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Ne doit-on attendre de l'histoire qu'un récit de ce qui s'est passé ?

Publié le 01/12/2005

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histoire

• A première vue, si l'on veut que l'histoire ne reste pas, comme elle l'a souvent été, leçon de morale, somme d'anecdotes distrayantes, «belles histoires« plus ou moins imaginaires, récit d'aventures merveilleuses, si l'on veut qu'elle devienne une science, une connaissance objective, il est nécessaire qu'elle soit seulement un récit de ce qui s'est passé.

 • Le problème. Une telle conception de l'histoire, si naturelle qu'elle puisse paraître au premier abord, est-elle cependant possible ? Quelle histoire expose l'historien qui décide de faire abstraction de toute théorie et de toute philosophie de l'histoire pour «laisser parler les faits« ? Peut-il vraiment tenir cette position ? Autrement dit, il faut se demander si l'histoire peut réellement être le récit des faits, tels qu'ils se sont passés.  

histoire

« certains documents sur certains faits (par exemple les événements politiques) et l'absence, ou la rareté etl'obscurité d'autres données, portant sur d'autres faits, dont l'insignifiance peut être et a été discutée (par exempleles mentalités, les faits économiques, etc.).• Le choix des faits significatifs s'appuie sur des critères, explicites ou non, qu'aucune "méthode scientifique" nepeut donner, puisqu'elle les suppose.• Un exemple, proposé par P.

Valéry :"On peut raisonnablement penser que la découverte des propriétés du quinquina est plus importante que tel traitéconclu vers la même époque [à savoir vers 1639] : et, en effet, en 1932 [date à laquelle écrit Valéry], lesconséquences de cet instrument diplomatique peuvent être totalement perdues et comme diffuses dans le chaosdes événements, tandis que [...] la quinine fut peut-être indispensable à la prospection et à l'occupation de toute laterre, qui est, à mes yeux, le fait dominant de notre siècle." (oeuvres, Pléiade, t.

1, p.

1130.)Conséquences• On voit qu'il est impossible d'opposer le savant qui, "dit-on, reconstitue les faits" et le philosophe qui «lesapprécie» : l'historien exprime par ses choix une certaine évaluation qui peut être dite philosophique, puisqu'ellen'est pas le constat scientifique, et ne peut l'être.Comme l'écrit encore R.

Aron : "L'historien, selon la formule courante, doit être impartial.

Mais toujours il rattache unacte à ses causes ou à ses conséquences : réponse adaptée ou inadaptée, décision efficace ou inefficace [desacteurs historiques].

En ce sens, il utilise le critère que suggère l'éthique historique : le succès".

(Op.

cit., p.

358).• On voit qu'il semble impossible de tracer la frontière qui séparerait une histoire exposant les faits tels qu'ils se sontpassés et une histoire construisant son objet, un passé jugé significatif. b) La synthèse historique • On oppose souvent à l'établissement des faits — qui n'impliqueraient aucune thèse philosophique — l'élaborationd'une synthèse historique, l'articulation des faits à l'intérieur d'un ensemble qui permet de les interpréter, de définircauses et conséquences, etc.

C'est sur ce plan que l'historien ferait appel à des philosophes ou à des thèsesphilosophiques.• Une telle opposition, cependant, est un peu artificielle : le choix des faits, nous l'avons vu, mais aussi leurdétermination, requièrent une idée de leur sens, de leur valeur, qui engage déjà une démarche de synthèse.Un exempleL'historien Lucien Febvre remarque que l'historien ne cherche pas des faits à travers le passé "comme un chiffonnieren quête de trouvailles, mais part avec, en tête,[...] une hypothèse de travail à vérifier".

Car, précise-t-il, "le faiten soi, cet atome prétendu de l'histoire, où le prendrait-on ? L'assassinat d'Henri IV par Ravaillac, un fait ? Qu'onveuille l'analyser, le décomposer en ses éléments, matériels les uns, spirituels les autres, résultat combiné de loisgénérales, de circonstances particulières de temps et de lieux, de circonstances propres enfin à chacun desindividus, connus ou ignorés, qui ont joué un rôle dans la tragédie : comme bien vite on verra se diviser, sedécomposer, se dissocier un complexe enchevêtré...

Du donné ? Mais non[...] de l'inventé et du fabriqué, à l'aided'hypothèses et de conjectures, par un travail délicat et passionnant".

(Combats pour l'histoire, A.

Colin, 1965). Conclusion L'historien ne semble décidément pas pouvoir se contenter d'être celui qui raconte simplement les faits, tels qu'ils sesont passés.

En effet, un tel projet n'est pas réellement praticable.

S'il veut parvenir à une connaissance objective,l'historien est conduit à prendre conscience de prénotions, préjugés et autres théories naïves à travers lesquels ilchoisit et analyse certaines faits dans des perspectives discutables.

Son travail serait alors de substituer à cescatégories des hypothèses théoriques qui le conduiraient à re-interroger les documents connus (ou à en chercherd'autres) pour les confirmer ou les infirmer.

Ce faisant, l'historien ne raconte pas simplement ce qui s'est passé.

Ilcherche à établir et son enquête est interminable. REMARQUE Souvent, l'historien emprunte ses thèses théoriques (explicites ou non) à des philosophies de l'histoire.

On appelleainsi les théories qui cherchent à définir les causes déterminantes et le sens général, le but de la totalité duprocessus historique.. »

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