telle guerre, telchangement de régime politique se rapportent nécessairement à des facteurs humains (désir, ambition,vengeance...) qu'il convient d'éclaircir.

C'est ne rien comprendre à l'enchaînement des faits que de secontenter de décrire les différentes phases d'une bataille. L'histoire est une interprétationPuisque l'histoire renvoie à l'humain, on ne peut pas se contenter de principes explicatifs externes.

(Parexemple: telle famine explique tel soulèvement populaire...).

L'historien, tout en se gardant bien de projeterson propre vécu sur la période du passé qu'il étudie, doit néanmoins interpréter les actions humaines afin demieux les comprendre. La synthèse historique. A la critique des documents, succède la synthèse historique, destinée à donner un tableau d'ensemble d'uneépoque ou d'un ordre de faits.

Ici se posent bien des problèmes. 1.

Les documents peuvent présenter des lacunes ou des insuffisances.

Or le silence des documents ne permet pas de conclure à l'inexistence des faits : ceux de l'antiquité sont à peu près muets sur l'esclavage ; ceux du XVII ième, sur la misère des paysans sousLouis XIV.

D'une façon générale, œuvre des classes privilégiées, les documents sont « enclins à exagérer l'importance des grands personnages, tandis que la vie de la population est laissée dans l'ombre. » (Seignobos ).

Il faudra donc d'abord combler ces lacunes. 2.

Il faut aussi faire un choix entre les faits.

Une histoire où aucun fait ne serait sacrifié, contiendrait tous les actes de tous les hommes àtous les moments du temps.

C'est évidemment impossible, et serait sans intérêt.

Le principe du choix est laissé à l'appréciation de. »

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